Ni 35 Je me languis

Nous étions deux à chevaucher
Mon frère m’accompagnait
Pour un dernier adieu
Il avait franchi les montagnes aux teintes bleues
Devant les flots clairs nous nous sommes longuement séparés
La route était aussi droite qu’une lance
Je pensais tendrement à lui
Un long temps s’est écoulé
Un messager !
O message de malheur !
Pourquoi en cet automne qui me fait éclater ?
Ton temps n’était pas venu
Tu es allé au delà des nuages blancs à flanc de montagne
C’est tout ce que je sais

En ce pays lointain comme les cieux
Je ne me suis pas reposé
Je ne suis qu’un humain dans un monde fragile
Me voici couché de tout mon long
Mes souffrances s’accroissent chaque jour
Je sais que ma tendre mère
Pareille à une barque oscillant sur les flots
Soupire de chagrin
Ma femme chérie nettoie notre chambre
Elle libère sa chevelure d’un noir d’ébène
Elle aussi est chagrine
Les enfants s’agitent et pleurent
Je n’ai pas le moyen d’envoyer un messager
Combien je me languis !
Je reste étendu à me lamenter