Hommage à Du Bartas

Guillaume de Saluste, seigneur du Bartas, est lui-aussi du XVI° siècle :

Il n’y avait rien
Puis créant d’abord le temps
A surgi une forme sans forme
Qu’on ne peut pas décrire
Pile confuse ? Mélange difforme ?
Abîme d’abîme ? Chaos de chaos ?
Où les éléments se logeaient pêle-mêle
Le liquide et le sec Le froid et le chaud
Le bas et le haut Le dur et le mou
Et même l’amer avec le doux
Tout était sans beauté sans règle sans flamme
Le feu n’était pas feu L’air n’était pas air
Terre et mer ne formaient qu’un
Même dans mon style bas
Je ne peux chanter le ciel et la terre
Tels qu’ils étaient mais tels qu’ils n’étaient pas
Puis la nuit se sépara du jour
O douce nuit sans qui la terre ne serait qu’un enfer
Nuit qui te masques pour protéger l’innocence et le crime
Nuit qui rends égaux le riche et le pauvre
Qui couvres tout de ton obscur manteau
Qui de tes humides ailes embrasses l’univers
Seuls les poètes s’envolant
Plus haut que les cieux au delà de toi nuit
D’un docte vol conduisent
Sur l’aile de leurs vers les humains qui les lisent

Hommage à Van Arenbergh

Emile Van Arenbergh est un nouveau poète belge du XIX° siècle :

Assise en son retrait
Devant l’âtre qui luit
Mademoiselle rêve
Par ce soir d’hiver
Elle fouille des yeux
Les champs blancs de lune et de neige
Près d’elle son svelte lévrier
Se dresse et hurle à la mort
Elle joint les mains
Et pense à son triste sort

Hommage à De Gombaud

Ogier de Gombaud fut apprécié au XVI° siècle :

Le péché me surmonte
Ma peine me dépasse
Malgré moi il triomphe de moi
Pour me retirer du gouffre où je me vois
Je ne sais pas je ne sais pas
Offrir des cadeaux des offrandes des fruits ?
Nos amours se révèlent par des témoignages divers
Beauté vous me donnez des roses
je vous donne des vers
Il me faut désormais des preuves plus fortes
De votre faveur
Car vos roses sont déjà mortes
Et mes vers sont immortels

Hommage à Gabrielle de Coignard

Gabrielle de Coignard fut une fervente chrétienne en un siècle religieux, le XVI° :

J’ai mille fois éprouvé mille herbes salutaires
Et des drogues aussi
Pour guérir de mes misères
Recouvrer la santé
L’on m’a tiré le sang et séché les artères
Me faisant avaler plus d’un breuvage puant
Je suis pire qu’avant
Endurant tous les jours des douleurs amères
Je veux maintenant quitter les médicaments
Porter patiemment mes peines mes tourments
Sans plus me soucier de vivre ou de mourir
Divin mon destin est ce que je veux suivre

Hommage à Nostradamus

L’avenir est à lire entre ces lignes comme entre toutes les lignes. Michel de Notre-dame fut un érudit et un poète : :

Le ciel pleure trop l’androgyne procréé
Près du ciel le sang humain répandu
Par la mort tarde le peuple recréé
Tôt ou tard vient le secours attendu

Assis de nuit pour une secrète étude
Seul bien posé sur une selle d’airain
La flamme exiguë sort de solitude
Fait proférer ce qui à croire est vain

Le corps sans âme n’est plus au sacrifice
Jour de mort ou mise en nativité
L’esprit divin fera l’âme félice
Voyant le verbe en son éternité

Hommage à La Ceppède

Hommage au poète inconnu. En fait Jean de La Céppède est né à Marseille à une date ignorée, mais de la seconde moitié du XVI° siècle :

Voici l’homme
Objet déplorable
Hontes Veilles Diètes
Douleurs et le sang !
Le sang perdu si largement
Corps déformé
Qui n’est plus désirable
Ses cheveux ensanglantés
Tout hérissés
Ces yeux qui furent si beaux
Abattus enfoncés
Deux soleils éclipsés !
Le corail de ses lèvres
Est maintenant jaune pâle
Les lys et les roses de son teint sont flétris
Le reste de son corps est couleur de l’opale
De la tête aux pieds ses membres sont meurtris
La peau de son front est desséchée
Le nez est plus aigu
Sur ses lèvres se répand la pâleur de la mort
La bouche est entr’ouverte
Immaculé est le blanc
De son dernier vêtement

Humour ?

Faute d’humour juif le plus profond ou d’humour anglo-saxon peut-être le plus sociable ou d’humour belge le plus étonnant ( ne citons que François Damiens ), l’humour français existait. Je me suis étonné de la survie de Fernand Raynaud qui, avec ses mines ahuries et son petit chapeau, tient magnifiquement le coup. J’ai apprécié Coluche, Devos, Desproges. Qu’en est-il maintenant à part l’humour marocain de Djamel Debbouze ou Gad El Maleh ou féminin de Florence Foresti ? Les soit-disants humoristes français confondent méchanceté, cruauté mentale, obsession sexuelle, obscénité avec l’humour qui est tout autre chose. La situation est peut-être plus grave qu’il n’y parait

Hommage à Lafforgue ( 2 )

Là encore je ne peux qu’être modeste à côté du grand Lafforgue :

L’Espace ?
Mon coeur y meurt sans traces
Du haut des terrasses
Tout va bien sans coeur
La Femme ?
J’en sors la mort dans l’âme
Mieux ensemble on se pâme
Moins on est d’accord
Le Rêve ?
C’est bon quand on l’achève
La vie est brève
Le rêve bien long
Que faire du corps qu’on gère ?
Ceci cela
Par-ci par-là
En vérité je vous le dis :
Voilà
Pour le reste
Que le grand Rien
Me remercie !

Hommage à Tabureau ( 2 )

Etendu mollement sur un lit
Toute une nuit
Tout près de ton giron
Ma jolie nymphette
J’ai osé batailler de ma languette
Je prenais goût pendu à ton cou blanc
A la rondeur fermelette de ton sein
De ta cuisse grassette
Je me glissais sur toi
Lentement éperdu
Déjà je pensais jouissance
Quand te défendant d’une aigre résistance
Ton refus félon me doucha froidement
O moi chétif émule de Tantale
Je reste pâle je me meurs béant
Auprès de ton séant
Que j’ai crû mon repas