HTA 8

La révolution est rouge
Du sang qu’elle fait couler
La révolution est jaune
C’est une jaunisse

La révolution est jeune
Elle fait rêver
La révolution est vieille
Nous avons dégrisé

Les fausses couronnes
Font trembler les palais rénovés
Tu es jeune
Tu ne te reproches rien

Les manifestations populaires
Ne sont pas d’hier
Elles rendent Paris méconnaissable
Il n’est presque plus bourgeois

HTA 7

Il boit trop
il boit trop d’eau
Il ne boit pas trop
Il est malade

Trop de souvenirs à oublier
Pas de solution
Pas de bouée de sauvetage
J’aime les olives

Mon chou mon bichon
Mon lapin mon lapinou
Mon beau mon bellot
Ma tortue de mer

Les temps heureux
Multiplient les mots doux
Grosse vache
Mort lente

Bellot bellotte
Je n’aime pas la lotte
Qui porte une charlotte
Le bestiaire nous unit

HTA 6

L’eau dessine sur un mur
L’eau de pluie bien sûr
L’esquisse d’un arbre
Nain bien sûr

Sous un chêne antique
Japonaise bizarrerie
Un arbre nain
Est un message vers les cieux

Un moulin moderne
N’a presque pas besoin de vent
On le nomme éolienne
Qu’à cela ne tienne

L’éolienne nargue
Le tout-venant
Qui applaudit de loin
Les effets à la mode

HTA 5

La lune attend
Les jours s’allongent
La mode est au vague à l’âme
Il s’enfuit

Les amours sont roses
Quand elles débutent
A la fin elles sont grises
Pour se détacher de moi

Cette jeune femme rousse
Est très jolie
Sa peau est blanche
Comme un paradis

L’évaporée tient un demi
De blonde à la main
Son regard plane
Sur un passé de rien

HTA 4

Solitude complémentaire
Le feu d’artifice se fait prendre
Pour une étoile filante
J’essaie de dormir

Je regarde la nuit
Le clocher étoilé
Son amie la chauve-souris
Elle me sourit

Les couleurs de la ville
Sont scintillantes
Les auras de nos coeurs
Nous guident ce soir

Le lac est gelé
Son secret est bien gardé
Son immense miroir
N’est pas un mouroir

Tout est temps
Sauf les moments vides
Ceux qui passent
Ceux qui trépassent

HTA 3

L’alphabet français en fait est latin
Avec deux ou trois lettres en plus
Il commence par le A, aa, ah, ai
Il finit par le Z, zoo, zou, zut

Le mal est sale
Les maux sont sots
Malheur ! Mes poumons
Crachent le sang

Mangeur de kakis
Faiseur de haïkus
Et aussi de tankas
Qui se souvient de moi ?

La nuit est sans fin
Et sans fond
Je songe à ce qui advient
Quand tout va bien

Une statue vénérable
Fait le tour de la question
Je mange à notre table
Une lune fraîche

HTA 2

On prétend que la mare
N’a pas d’âme
Pourtant elle a ses crapauds
Et ses grenouilles

Pour charmer mamie
L’animal tire sur ses bretelles
Il turlute à loisir
Le triste sire

La cigale ne mue pas
Pour annoncer sa chanson
L’été est là
Qui se prépare à la joie

Le chat s’en va d’un air fier
il a zappé d’un coup de patte
La petite souris délicate
Mais la souris pas morte !

L’exil est une petite mort
En vain l’étranger mord dans le fruit
Rouge et doré
Il lui reste étranger

HTA 1

Au fond des rangs
Les troufions sages
Regardent comme un mage
L’araignée diligente

Je ne suis pas sûr d’avoir une âme
L’âme, c’est ce qui reste quand on a tout oublié
Cachée derrière l’ombre noire
Ce serait l’au-delà pour ceux qui y croient

La brise est glaciale
Elle offusque mes noneilles
Elle importune mes oreilles
Mon bonnet est trop large

Sorti du zodiaque
Un cheval prodigue
Emprunte au coq
Un air bravache

POL 1

Nous sommes au coeur de la souffrance Pourquoi faire ?

Ne réprimons pas au nom de la propreté

Il est bon de valoriser le travail valorisant

L’ennui d’aujourd’hui s’impose à la jouissance de demain

Tout est poésie

Le travail est une torture ou un accomplissement

La vraie vie n’est pas ailleurs