Big 26, c’était hier
Je suis né
Ce n’est pas nécessairement ce que j’ai fait de mieux
Ma famille était misérable
Mon père me déposa à un carrefour
Une veuve sans enfant me découvrit et m’emporta chez elle
Un voisin un riche ferblantier avait une femme stérile
Il se rendit chez la veuve et acheta un bon prix l’enfant, moi
La veuve perdit définitivement l’enfant qu’elle avait désiré
Mais la femme du ferblantier se trouva enceinte
« Je n’ai pas besoin d’un enfant adopté », se dit-il
Il m’abandonna dans un pré
Une brebis m’a nourri
Son propriétaire m’a découvert
Gêné aux entournures le ferblantier m’a récupéré
Ayant de la suite dans les idées il m’abandonna dans un fossé
Mes vagissements attirèrent l’attention des vaches d’un troupeau
Le bouvier me confia à une pauvre femme
Le ferblantier honteux me racheta et m’éleva avec son fils, presque comme son fils
J’étais beau et bon mon frère était un peu mon contraire
Mais sa mère le protégeait
Je les aimais bien pourtant
Mon faux père jaloux de ma supériorité m’abandonna dans une forêt de bambous
J’avais trois ans et j’ai retrouvé mon chemin
J’ai trouvé ce jeu amusant
Mon faux père n’a plus voulu y jouer
Il ne tenait qu’à lui d’être un vrai papa
Au contraire il me poussa dans un torrent à l’eau tumultueuse
Je savais à peine nager
Pourtant le flot me déposa sur la berge d’un village de parias miséreux
Ils m’adoptèrent et le firent savoir
Honteux et confus le ferblantier me racheta et se résigna apparemment
Mais ma supériorité sur mon frère devint de plus en plus évidente
Le ferblantier demanda discrètement à un collègue de me jeter dans sa fournaise
Mon « père » me remit une lettre pour le confrère
Sur le chemin je rencontrai mon frère qui avait joué aux dés
il me supplia de le remplacer
J’ai accepté Mon pauvre frangin fut jeté dans la fournaise
Le ferblantier devient malade de haine
Il m’envoya chez son plus vieil ami qui devait me jeter dans son puits une lourde pierre au cou
Je pris la route et m’arrêtai chez un brahmane de mes relations
Le brahmane avait une fille aussi ravissante qu’intelligente
La nuit tombée elle fouilla dans mes affaires et découvrit la lettre de mon père à son ami
Elle s’empressa de la réécrire en imitant avec soin l’écriture
Le vieil ami nous maria dans un certain luxe
Nous nous précipitâmes chez le ferblantier de plus en plus malade
Nous étions agenouillés de chaque côté de son lit de mourant
J’ai remercié mon « père » pour ses bienfaits
Le ferblantier eut un sursaut de fureur et en mourut sur l’instant