Les barbes grises qui se promènent deux par deux
Se moquent de ma canne de ronce
Des enfants chatoyants courent derrière la haie
Les corbeaux crient près du temple
Les boeufs s’endorment au pâturage
Je me prépare un vin chaud
Les nouilles fils d’argent sentent bon
Des visiteurs hasardeux évoquent heurs et malheurs
Surtout les malheurs
Ce qu’ils disent je le connais aussi
*
Le vieux cheval revient de cent batailles
Il est fourbu
Tête basse il pleure ses précieux os
Il rêve à d’anciennes courses
La route des honneurs se perd dans la brume
Lointaine est la muraille
Surtout pour la vieillesse soumise aux vents à la poussière
Courte est sa chanson le souffle lui manque
Mais il n’oublie pas les anciens hymnes héroïques
*
Amoncellements de rochers bleuâtres
Le précipice profond est roide comme une lame entre les rocs moussus
Il apeure les oiseaux
Les vieux arbres sont suspendus dans le vide
Il est si sombre et froid que même en juillet la neige y tourbillonne
J’ai quitté la passe pour les sables froids du désert
Les chameaux la nuit gémissent après les brumes jaunes
L’oie sauvage réveille d’un cri l’immensité du vide
Le souffle du vent incline l’herbe
La lune s’amenuise