Hommage à Marot ( 3 )

Un jour dans Paris ville jolie
Passait ma mélancolie
Je pris alliance nouvelle
A la plus gaie des demoiselles
D’honnêteté elle est saisie
Je crois selon ma fantaisie
Qu’il n’en est guère de plus belle
Dedans Paris
Par jeu elle me jeta de la neige
Car il y avait de la neige
Dedans Paris
Je croyais cette neige froide
Mais c’était du feu
Qui soudain m’embrasa
Seule ma jolie demoiselle
Peut éteindre le feu que je ressens
Non point par eau neige ni glace
Mais en sentant un feu
Pareil au mien
Dedans Paris

Hommage à Alfred de Musset (2 )

Je vis d’abord sur moi des fantômes étranges
Trainer de longs habits
Je ne savais si c’étaient des femmes ou des anges
Leurs longues robes en sillons de flammes
Brisaient la nuit
Vieux spectre en sentinelle
Je les regardais voler
La troupe des esprits capricieux
Bondissait tout à coup puis s’enfuyait
J’ai crû qu’une longue chevelure me frôlait
Je sentais la brûlure d’un baiser
Jusqu’au fond de mes os
Ombres aux corps flottants
Nonchalantes et rieuses
Mes nuits sont avares
Il ne me reste qu’à regarder
Dans l’ombre froide et nue
La lune en croissant découper dans la rue
Les angles des maisons

Jeunesse et vieillesse

Alfred de Musset est à l’origine de ces quelques vers :

Ce blog est toute ma jeunesse
Et ma vieillesse aussi
Je le fais sans presque y songer
Il y parait je suis d’accord
Je devrais peut-être me corriger
L’homme change sans cesse
Il faut l’accepter spontané
Au passé pourquoi rien changer ?
Qui que tu sois qui me liras
Lis-en le plus que tu pourras
Ne me condamne pas en somme
Mes premiers vers furent d’un enfant amoureux
Les derniers sont d’un homme un peu vieux

Hommage à D’Urfé

Honoré d’Urfé né au XVI° siècle fut très connu au XVII° pour son roman pastoral « L’Astrée » :

Quand je vois un amant transi
Se languir d’un amour extrême
L’oeil triste et le visage blême
Quand je le vois plein de soucis
Qui meurt d’amour sans qu’on l’aime
Je dis aussitôt en moi-même
Quel grand idiot d’aimer ainsi
Il faut aimer mais que la belle
Brûle pour qui brûle pour elle
Sinon c’est pure lâcheté
De l’amour de l’amour est extraite
L’idée que la charge est mal faite
Qui penche tout d’un côté

Hommage à Marie de Romieu

Peu connue Marie de Romieu fut une fervente féministe :

Nous avons bien souvent à mépris quelque chose
Ignorant la vertu qui est en elle enclose
Comme un coq qui trouve une perle perdue
Ignorant la valeur de cette chose inconnue
Ainsi l’homme ignare ignore
Lequel des deux sexes est le moins imparfait
Il me plait de voir des hommes de valeur
Mais si nous venons à priser le courage l’esprit la magnificence
L’honneur la vertu et toute l’excellence
Qu’on voit briller au sexe féminin
Nous dirons à bon droit qu’il est le plus divin
Un homme plein de dépit et comme enragé
Dira bien que je fais mal de tenir ce langage
Que la femme est remplie de maux d’inconstance et d’erreur
Je sais bien qu’entre nous femmelettes
On peut humainement trouver des fautives
La femme est pleine de tout bonheur
Chasse-mal chasse-ennui chasse-deuil chasse-peine
Réconfort à coup sûr de la semence humaine
L’homme est plus glorieux et la femme plus digne

La fouine et les lapins

Une vieille fouine aussi laide que méchante
Vivait auprès du cadavre de son mari
Qu’elle avait fait embaumer
Elle avait été si contente de lui mettre le grappin
Alors que jeune elle était déjà d’une laideur à faire peur
Il lui arrivait de sortir
C’est ainsi qu’elle se mit en tête de diriger
Aidée d’un vieux blaireau
Un groupe vertueux de lapins
Ceux-ci se laissèrent faire
Flattés qu’une fouine s’intéressât à eux
Sans intention de les manger
La fouine fut bientôt lasse de son caprice
Et pour se venger décida de dissoudre
De façon très humaine
Toujours aidée du blaireau
Le groupe des lapins vertueux
Ceux-ci se laissèrent faire
Pris par surprise et ignorants
Des manœuvres de fouine
Mais cinq lapines d’expérience
Se réunirent et décidèrent
Une bonne fois pour toutes
De ne jamais plus obéir à une fouine
Serait-elle jeune jolie pas méchante
Et sans mari qui la hante

