Hommage à Jean-Antoine de Baïf ( 3 )

J-A de BaÏf a été cité le 28/1/2014 :

Comme le phénix je suis
Qui de sa mort reprend vie
Qui renait de sa cendre
« Tue tue tue-moi
Je ne mourrai pas »
La mèche bien allumée
Le feu ne meurt pas
« Brûle brûle brûle moi
Je ne mourrai pas »
Je suis l’eau qui nourrit
« Noie noie noie-moi
Je ne mourrai pas »
Je suis le dur diamant
Qui ne se rompt
Ni du marteau ni du ciseau
« Frappe frappe frappe-moi
Je ne mourrai pas »
Comme je suis la mort même
Je suis de près qui me fuit
Je poursuis qui à nouveau me fuit
« Fuis fuis fuis à nouveau
Je te suivrai mort et vif »

Hommage à Louise Labé ( 2 )

La grande Louise Labé n’a été célébrée qu’une fois le 18/12/2013 :

Je vis je me meurs je me brûle je me noie
Je ressens une chaleur extrême en endurant froidure
La vie m’est trop molle et trop dure
J’ai de grands ennuis entremêlés de joie
Tout à-coup je ris et je larmoie
Dans le plaisir j’éprouve du tourment
Ainsi l’amour inconstant me mène
Quand je pense avoir le plus de douleur
Sans y penser je me trouve hors de peine
Quand je pense être en haut de mon bon-heur
Il me remet en mon premier mal-heur

Hommage à Ronsard ( 3 )

A mes débuts on me blâmait
D’être obscur pour le populaire
On me dit aujourd’hui
Que je suis le contraire
Je me contredirais
En parlant bassement
Comment puis-je complaire
A ce monstre têtu
Si divers dans son jugement ?
Quand je tonne
Il a peur de me lire
Quand ma voix se désenfle
Il ne fait qu’en médire
Avec quelle tenaille quels clous
Tiendrais-je ce Protée
Qui change à tous coups ?
Il faut le laisser dire
Je me dois de le laisser rire
Et de rire de lui

Hommage à Olivier de Magny ( 2 )

O roi
Il ne faut pas toujours labourer le champ
Il faut le laisser quelquefois reposer
Car s’il chôme longtemps et qu’on l’engraisse bien
On peut en retirer ensuite double fruit
Laissez donc votre peuple respirer
Diminuez la charge qui l’opprime
Afin qu’il reprenne haleine et se redresse
Pour une prochaine fois mieux endurer ses charges
Sur son dos il supporte plus qu’il ne doit
Et ne permettra pas qu’on le mange de la sorte
Car sire il faut le tondre et non pas l’écorcher

Hommage à Du Bellay ( 7 )

Ceux qui sont amoureux chanteront leurs amours
Ceux qui aiment l’honneur chanteront la gloire
Ceux qui sont proches du roi publieront sa victoire
Ceux qui sont courtisans vanteront leur faveur

Ceux qui aiment la vertu se prétendront vertueux
Ceux qui aiment le vin deviseront de boisson
Ceux qui sont médisants se plairont à médire
Ceux qui sont moins fâcheux auront le mot pour rire

Ceux qui se complaisent chanteront leur louange
Ceux qui aiment flatter feront du diable un ange
Moi qui ne suis pas si heureux je plaindrai mon malheur

Hommage à Blosseville

Hugues de Saint-Maardt, vicomte de Blosseville, est lui-aussi de la fin du XV° siècle :

C’est une grande peine que de vivre
Pourtant ne veut-on pas mourir
Ce qui n’est pas de tous maux délivre
C’est une grande peine que de vivre
La raison à la mort nous livre
Rien ne peut nous secourir
C’est une grande peine que de vivre
Pourtant ne veut-on pas mourir

Hommage à Roger de Collerye ( 2 )

Cessez cessez gendarmes et piétaille
De piller et manger le bon homme
Que depuis longtemps l’on nomme
Jacques Bonhomme
Nous et lui vous souhaitons
La corde au cou et que la mort vous assomme
Cessez cessez
Gages en or et en monnaie
Vous avez obtenu du roi
Une assez belle somme
Grâce à vous l’on perd le repos
Nous vous mettons au rang des méchants
Cessez cessez*

*Les gendarmes était un corps récent, rien à voir avec notre gendarmerie.

Hommage à Flamant

Revenons aux débuts, à la fin du XV° siècle, avec Guillaume Flamant :

Poison pire que mortel
Me feras-tu crever le coeur ?
Poison pire que mortel
Qui me tiens en une tutelle
Telle que je n’ai ni force ni vigueur
Envieuse et fausse querelle
Plus pute que ne l’est maquerelle
Trop me plains de votre rigueur
Où est Satan mon gouverneur
Qui ne vient pas quand je l’appelle ?
O folie infernale fureur
Diables pleins de toutes les ruses
Me ferez-vous crever le coeur ?

Hommage à Agrippa d’Aubigné

Je n’entre pas en politique à propos d’un siècle complexe et mal connu, encore moins en religion. Je célèbre le grand poète que fut Agrippa d’Aubigné, l’un des leaders calvinistes :

Je veux peindre en la France une mère affligée
Qui est entre ses bras de deux enfants chargée.
Le plus fort orgueilleux empoigne les deux bouts
Des seins nourriciers puis à force de coups
D’ongles de poings de pieds il rompt le partage
Dont la nature donnait l’usage à son jumeau
Ce voleur acharné fait dégât du doux lait
Qui doit les nourrir tous deux
Pour arracher à son frère la vie
Il méprise la sienne
Son frère qui aujourd’hui a jeuné
Ayant dompté en son coeur son cruel ennui
Se défend et rend à l’autre un combat
Dont le champ est la mère
Ni les soupirs ardents les pitoyables cris
Ni les chaudes larmes ne calment les esprits
Leur rage les guide leur poison les trouble
Si bien que leur courroux par leurs coups redouble
Cette mère éplorée succombe à la douleur
Mi-vivante mi-morte
Le lait se perd le suc de sa poitrine
Elle dit en un souffle : « Vous avez félons ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a portés
Vivez de venin sanglantes créatures
Je n’ai plus que du sang pour votre nourriture »