L’herbe pousse dru sur la tombe
Les animaux de pierre sont solitaires
Le souverain et sa cour se sont repliés vers le sud
Alors que le peuple attendait leurs drapeaux
Le héros est mort Qui pouvait lui succéder ?
L’empire était divisé en deux
Dans les reflets de l’eau et les couleurs des monts
La tristesse est insupportable
*
Le rempart de la vieille citadelle est très long
On y a semé du blé on a à son pied planté des mûriers
Tu étais extraordinairement solide
Tu es devenu un champ qu’on laboure et qu’on plante
Que l’horizon des quatre mers soit la frontière !
Que les mûriers soient nombreux et vastes les champs de blé !
Qu’il n’y ait plus de rempart !
*
Les soldats Han mènent des combats acharnés
La neige est si épaisse que les chevaux trébuchent
Que les murs disparaissent
Les doigts qui tirent l’arc sont gelés et se cassent
En touchant au métal la peau glacée se fend
Depuis sept jours les soldats ne prennent rien de chaud
Ils tuent des prisonniers pour boire leur sang tiède
Le ciel est triste la terre sombre
Des crânes pendus à la selle pleurent face à face
Les drapeaux déchirés enveloppent les corps couchés sur le bord de la route
Dans la citadelle vide les survivants se lamentent résignés à mourir
Un seul nom survit, celui du général