Il marchait le long de la route gelée
Il tenait ses clés
Il buta sur une boite de conserves
Vide et froide
Elle roula sur elle-même
Pendant quelques centimètres
Le ciel était émaillé d’étoiles
La quincaillerie a des vis et des écrous
La plupart des clients ont des cheveux
Filasses ou de bon goût
Il suffit de toucher un verrou
Pour sentir le poids du monde inéluctable
Notre quincaillerie vogue vers l’éternité
Des clous qui fulgurent
Je parle seul pour comprendre ce qui m’arrive
Je prononce parfois des mots étranges
Fleurette caillou brindille barrière
Chaise table armoire
De simples mots qui s’embrasent pour la gloire
Poser son pied nu
Sur un clou rouillé de préférence
Je bois au robinet
Une eau délicieuse très froide
Le monde n’a plus d’âge
Le ciel est inexorable
On se réfugie dans les couleurs de l’utile
Surtout le gris
Je vis aussi dans le noir le bleu le rouge
Je fais appel à la pluie
Pour qu’elle me délave tout ça
Le chien remue l’eau des astres en la lappant
L’horizon bouge le lointain crie
Un maître se laisse aller aux phrases
Vibration suraiguë des choses
Le pauvre chien mourra jusqu’à l’os