FGV 22

Elle est pas belle la vie !?
Le coucher de soleil est interminable
Penses-y d’une aurore l’autre
La musique est douce

Une résurrection perpétuelle
La nuit pensive s’illumine
Une éclair suffit à rendre la nuit vaine
L’écho tremble affaibli

Ne donne pas le ton
Mais le thon comestible
Sans doute inconscient
Tu ne blasphèmes pas

Qu’est une parole sans écho ?
N’élude pas la sagesse
Tu es la houle de vie
Au vent de l’espoir

FGV 21 Epitaphe

On te disait parfois : « Sois un homme ! »
Tu n’es qu’un humain
Tu dors au large dans ton cercueil
Tu te détournes de ton indignité

Tes épaules sont amaigries
Tu a trop vu de choses
La mort devance la vie
Tu ne choisis pas de mourir

Sans crainte niaise
Ne fais pas la grève de la vie
Evite le suicide lent
Enfant sans pain

Ne pense pas aux heures
Heures de souci
Heures d’anxiété
Tout est consommé

FGV 20

J’ai la vision éblouissante et folle de notre damnation
Ivoirine les cheveux déployés
Rosée par l’aurore
Telle une statue de maître

La chair n’est pas vile
Vil et vilain celui qui la honnit !
J’aime selon le corps ma chair
Selon ton âme aussi

Que tes bruns cheveux te tiennent lieu d’ailes
Vain est le péché de chair !
Encore plus vain est qui se soucie
De ce bon péché de chair

Mon corps crie merci
Viens Zoé et bois de mon meilleur vin
Rentre chez toi en titubant
Qui es-tu sans ta litière ?

FGV 19

Nous restions cois
La reine nous défiait de la confondre
Elle jurait qu’un bon soldat ne saurait défier
Sa beauté sa gloire son pouvoir

Allongé dans l’ombre
Mon coeur battait à tout rompre
Je sentais la mort me frôler de son aile
J’ouvris à la vieille suppliante

Elle ne cessait de marmonner
Hâbleuse comme le sont souvent les vieilles
Parfois sa voix montait
Aigüe et rauque

« Epargnez-moi j’ai perdu mon chemin
Personne ne veut plus de moi
La nuit les portes sont closes
Je chante si vous voulez
Je chante bien  »

FGV 18 A la Saint Martinien

Elle était reine il était un bon soldat
Atteint par ce lâche amour
Qui fait de nous des sots
Et quelquefois des fous

La honte amère d’aimer
Son rire parfumé ses ongles rougis de carmin
La volupté de son dédain
Il nous restait la fierté du bon soldat

Il est illégal de s’évader de prison
Il est fou de renoncer à une reine
Elle se vante de ses exploits
Toujours là où il ne faut pas

La reine pensait qu’elle ne s’était pas assez montrée
Au bon soldat
Que le courage de celui-ci était une bêtise
Ou une lâcheté

FGV 17

« Paisible la forêt rêve
Des humains lui imposent leur cauchemar
Tout s’écroula autour de moi
J’ai pris le voile noir et la robe blanche
Pour éviter les vils baisers »

« Nous sommes tous deux o mon ours adoré
Les élus du silence et de la prière
Toi tu es l’élu de la nature
Et moi de la culture
Humaines »

« Maintenant ma vie est morte
J’aurais aimé que tu passes la porte avec moi »
La jeune abbesse assise sous un arbre en fleurs
Lissait sa robe immaculée de leurs pâles pleurs

Elle écoutait le chant d’une bergeronnette
Elle regardait avec amour le bel ours étendu à ses pieds
Soudain il s’exprima à haute et intelligible voix :
« Je t’adore la plus jolie des nonnettes »

FGV 16

La saison s’en vint des jours qui décroissent
L’ours suivait l’abbesse
Dormait au seuil de sa cellule
Lui était pleinement fidèle

L’abbesse restait muette
Disait des yeux sa vérité
Qu’ils partageaient tous deux
Le silence est la langue de l’éternité

Les nobles pensées volent de rêve en rêve
De l’ours à l’abbesse
Et de l’abbesse à l’ours
« Bel ours nos vies sont les mêmes
Pour l’essentiel »

« Je vivais moi aussi dans le calme des bois
Dans le vert donjon familial
Toi tu vivais paisible
Dans la forêt bleue »

FGV 15 L’ours et l’abbesse

Le vent rit dans les arbres
Mais la rouille des feuilles
Fait pleurer l’écureuil
Le cor sonne sa peine

La forêt n’est pas conviée
Le vent balbutie
La meute s’affole
La chasse hurle

Un ours effrayé
Entre par le portail ouvert
L’abbesse pâle et frèle
Se dresse debout et le caresse

La meute hurlante
Se bouscule au portail
Un gentilhomme se présente
Le site reste inviolé

FGV 14

De là où l’aurore s’éclate
Avant d’éclore
La nuit se meurt et pleure
Elle sanglote

Rêve de source claire
Notre jour de fête s’est estompé
Le fleuve de fleurs
A rencontré son embouchure

Une fleur est morte ce soir d’été
La splendeur délivre
Les lointains sont courbés
Les noms vagues enivrent

Petits désirs et grandes vanités
Une étoile est apparue
Les fleuves sont faits pour l’amour
Mais l’amour est sourd

FGV 13

L’heure est belle
Il nous faut nous séparer
Tu es parée de rêves de roses
Dans le vague de la nuit
Je me suis égaré

Fiévreux je t’attends
Ah ! La chasteté de ton épaule nue !
Ton pas frissonne tel une aile
Tu es mon espoir et te voici venue !

Rieuse et frêle en ta beauté nue
Enceinte de joie et d’amour
Tu fais semblant de fuir
Tu n’es pas d’aujourd’hui

Les lacs sont crépusculaires
Leurs candeurs sont claires
La forêt se meurt en broussailles
Ne brandis pas tes représailles