LTU 29

Les sages ne sont pas des saints
Ni des héros
La vertu est bonne
La vertu est loyale

Les sages font n’importe quoi
Puis se repentent et font autre chose
Ils sont de plus en plus humains
Ils nous donnent la main

Les sages sourient comme un nouveau-né
Les sages vivent heureux et cachés
Ne soyons pas menés par l’avidité
La vie est un art

Un véritable sage
Un sage jusqu’au bout
N’offre pas beaucoup de prise
A la mort

LTU 28

La vie est identité et contradiction
Unie en elle-même
Elle s’oppose à tout le reste
Son identité est déjà contradiction

Sans le voir on connait le ciel
On croit le connaître
Je contemple la voie du ciel
Plus on progresse moins on sait

Les sages n’ont rien fait
Ils ont tout accompli
Surtout il ne faut pas s’affairer
S’évertuer

Un homme trop occupé
Est néfaste pour l’empire
Aime le négoce
Préfère le loisir

LTU 27

Les ennuis sont sans fin
Le soleil brille pour tout le monde
Ne faisons rien pour l’éteindre
De quelle couleur vais-je le peindre ?

En quelle couleur vais-je le teindre ?
J’adore les douces teintes
Du clair de lune
Trépigner aide contre le froid

Sérénité et quiétude sont les mamelles du monde
Libérés les coursiers fument les sentiers
Les chevaux pâturent dans les faubourgs
Ce qui suffit suffit

Il n’y a pas de malédiction pire
Que le désir de posséder
Ce qui suffit suffit est une lapalissade
Vraie comme toutes les lapalissades

LTU 26

J’ai abandonné tant de choses
Sur l’autel du vide
Le vide pour moi
Est un cauchemar

Je tiens à ma bourse
A mes bourses
A ma vie
Pourtant toute petite

Je n’accepte pas de perdre la vie
Issue inéluctable
Qui aime avec excès
Oublie que l’amour en lui même est un excès

Arrête-toi à temps
Tu t’assureras de ta longévité
La perfection est indéfectible
C’est son moindre défaut

LTU 25

Je n’aime pas le vide
Il me nettoie par derrière
Il en fait trop
Il en faut trop

Ce qu’il y a de plus tendre au monde
L’emporte avant la fin
Peu de gens atteignent le non-agir
Qui n’est pas la fin de l’action

Je tiens à la vie
Le renom la renommée ont de moins en moins d’importance pour moi
Je reste coincé contre la falaise
Sans mon amie brune

La placette a toujours sa table de bois
Et ses quatre chaises
En contre-bas de la montagne
Devant son bistro de campagne

LTU 24

La candeur n’est plus candide
La vertu est sordide
Le vase s’est brisé
La voie retirée est dépourvue de nom

La vie est une
Elle donne deux
Un plus deux donnent trois
Trois annonce l’action la marche

Les sectateurs du yang embrassent
Les adorateurs du yin
On gagne à se diminuer
Harmonie des souffles

Mourir de sa belle mort
N’est pas pour les violents
Je ne suis pas le père d’une doctrine
Même non-violente

LTU 23

La voie est aussi inondation
Elle ne recherche pas la gloire
Elle est plus infirme qu’infime
Elle est muette

Mourir sans périr est longévité
Ah ! La sécurité !
la voie qui devient voix
Parait fade et sans goût

Il faut en user pour qu’elle soit inépuisable
Le souple triomphe
Le faible triomphe
Le poisson ne quitte pas l’eau

L’insaisissable nous illumine
La voie constante est sans agir
Le brut y ramène
La grande vertu ignore la vertu

On perd la voie on la retrouve
La fidélité superficielle
Oublie que la prévision
Est le coeur de la voie

Le fruit ne fait pas oublier la fleur
Tout tient à soi
La perfection du ciel est sa clarté
La perfection de la terre est sa fécondité

Sans vitalité tout s’éteindrait
L’humilité est la racine de la noblesse d’âme
L’abaissement est le fondement de l’élévation
L’orphelin est abandonné

Le jade n’est pas une pierre philosophale
Ce qui a n’a pas le produit de ce qui a a
L’humain est inférieur qui rit de la voie
La voie lumineuse parait obscure

LTU 22

Des armes même belles suscitent la suspicion
Les gens bien ne sont pas armés
Un empereur ne doit pas se réjouir d’un massacre
La préséance est une question de deuil

La voie est toujours sans nom et sans nature
Elle est insignifiante
Pourtant nul ne peut l’asservir
Rien ne s’ordonne de soi-même

La voie est fleuve et océan
Elle est ruisseau et étang
Connaître l’autre est un savoir
Et un savoir-faire

Se connaître soi-même est illumination
L’emporter sur autrui est pouvoir
L’emporter sur soi est puissance
On meurt tous les jours un peu

LTU 21

Nous n’abandonnons pas la voie
En cheminant le long de la ravine profonde
Nous faisons retour à l’enfançon
Notre vertu est constante
Le brut est brutal

L’empire est un vase sacré
Comme notre famille
Qui s’en empare perd
On monte on descend

Les sages rejettent l’excès l’extrême l’extravagant
On ne conquiert pas un empire par les armes
Là où la troupe est passée
Croissent les épines et les ronces

Sans présomption sans provocation
Nous sommes résolus
Le pouvoir n’est pas la puissance
Le pouvoir corrompt

LTU 20

PAS DE SINCÉRITÉ SANS FIDÉLITÉ
On garde son équilibre
On mange moins pour mieux digérer
La chose était là avant toute chose

On ne connait pas son nom
Faute de mieux on l’appelle voie
Inaltérable en reposant sur soi
La voie va loin

L’humain prend modèle sur la terre
Associée au ciel
La voie est naturelle
Le lourd est la racine du léger

Le maître ne peut se permettre
De perdre son empire
Le bon est maître du méchant
Le savoir-faire ne prévient pas l’égarement