CGU 47

Au dessus des cimetières je suis sûr
Que le vent est solennel et noir
Il est grand temps pour toi d’éclater de rire
Sur toi-même

Pourquoi mets-tu un masque ?
Pourquoi portes-tu ce masque ?
Ce casque d’une armée révolue
Ton fard emprunte peu à l’art

Les mimes savent feindre avec joie
Des tristesses sublimes
Ils savent simuler un rictus infâme
Ils n’ont pas besoin de fausses perles

La conscience a son antre
Elle est la murène qui guette l’idée
Pas d’ombre pas de conscience
Délicat début pour la science

CGU 46

Mon cul fait des bulles
En anglais on dit que je suis comme
Un âne sur un arbre
Déjà tout désir parait vain

L’époque est lâche
Je ne suis pas le seul
A me draper dans un linceul
J’aimerais mieux une bâche

Le monde est dédaigneux
La nuit est résignée
Ma plume est brisée
Mais je possède un ordinateur portable

Coeurs robustes répondez !
Vous êtes peut-être dépourvus d’âme
Vous trompez votre monde de votre mieux
Ne jouez pas aux dés votre temps de doute

CGU 45

Elle s’assied au chevet de notre lit
La maison froide s’est tue
Elle guette, déjà dévêtue
Tout poète est un enfant

Ses petits seins sont pointus
Mais l’amante est sanglante
Les flots de ses cheveux font frissonner la proie
Elle me laboure le coeur de ses griffes écarlates
Elle rugit de joie

Toute existence a son reflet
Toute existence a son écho
La douce minuscule source
Porte en son sein une étoile

L’oiseau fait chanter l’oiseau
Je ne crois pas rencontrer un jour
Une âme qui réponde
Au cri multiplié de mon monde

Notre monde déchoit de l’idéal divin
Où puiser un espoir dont la ferveur enivre
Je suis désabusé des livres
Je ne lis plus que quelques lignes

CGU 44

Je souffre laissez-moi souffrir
J’ai l’habitude de souffrir seul
Mon orgueil me cadenasse
Le fil tenace de ma vie s’est rompu

Je suis cousu vivant dans mon linceul
Les murs ne se forcent plus à l’écho
Dans ma nuit de regrets et de remords
J’entends les choeurs des coeurs trop légers

Me sentant faible et seul au monde
Les poings serrés je bois mes larmes
Je refuse l’appel aux armes
Je mords le bois

Tu t’assieds à mon chevet
Je voulais bien subir ta loi
Tu dénoues tes longs cheveux
Tu me caresses le coeur et le corps

CGU 43

Un ange déchu marche sans ses ailes
La tristesse traine les voluptés lâches
De la chair et du sang
Les alcôves sont-elles impures ?

Les passants vont fouettés par le vent
Les réverbères portent un peu d’espoir
Nous cherchons l’amour dans les amours
Dans la chambre s’arrondit un bouquet de roses
De décembre

Tes cils se mouillent de tendresse
L’épouse et l’époux se taisent
Heureux d’entendre en rêvant
Le souffle endormi des enfants

Enivrés par le fouet de la neige
Je te laisse t’enfuir les dents aux poings
Le front chargé de rêves près d’éclore
Fruits amer de ton essor

CGU 42

Chante ta peine pauvre coeur déboussolé
Sors de l’auberge !
Chante la peine ! Tords lui les bras !
Tu es lasse ! Quitte l’estrade !

Je marchais sans ton doute
Sans ton âcre ironie
Je chassais l’impression funeste
Que ton coeur est corrodé

Nos amours étaient-elles celles de deux stérilités ?
Du moins grincions-nous ensemble !
Haineux ivres fous nous trainions avec nous
L’effarant dégoût de nous mêmes

L’horreur me disais-tu
Ce n’est ni toi ni moi ni notre union effrénée
Dans la soirée tendre et violette
Nous marchions sur les feuilles sèches

CGU 41

Certaines voluptés sont cruelles
A force de fréquenter les déserts
On devient un désert soi-même
J’ai réussi à rester mangeable en partie

Maigre dessert empathique
Tu n’es plus nue et parée
Au sein de ce superbe décor parisien
On achalande un livre des merveilles

Te rappelles-tu les soirées
De rages et de rires atroces
Qui sonnaient comme des coups de crosses
Sur une victime à moitié consentante

Des mots infâmes
Sifflent entre les dents serrées
Les sanglots crèvent nos coeurs
Lourds de ces larmes rentrées

CGU 40

Il n’a a pas de péché originel
il y a le péché tout court
Qui se mêle à l’innocence
Dès nos premiers jours

Tu étais indiqué pour un destin meilleur
Je suis révolté que l’espoir t’abandonne
Tu te hais
Qu’est-ce je te fais ?

Te voici nue toute en fleur
Tu as gardé tous tes bijoux
Tu contes volontiers ta souffrance
De femme abandonnée par l’amour

Que chacun vienne goûter
Je te le jure Par pitié !
L’âcre sel de tes larmes
Goutte à goutte !

CGU 39

Descendre dans la nuit
Dans les tréfonds d’un coeur solitaire
On descend on descend
Dans l’horreur des lieux sans échos

L’orgueil refuse de se taire
Le vent familier des tombeaux
Rallume son flambeau
Ici s’expie un crime ancien

Quand l’amour est stérile
Je me dévore les poings
Toute poète est humain
Sous la poésie la boue

Cette volupté est morne et âcre
Au miroir des sentiments secrets
L’âme est trouble et nue
Dans une eau corrompue

CGU 38

Je regagne ma ville ma maison
Mon âtre ma table
Je suis un aveugle lamentable
Je ne te discerne pas

il est triste dans mon coeur
C’est le mois de ma naissance
Les ressorts de mon âme prétentieuse
Sont secrets et rudes

Grand est le sommeil de la maison
L’âtre est sans flamme
L’amour est une caresse
Qui rien ne blesse

Ne lacère pas l’insensé !
Avec les griffes que tu peins en rouge
Son vain et vieil orgueil
Succombe au mal divin