Tes persiennes souvent comme des paupières
Tu fleuris les vieilles pierres
La jeune lumière est heureuse
Celle qui sur la route où je vais
Marche les seins hauts
Accomplit un rite invisible
Nous tisonnons taciturnes le front baissé
La mourante lueur du feu
Son rouge éclat s’éteint
Le crépuscule mêle les âmes tendres
Les paupières d’ombre ont la douceur des cendres
La mémoire de l’humain est dure
Sa vie est brève Son art est vain
La nature est une ouvrière que rien ne lasse
Elle lie la ronce au lierre
Elle est aussi une tige molle
La fille dépose la jarre sur le rocher moussu
Elle lui présente l’eau qui coule sous toutes ses formes
Bleue toujours
L’eau qui bouillonne dépasse la gamme
Je sors gaiement des sentiers battus
Je trouve des sépulcres vides
Je déchiffre l’épitaphe d’une jeune morte
Je l’enlace nue et fraîche
Je vais avec elle au tombeau