J’étais jeune
La foule ne m’attirait guère
Ma nature immature
S’accordait avec les monts et les collines
Le monde m’a tendu un filet
J’y ai passé trente ans
Captif l’oiseau rêve
De sa forêt natale
Dans la mare un poisson
Ne peut s’empêcher de penser
A la fraîcheur des profondeurs
J’arrache des broussailles
Sur la pente du sud
Je rentre la tête claire au logis
Mes champs l’entourent
A trois pas d’un hameau
De quelques chaumières
D’où montent de minces colonnes de fumée
Ma cour est ombragée
Par quelques aulnes et quelques saules
Des pêchers et des pruniers font de même
Pour l’entrée principale
Un chien aboie quelque part
Au fond d’un chemin
Des coqs chantent
Perchés sur les mûriers
Les pièces spacieuses de ma demeure
Ne recèlent aucune trace de poussière
La paix y règne bienfaisante
J’ai longtemps souffert prisonnier d’une cage
Je me suis rendu à la nature
je me réjouis du calme et de ma liberté
Je suis vieux