PFR 45

Il ne fait pas nuit L’obscurité rôde
Dans la ténébre de l’amour
Toute forme promène une lueur
Pressentiment d’un regard

La ténébre est en nous
Nous habitons l’obscurité
Nous n’avons pas besoin d’enfer
Le paradis n’est pas pour nous

Mes entrailles et mon apparence
Sont à l’opposé l’une de l’autre
Son regard s’est exilé de sa face
Double miroir clos sur un autre espace

L’astre s’éteint dans ta voix
Il oublie l’immaculé
L’étoile a expiré
Mais pas l’arc-en-ciel

Il est des passeurs d’absences
Je suis une présence embaumée
Par souci de la mort
Que tous pensent prochaine

Les yeux s’ouvrent sans te voir
La blancheur consumée devient absence
Le ciel est trop grand pour nous
Je vois le noir je vois le rouge
Le monde est effacé

Dans ma nuit les couleurs sont des nuances
Mes paupières offrent un bouquet
Si ce n’est des fleurs qu’est-ce que c’est ?
Les dormeurs portent la terre

PFR 44

Je cherche mon coeur et mon esprit
Dans la nuit noire
Mes yeux sont le cristal de ce qui est
Et qui m’entoure sans me voir

La ténèbre est l’amour même
M’enveloppant d’un suaire suprême
Les ondes épousent ma folle nuit
Parce que je suis fou et toi aussi

J’arbore un sourire qui n’est pas niais
Mes jours désormais sont souriants
Certes pour peu de temps
Je me forge un caractère

La nuit mûrit je la suis vainement
Sa transparence me nuit
Dans mon empire elle s’introduit
Mon corps est bien ici

PFR 43

Les oiseaux sont de passage
C’est ce que nous avons de commun
Avec les oiseaux
Et aussi ils vivent en bandes

Un jour glacial s’était levé sur le marais
Je me tenais accroupi dans l’attente
D’une faune illusoire
Et en effet je n’ai rien vu

Plus tard j’ai compris
Que les chevreuils étaient venus boire
Et de plus que les corbeaux s’étaient juchés
Pour crier au sommet des arbres

Je l’ai prise dans mes bras toute endormie
J’ai caressé ses ailes
J’ai ramené son joli corps parmi les roseaux
Rêvant à des choses irréelles

Elle me réchauffa d’un sourire ami
Les ailes sont lasses
Les oiseaux saisissent-ils l’atrocité
Des marais déserts et privés de légende ?

PFR 42

Les bois étaient recouverts de brumes basses
Gonflés de pluie et silencieux
Les voiliers sauvage étaient poussés
Par les vents du nord

Par une belle lune de brouillard et d’ambre
Je relevai la trace incertaine parfois
D’un animal incertain
Aux pattes grêles

Il avait essayé de boire
Dans les ornières à peine gelées
Il était reparti sur de la mousse
Où ne marquait plus son pas léger

Je me suis dit : un oiseau comme ça vaut la peine
D’être attendu jusqu’à l’aube
il a eu peur de se voir disparaître
Pris dans ses multiples jeux solitaires

PFR 41

Mon coeur est une ancre noire
Mon sexe un soleil mort
L’avenir est une fosse sans fond
L’immensité est ronde

La mort n’est pas un mords
La mort n’est pas un cheval
Ni une étoile ni rien
La mort n’existe pas

Mort humide Soleil manchot
Le fossoyeur a des dents
Le corbeau est un ange
Je suis le vide des cercueils

Le tonnerre de la mort
Remplit le monde
L’éclair retourne les yeux
La joie ne va pas sans joie

L’éclair se brise
Dans l’ombre qui se fait
Je suis ce qui n’est pas
Je suis ce que je suis

Je suis effacé
L’eau m’étouffe de son empreinte
La vitre de la mort est glacée
L’oubli a une âme

Rien je ne vois rien
Rien c’est quelque chose
Je ne ris plus
Rire donne à voir

PFR 40

Les vases sont fêlés
L’immensité les ruine
L’immensité est molle
Je suis mou

Je déchire l’immensité
L’immensité me déchire
Elle est plus noire que la mort
Elle n’est pas infinie

Le soleil est noir
Le vrai soleil brille au noir
Sa beauté est un cri
La nuit est désir

Celui qui aime dans la lumière
Est glacé par la nuit
Je hais le ciel
Il est amer d’être immense

PFR 39

Je roule ma chance
Elle ne se plaint pas
L’eau est vive
Pas le hasard

Que cherchez-vous bonnes abeilles
Dans la lavande désolée ?
Vous fuyez les rares fleurs
Qui vous poursuivent

Rien n’est pire qu’un roi aveugle
Il s’éparpille et prend les mauvaises décisions
Les mauvaises directions
Chaque bête brille

Un humain n’est pas un météore
Sauf s’il se prend pour du miel
Il n’est pas un petit soleil moqueur
La vie sait reconnaître la mort

PFR 38

Chez moi ici on préfère la mode
Aux coqueluches aux fanfreluches
Trop d’oiseaux sont mal habillés
Et malhabiles de plus

Attentif ému chaviré
A peine tu dis bonjour
On n’emprunte que ce qui augmente
Les feuilles sont nombreuses

Ne crois jamais à la bonne foi du vainqueur
Sauf s’il s’agit d’un vaincu dissimulé
Dis merci au monsieur
La nuit est noueuse pourvoyeuses d’éclairs

La rage des vents les maintient dévêtus
Mais à leur encontre vole un duvet
De nuit noire
Pas de retour sans recul

PFR 37

Le vrai courage est silence
Le silence est vrai
il est courageux
A bientôt tous les deux

Les vieux ennemis ne sont pas
Des loyaux adversaires
Laissons ça aux amis
Le réel devient réalité

L’eau grandit
Par à-coups ou doucement
En tremblant L’eau n’a pas de forme
Qui lui soit propre

Le poignard de la flamme
Ne tue pas la vision
Il l’allume autre part
Que notre champ de vision

PFR 36

L’enclos
Le nuage
Nuage résidant
Nuage des cavernes
La torche est résistante

Hâte-toi
Sois pressé d’écrire
Hâte-toi Tu es en retard sur la vie
Hâte-toi de transmettre ta part
De merveilleux de rébellion de bienfaisance
Tu es en retard sur la vie

En t’inclinant
Si tu veux rire
Offre ta soumission
Jamais tes armes

Enseigne l’efficacité
Mais pas au-delà du but
Qui est fumée
La tienne certes

Les résultats sont une ornière
Nous sommes dans l’ombre d’un géant
Conduis le réel jusqu’à l’action
La vie est diamant désespéré

Je me fige je suis stoïque
Je fais face je suis stoïque
Je fais face sans stoïcisme
Je n’aime pas les mots en -isme