PCA 120

La nuit est profonde comme des eaux sans fond
La bise déchaînée secoue la vieille auberge
Solidement verrouillée
Mon rêve se brise je ne m’en souviens pas
La petite souris jette un regard furtif vers la lampe
Le givre glacial glace le couvre-lit
Le sommeil ne vient pas
Le sommeil fuit
Dehors les chevaux hennissent
Les gens s’affairent pour partir

La lame du couteau scintille comme de l’eau
Le sel est plus éclatant que la neige
Ses doigts délicats coupent avec grâce une orange
L’alcôve de brocart se réchauffe
Odorante la fumée monte du brûle-parfum
Qui a la forme d’un tigre
Face à face et tour à tour nous jouons de la flûte de roseau

Elle demande à voix basse :
Où croyez-vous dormir ce soir ?
Minuit sonne sur les remparts de la ville
Votre cheval glisse sur la gelée blanche
Il vaut sans doute mieux que vous restiez ici
Les passants sont rares dans les rues désertes