PFR 32

Les serfs n’étaient pas prisonniers d’eux-mêmes
Ils ne tenaient rien dans leurs serres qui n’étaient que des mains
Les draperies des mots ne cachent rien
Les oreilles sont des appareils profondément sensibles
Sublime et divine nécessité de l’imperfection
L’abstrait est trop limité
Il ne donne naissance qu’à des caractères
Traces humaines à bout de bras

L’arbre sain est source de nuit et de jour
De chaleur et de froidure
Tu étais froide sous un seul drap
Tu avais laissé la fenêtre ouverte
L’arbre est source de santé

Dans les cages je rencontre parfois un tigre
Dans les cageots on met souvent des poireaux
Les cages sont durables les cageots sont périssables
Il y a comme ça des lois de la nature
Arrangées par l’art humain
J’ai appris à ouvrir les huitres

Les arbres que je connais sont durs à la tâche
ils tiennent en vert des discours interminables
Ils suspendent leurs vérités à des tiges
Toutes leurs feuilles sont symétriques
J’ai le sentiment que les arbres sont heureux d’être des arbres