Nous sommes à la fin du III° siècle avant le Christ. La Chine est déjà le pays le plus peuplé du monde. Le véritable fondateur de l’empire chinois, Ts’in ( dont nous avons fait Chine ) Che Houang-ti ( Hoang-di en transcription moderne) vient de mourir. Son gigantesque mausolée est peu à peu oublié, chose étrange dans un pays autant attaché à son histoire. Devenu un tumulus il n’a été fouillé, de façon encore incomplète, qu’à la fin du XX° siècle. On a alors découvert la garde qui veillait sur l’empereur fondateur. La Chine, du nord pour l’essentiel, du loess, du blé et du millet, était faite de paysans qui devaient l’impôt en nature, en travail, plus celui du sang. Ils constituaient l’infanterie, de très loin la principale arme chinoise. Les soldats retrouvés, quoique plus grands que nature, témoignent d’un réalisme rural en même temps que d’une dignité profonde. Ensuite la statuaire chinoise devait se spécialiser dans les dragons et autres figures grotesques.
Concret/Abstrait
On dirait un jeu d’enfant, un jeu de construction. Mais les maisons sont supposées réelles. L’architecture géométrique par définition se prête à des combinaisons d’abstraction concrète. On peut se rapprocher de la réalité profuse. On peut s’en éloigner jusqu’à l’utopie. La peinture de la première Renaissance ( y compris donc Giotto ) a aimé ce problème en marge de ses grandes oeuvres. Un jour il deviendra central, par exemple dans la peinture de Nicolas de Staël au XX° siècle.
Rappelons pour l’anecdote que l’un des fondateurs de la peinture abstraite Kandinsky a du sa vocation à la vision des meules de foin de Monet dont il a apprécié la beauté « abstraite », désormais centrale.
Watteau
Nous sommes tous des nominalistes. Nous nous gargarisons avec de grands mots qui finissent par perdre presque tout sens, par exemple « inconscient » en psychanalyse qui finit par ne plus signifier que non-conscient. En esthétique il est impossible de ne pas parler de classicisme, de baroque …, de modernité, de post-modernité … Ce sont des catégories utiles, il convient de ne pas en être dupe. Heureusement il est des oeuvres si éclatantes qu’elles devraient faire taire les plus pédants. Watteau est certes pleinement du début du XVIII° siècle, son pierrot est certes issu de la commedia dell’arte, Watteau transcende toutes les catégories, y compris les plus justifiées, les plus utiles…
Mantegna
Mantegna est comme coincé entre les immenses peintres de son époque de Léonard de Vinci à Michel-Ange en passant par Raphael. Il tient très bien la route, a ses fans, lui le maître de la perspective raccourcie, mais qui généralement promène sur le monde le regard apaisé d’un aristotélicien père de famille comme dans la peinture que nous montrons, joyeux et travailleur mélange d’hommes et d’animaux.
N.B. : Nous utilisons la photographie dite « flashy » qui met en valeur certains aspects de l’oeuvre.
Goya
Après la manière sombre de Vélazquez et d’autres peintres du XVII° siècle espagnol comme Ribeira et Murillo, le sombre du sombre est atteint par Goya après 1800. Après les pastorales de sa jeunesse Goya a toujours été réaliste, ne nous épargnant pas par exemple la laideur de la reine d’Espagne, mais dans sa grande maturité le peintre sourd atteint l’horreur, une horreur déjà moderne où la mythologie n’est qu’un prétexte pour une tragédie morale. Dans le tableau que nous avons sous les yeux, le »dos de mayo », il s’agit de tout autre chose, il s’agit des « horreurs de la guerre » que Goya mettra également en gravures. Une tradition officielle veut qu’il s’agisse d’une peinture patriotique contre l’invasion française, des troupes napoléoniennes qui a traumatisé le peuple espagnol. Selon moi il s’agit surtout d’un humanisme horrifié par le mal que l’homme fait à l’homme. Rappelons que Goya après le retour de la monarchie des Bourbons et de la paix a été obligé de s’exiler en France, ce qui nous a valu ce chef d’oeuvre de tendre sérénité qu’est « la laitière de Bordeaux ».
Giotto
Une image apparemment familière, un saint parmi d’autres, dans une longue litanie … Si l’on se rapproche et si l’on réfléchit les choses s’éclairent : Giotto et Dante sont à l’origine de la formidable Renaissance italienne qui a ébranlé l’Occident et pré-figuré sa future modernité… Qu’est-ce que cela veut dire dans notre image d’un saint parmi tant ? c’est que le saint bouge. Avec le prédécesseur de Giotto, Cimabue, le saint aurait été peint de face, immobile, hiératique, dans une manière héritière de Byzance. Avec Giotto la figure s’anime, esquisse un mouvement, annonce la perspective… Magnifique…
Beauté profonde ?
Vélazquez n’est pas le peintre de la beauté. Il n’est pas expressionniste avant l’heure, il est expressif. Il peint quelque chose de très visible et pourtant de caché. Que ce soit dans le sourire charmant d’une petite infante ou dans celui grimaçant d’un nain. Vélazquez est le peintre des apparences qui dénotent une profondeur qui est dans les apparences.
La jeune chanson française
Salut à la nouvelle venue, Indila ! Indila a une voix pure et fine, Tal une voix ronde. Leslie est charmante, délicieuse. Mais où est Inna Modja ? J’apprécie le retour de Judith. Zaz règne sur nos coeurs. Mais où est Inna Modja ?
Fin d’anthologie
Je mets fin à ma recherche sur la poésie française du XVI° siècle, ce qui ne veut pas dire que je n’y reviendrai pas. J’y ai rencontré une grande richesse très variée. Le plaisir était au rendez-vous. J’ai aimé terminer sur Louise Labé, l’amante extraordinaire.
Hommmage à Louise Labé ( 4 )
Aussitôt que je commence à prendre
Dans la mollesse de mon lit le repos désiré
Mon triste esprit hors de moi retiré
S’en va vers toi immédiatement se rendre
Il m’est alors avis que dans mon sein tendre
Je tiens le bien auquel j’ai tant aspiré
Pour lequel j’ai tant soupiré
Ce coeur que de sanglots j’ai crû fendre
O doux sommeil O nuit heureuse
Plaisant repos rempli de tranquillité
Continuez toutes les nuits mon songe
Et si jamais ma pauvre âme amoureuse
Ne doit avoir ton coeur en vérité
Faites au moins qu’elle l’ait en mensonge