Hommage à Pontus de Tyard

L’évêque Pontus de Tyard vécut longtemps au XVI° siècle :

Quelqu’un voyant le portrait de ton visage
S’émerveillait de te voir si bien peinte au naturel
Ce tableau de main d’homme pourrait perdre ses couleurs
La mémoire en moi empreinte ne peut être effacée
Mais la peinture t’embellit si c’est Dieu possible
Pendant ma jeunesse je n’ai connu ni peine ni tristesse
Puis les dieux m’envoyèrent leur archer suprême
L’outrage qui m’a martyrisé du regret de la mort m’a tiré
Mourant je suis vif en douleur immortelle
Je n’ai plus d’espérance qui soulage nos tourments
Mon coeur trop navré est privé de pouvoir
Qui me peut rendre ma santé première ?
Je suis l’esclave d’une déesse mortelle
Si elle ressentait le deuil qu’elle m’a fait
Elle m’octroierait guérison
Elle se contente de regarder son portrait

Insatiable Hétéro

Quoi de plus délicieux dans la vie que de vivre?
De vivre pleinement, direz-vous ?
Pour chacun les goûts diffèrent
Autrefois je sortais beaucoup
Aujourd’hui je reste chez moi
Je suis heureux à chaque fois
Le bonheur n’est pas un don du ciel
C’est une construction mentale
Il ne faut pas de tout pour faire mon monde
Il me faut du bonheur et c’est tout
Je sais ce que je veux le bonheur
Le bonheur ! Le bonheur !
J’ai su fuir la tristesse pour les plaisirs
Je n’ai plus besoin de ce subterfuge
Je n’aurais pas échangé cette joie
Pour un monde
Vivre dans une chaumière et écrire
Pourquoi pas surtout si la chaumière est en ville
Le bonheur est simple comme un coup de fil qui ne tombe pas dans le vide
Le bonheur est simple et fait de choses simples
Le bonheur est tellement simple qu’il tient dans le creux de la main
Le bonheur est un rêve que l’on n’atteint pas si on le désire
Il est vrai que les gens qui ne sont pas heureux ne sont pas pour autant malheureux
Le bonheur est dans la mesure
Il ne faut pas vouloir être trop heureux
Il faut s’attendre à ce qu’il manque toujours quelques morceaux
Le bonheur est partout jusque dans l’ennui
Le bonheur est un état d’esprit
Peu importe ce qui le compose
Une certaine sagesse ne messied pas
Le bonheur ne remplit rien il surnage il flotte
le bonheur ce n’est rien mais ça fait toujours plaisir
Rien n’est plus menacé que le bonheur
Nul ne sait comment le protéger
Il faut se laisser aller au bonheur
Le bonheur ne se consomme pas
La première condition du bonheur est l’amour
Le bonheur renforce la lutte contre le mal

Hommage à De Magny ( 2 )

Olivier de Magny fut séduisant au XVI° siècle. Il a été invoqué le 5/12/2013 :

O bienheureuse nuit
Tu m’es plus douce et plus chère
Que ne me fut le jour le plus luisant
Tu m’as fait si content d’un si joli présent
Qu’il ne se fera jamais que je ne te révère
J’ai eu le moyen de me saouler
De baiser embrasser tâter caresser
Les beautés de m’amie
Ce qui me fit plus heureux encore
C’est qu’en ce plaisir d’allégresse endormie
Je songeais en songeant que je ne songeais pas

Hommage à Matthieu ( 2 )

Une première version de cet hommage a été publiée le 4/1/2014 :

La vie n’est que comédie
Où l’un fait César l’autre Arlequin
Mais la mort la finit en tragédie
Et ne distingue pas César d’un faquin

La vie est une galère sur la mer du monde
Le temps la conduit jusqu’au port de l’espoir
Si les vents de fortune et les orages de l’envie
Laissent l’homme forçat à son port de mort

Ses fatigues sont suivies de l’éternel repos
Sa servitude ne se mue pas en liberté
Où se couche la mort là se lève la vie
Où le temps disparait là est l’éternité