PCA 115

J’ai bâti ma chaumière dans un bocage de bambous
Au pied des rochers
J’entrevois le village par les trouées de verdure
Personne ne vient ici
Je me repose sans souci du matin au soir
Je laisse au vent printanier
Le soin de balayer devant ma porte

Midi approche
Un air léger frôle les nuages moutonniers
Au milieu des fleurs parmi les saules en tiges
Je patauge dans un ruisseau
Les gens ignorent que mon coeur est allègre
Ils me prennent pour un gamin
Qui baguenaude sur le chemin de l’école

Du ruisseau la beauté de la vue est inouïe
Quand il neige
Je pousse ma monture pour y parvenir
Avant le dégel
J’écarte des branchages Je guette des traces de pas
Je suis le premier avant l’aube à franchir le pont rouge
Je ne trouve que des maisons délabrées
Les toits sont effondrés
Nulle part où passer la nuit
Le village est affamé Des voix mornes en témoignent
Seul un corbeau du crépuscule partage mes émotions
Soudain il s’envole
Il fait tomber les flocons des branches froides