APC 128

Le vent agite les herbes
Sans logis sans famille
J’erre sur la longue route
La fraîcheur de la jeunesse ne dure pas
Il y a si longtemps que j’ai quitté ma compagne mon amie
J’ouvre sa lettre je la serre contre moi
Elle me dit que tout va bien
Puis que nos amis ont vieilli

Je n’ai écrit qu’un mot de toute l’année :
J’apprends à respecter le tao
Cet apprentissage me rend presque fou
On vante la vie on plaisante des mandarins
On n’est pas mieux enfermé que derrière sa porte
Indolence et laisser-aller sont passés de mode
Un bonheur tranquille a ses vertus

*

La tour du poète
On dit que Li Po y monta seul en sifflant
Pour toutes les générations
Au matin la mer se couvre de blanches nuées
Au soir la lune automnale pare le ciel
Je cherche le promeneur
Seule bruit l’eau de la rivière

*

Les verts peupliers ondulent au vent
Ils sont charmants
Devant mon pavillon au bord de la rivière
Je vois la marée naître une fois
Se retirer une seconde fois

*

A l’automne l’eau est verte à perte de vue
Aux arbres les feuilles sont si rouges qu’on croirait des fleurs
Nous avons beaucoup de chemin à faire
Devant la coupe offerte à qui s’en va je pleure
La voile flotte au vent
Saoul j’oublie que je suis le voyageur