Hommage à De Saint-Gelais

Octovien de Saint-Gelais est de l’extrême fin du XV° siècle :

Coeur couvert de faiblesse faute de bon sens
Las tu te plains Ta noblesse
Faute d’adresse est tristesse
Ton esprit est lent Tu as encor l’âge
Doux langage Jeune visage
Pour le grand passage
Où est l’espoir maître de ton propos
Qui voulait te faire vivre ?
Ton coeur ne connait pas de cure
La laideur dure
Le regret est une sûre morsure
Le deuil fait deuil
Autant vaudrait vivre au désert
Es-tu cassé mutilé vieillard ?
Autant vaudrait que tu sois né abandonné !
Jeunesse plus deuil sont choses répugnantes
Et dissonantes
Tu vis reclus Il n’est pas temps de pleurer
En si jeune saison
Qui fuit la raison voit la raison fuir sa maison
La sensualité te serait bénigne
Si tu es bas laisse les débats
Visite les dames qui t’attendent
Sus* prépare ta garde-robe
La droite heure approche de t’avancer
Ne tâche plus qu’à t’ébattre et danser

* Pour qui l’aurait oublié, « sus » signifie « à l’assaut ».

Hommage à Pasquier

Qu’est-ce que l’amour ? Une essence ?
Est-ce un démon ? Est-ce un tyran, un roi ?
Est-ce une idée ? Est-ce un je ne sais quoi ?
Est-ce quelque influence lourde du ciel ?
Que j’alambique et qui me tient en transe
Qui me rend esclave qui me fait la loi
Qui me ravit me dérobant à moi-même
Qui fait que vieux je demeure en enfance
Si l’amour est aveugle d’où vient qu’il vise droit ?
S’il est enfant d’où vient qu’il soit dans mon coeur ?
S’il est ailé d’où vient qu’il ne soit pas volage ?
D’où vient hélas! que cet oiseau maudit
Aie fait obstinément de moi son nid
Dès mon printemps jusqu’au froid de mon âge ?

Sissi

Nous avions Sissi impératrice, nous avons maintenant Sissi imperator. L’Egypte semble avoir trouvé un successeur à Nasser, Sadate et Moubarak, Sissi, tout nouveau maréchal. Le « Printemps arabe  » a-t-il fait long feu ? Non, car la valeureuse Tunisie vient d’adopter une constitution laïque, favorable à la femme grâce à des islamistes qui se sont révélés pour une fois heureusement modérés. L’originalité tunisienne née avec Bourguiba semble donc se prolonger.

Racisme

Dans notre situation historique, donc relative, il existe un absolu : aucun racisme, c’est à dire aucune condamnation d’un être humain pour la seule raison qu’il est né, n’est admissible. Aucun racisme, donc aucun anti-sémitisme, anti-juif comme anti-arabe.

Hommage à De Baïf ( 2 )

Jean-Antoine de Baïf a été cité le 19/01/2014 :

Nous nous plaignons de la nature
Qui si tôt donnés nous enlève ses présents
Quand la jeunesse des roses se montre
Leur vieillesse accourt à l’instant
En se succédant elles refleurissent
M’amie tu te flétriras comme elles
Vivons mignarde vivons nos ébats d’amour
Sans entendre le sot babil des vieux renfrognés
Nos amours viennent et vont se refont
Le soleil mort se relève
Mignonne ça donc viens t’en
Et tends moi ta bouche coralline
Au nom du doux vivre à deux
En attendant nos enfants

Hommage à Madeleine des Roches

Après la fille, la mère. Catherine a été invoquée le 19/01/2014 : :

La lumière dompte l’obscurité
La science est première
Mais tout est vanité
Ce qui fut vraisemblable dans l’antiquité
Sera une fable pour la postérité
Notre principe est songe
Notre maître est malheur
Notre vie mensonge
Notre fin douleur
Qui embrasse le vice Qui choisit la clarté
Toute chose touche à son terme
Et ne le peut passer
L’inconstance ne peut pas se penser
La seule sagesse est la constance
Dans la recherche de vérité
La science humaine reste une opinion

Hommage à Jodelle ( 2 )

Etienne Jodelle nous a fait plaisir le 08/11/2013 :

Vous qui m’avez quasiment égalé dieux immortels
Vous amants qui souvent vivez d’amoureuses morts
Vous que la mort n’a pas privé d’amour
Si toutefois mes vers vous arrivent au ciel
Vivent en terre et que l’enfer entende ma fureur
Sachez que ma haine est juste
Et faites en sorte que la terre le ciel et l’enfer
Aient horreur de mon inhumaine !

Hommage à Grévin ( 2 )

Je dis parfois le contraire de ce que je lis. Mais parfois seulement… Jacques Grévin nous est parvenu le 22/12/2013 :

Le nord contre la nef errante lutte à l’aventure
La lune n’est pas toujours obscure
Le changement perpétuel m’éprouve
Une année est passée l’autre recommence
Je n’ai pas changé de coeur
On n’est pas aujourd’hui ce qu’on était hier
Je me ris de ce monde et n’y trouve que rire
Je le pleure Rien ne doit être pleuré
J’espère Rien ne doit être espéré
Mais rien n’empire
Je vois la paix partout et tout bouillonne d’ire
Je déplore mes rires je me ris de mes pleurs
Tout me tire à pleurer Tout m’excite à rire

Hommage à Jean de la Taille

Jean de la Taille est de la seconde moitié du XVI° siècle :

Je suis de trop près la tristesse
Moi qui veux en joie ébattre ma jeunesse
Comme un printemps encore elle verdoie
Faut-il que toujours à l’étude on me voie ?
C’est trop pleuré
Que me sert de savoir par science
Le cours des cieux des astres
De mesurer la terre et l’onde
De voir sur un papier le monde ?
C’est trop pleuré
Que sert pour faire une rime immortelle
De me ronger les ongles et la cervelle
De ternir ma face palissante ?
C’est trop pleuré
Mon âge en beauté fleurissante
Est comme un lys en terre languissante
Il faut parler d’armes et non de larmes
C’est trop pleuré
Il faut parler d’amour et de liesse
Ayant choisi une jolie maîtresse
D’autant qu’elle est sage et honnête
Qui daigne de mes vers faire une fête
C’est trop pleuré

Hommage à Chassignet

Jean-Baptiste Chassignet fut poète juste avant 1600 :

Ce qui semble périr change seulement
L’été passe-t-il ? L’an prochain le ramène
La nuit noircit-elle ? La lumière prochaine
Redore soudainement l’azur du firmament
Tout tombe et tout remonte Tout change
Je vis un jour le temps la faucille à la main
Les ailes derrière précipiter son train
Je vis le trépas consumer en poussière
Celui qui le matin fleurissait de jeunesse
Vers le soir grisonnait de vieillesse
Il tint en un jour l’hiver et le printemps
Ses espoirs sont passés comme passe le temps
L’homme frêle et caduc change de douleur
Pour éteindre au tombeau sa vitale chaleur
Les hommes naissent vivent et meurent mécontents
L’homme n’est pas ce que tu vois de lui
Il ne sait pas renaître Ce n’est pas un phénix
Notre vie est une bulle molle un mensonge frivole
Un songe sans pouvoir un tourbillon de fumée
L’animal aime son environnement de naissance
L’homme seul préfère un long bannissement