CGU 67

Pécheur au quotidien
Docteur ès stupidités
Dans le sillon du mal
J’ai marché en semant

Je refuse l’art frivole
Mes vers sont trop humains
L’amour aux bras ouverts
Est abscons

Est absous qui n’est pas trop coupable
Souviens-toi des coeurs simples
Je viens pleurer loin de la joie
Le labeur stérile néglige ma gloire

Je suis un coeur simple mais un mauvais serviteur
Je détourne le sens divin des paradoxes
Je sème du grain vil dans tes paroles
L’iniquité est ma maîtresse faite femme

L’amour seul demeure
Le fruit éclate Seul tu meurs
La volupté est triste
Si tu penses trop à elle

Tu as creusé le trou à haine
J’ai ajouté le mien
Je bois par la racine
Elle a mauvaise mine

CGU 66

Terrible et dur tu tiens bon
Contre la tempête
L’infini se vide
Sans t’assouvir

La multitude obscure
Adoratrice des idoles creuses
Met un néant
Derrière chacun de ses baisers

Tes desseins sont-ils
Noués d’un fil clair ou obscur ?
Qu’importe cette question ?
Tu ignores tout de ton destin

Tu portes haut ton génie mystique
Tes pleurs ont le sel de la foi
Je suis petit
Un lit est ma mesure

CGU 65

Seul dans la foule fraternelle
Tu ronges ta fureur
Ton silence est amer
Selon toi l’esprit corrompt la chair

Tu te rebelles
Contre quoi tu te rebelles ?
C’est ton remords
Incertain et troublé

Un humain est sombre
Son coeur en est témoin
Il se repait de ses misères
Il souffre d’ulcères

Je gémis je mendie
Tu m’entends sans m’écouter
Je t’en veux
Je te déteste

CGU 64

Je ne crois pas que les questions idéales nous torturent
L’écho nous gronde en grondant derechef
Le monde se partage
Une soudaine angoisse me remplit d’horreur

Notre obscurité nous remplit de fantômes
Le corps nu est innocent
Plus que coupable
Les âmes sont inquiètes

Nous buvons le remords avec nostalgie
Faux rire et voix navrante nous accompagnent
Esprit et chair nous tourmentent doublement
Le rêve multiplie nos bras

Ton image simplifiée
Est d’une profondeur inconnue
Ton amour au bord du ruisseau
Est d’un rare pittoresque

CGU 63

Ton bracelet d’or me convient
Ceux du ciel sont de vermeil
On dit que le soleil a quatre étalons
Qui se cabrent

La chair reste l’esclave du désir
Mais son coeur déteste son plaisir
Torture des remords dans un monde ingrat
Le martyre n’est pas divin

Certaines joies sont exécrables
L’éternelle Eve offre un oreiller de fleurs
Les délices infâmes se consument en vain
Les artères fument

Nous sommes nombreux à vivre d’opprobre
Nous les enfants du sang les pauvres humains
La plante et l’animal ne sont pas les serviteurs du caillou
Ils sont tous asservis aux desseins de la nature

CGU 62

Je vous salue Clarté
Rochers d’où ruisselle une herbe chevelue
Je cuve mes ivresses azurées
Ce ne sont certes pas des saouleries

Le feu du phare tourne dans la nuit
Moelleuse et morose
Le vent est salé
Je le mange avec gourmandise

Le vent pousse ma fenêtre entr’ouverte
Aujourd’hui la mer est verte
Les vagues déferlantes ont une clarté de lys
Les sirènes ont une lyre en main

La foule bruit comme un essaim se pose
Un bateau ouvre sa toile au vent
Cette femme amoureuse va rêvant
Songeuse enfant d’un temps révolu

CGU 61

Je regarde avec attention
La procession des fourmis
L’herbe est une mystérieuse forêt
La taupe creuse son antre

Mon esprit se dissipe hors du temps
J’entends voler un moucheron
Je ferme les yeux
Le ciel rit dans l’herbe haute

Je sens parfois la création vivre en moi
Mon coeur palpite à bon escient
Mon crâne est une urne
Où l’on se bat sans discontinuer

La lumière est une rumeur
Un réservoir de forces
Une créatrice de formes
Je m’irrite d’être né pour rien

CGU 60

Il est en nous une part de mal
Bien bienfait bénédiction
Mal mal fait malédiction
Tout est mélange

Les toits rouges sont contents
Les toits gris autant
Tous les toits sont des paons
Un peu comme soi

L’eau peut être charmante de lenteur
Le soleil brûle l’air pèse la terre chauffe
L’araignée ne pense qu’à ses fils
Plus légers que l’air

Un insecte est rond comme un grain rouge
Par larges souffles lourds
En ondes de velours
Les papillons s’entrelacent en guirlandes de fleurs

CGU 59

Une perle d’eau étincelle au soleil
L’onde poursuit l’onde
Je ne pense pas qu’à l’océan
Cette femme blonde est lascive comme on dit

Le lierre frissonne sur le mur
L’oiseau solitaire chante un court instant
Sur le bouleau peu feuillu
Ah ! Répandre l’amour dont mon coeur est rempli !

L’oiseau chante le ciel sourit l’herbe aussi
J’ai besoin de mots sur-humains pour chanter
Les humbles chefs-d’oeuvre de la nature
Je ne vais pas bien

Ma langue est muette
Tout chante en moi de confuse beauté
Puis s’éteint avant d’avoir été
Je regarde les aiguilles du cadran

CGU 58

Pourquoi notre terre boit-elle tant ?
Toi vidé de toi-même
Tu pleures ton âme hypothétique
Le vaste univers l’a bue

Le pas léger les yeux rieurs l’âme brisée
Tendresse joie amour
Le jour est un amour
Le jardin resplendit souvent d’un air fier

Aviez-vous remarqué que les orteils
De l’aurore sont roses ?
Le jour descend en moi
Tel un baiser

Les pins sont drus et noirs
Allons donc ! Ils sont verts
Comme vous et moi
Le jour m’enlève à la terre vaine