Un âne broutant ses chardons
Apercevait un berger
Jouant de la flûte
L’âne mécontent pensait :
« Ce monde est fou !
Ce grand sot sue
A souffler dans un trou
Il parvient à plaire
Tandis que moi… suffit… Allons-nous en d’ici
Je suis trop en colère »
L’âne s’éloigne quand sous la fougère
Une flute se trouve sous ses pieds
Notre âne se redresse
La fixe de côté avec ses gros yeux
Une oreille en avant
Lentement il se baisse
Applique son naseau sur l’instrument
Et souffle
Un son sort
L’âne ravi se croit du talent
Esquisse une gambade
« Moi aussi je joue de la flûte ! »
Florian ( 91 )
Une colombe se désespérait
De ne pas être mère
Un jour dans la forêt
Elle rencontre un nid
En ce nid un oeuf
Qui lui convient
Elle le couve
« Les soucis qu’il me causera
Seront source de plaisir pour moi »
Elle ne quitte plus le nid
L’amour aussi nourrit les mères
L’enfant chéri vient à merveille
Son bec ses yeux ses ailes
Diffèrent fort des tourterelles
La mère n’y prend pas garde
Ou les voit ressemblants
Elle lui enseigne que la vertu
Est la seule source de paix
Et que le secret pour être aimé
Est d’aimer en premier
Facile et doux plaisir
Un petit pinson tombé de son nid
S’abat auprès d’eux
Le nourrisson le plume le mange
Gardant au milieu du carnage
Un terrible sang-froid
La colombe éperdue s’enfuit
Le nourrisson était le fils d’un faucon
Qui suivait sa nature
Florian ( 90 )
Un renard célèbre babillard
Tenait école publique
Au profit de sa rhétorique
Les écoliers le payaient en poulets
Un petit renard obtint
De ne payer qu’après
Avoir gagné son premier procès
Le cours terminé
Notre écolier renard
Intente un procès au maître
Prétendant qu’il ne lui doit rien
Devant le seigneur léopard
Les deux parties comparaissent
« Monseigneur » dit l’élève
« Si je gagne je ne dois rien payer
Puisque votre juste sentence
Sera que je ne dois rien
Si je perds je ne dois rien payer
Car il était convenu que l’échéance
Arrivait après le gain de mon premier procès
Celui-ci est bien mon premier procès
Le dilemme a la certitude de la logique
Enseignée par le maître »
« Nenni » répond celui-ci
« Si vous perdez payez
Si vous gagnez payez
Car vous avez signé promesse
De payer au premier plaid gagné »
Les deux se taisent
L’auditoire attend intrigué la sentence
Le seigneur léopard est rêveur
Il prend enfin la parole :
« Défense à l’écolier d’entrer dans son métier
Défense au maître de continuer le sien
Je hais les sophistes
Qui d’une chose claire font une douteuse
Qui d’un principe erroné
Tirent une conséquence trompeuse
Bref qui déraisonnent en raisonnant »
Florian ( 89 )
Deux lions par la soif tourmentés
Dans leur désert
Arrivèrent par miracle
Au bord d’un filet d’eau murmurante
Ils pouvaient boire ensemble
Ils étaient frères
Mais chacun voulait boire seul le premier
L’oeil plein de colère
La crinière hérissée
La queue battant avec violence leurs flancs
Ils s’attaquent avec de terribles rugissements
Après une heure d’efforts et de morsures
Les deux rivaux haletants déchirés
Vont côte à côte boire au filet d’eau
Ils furent heureux qu’il ne soit pas tari
Florian ( 88 )
Par une charmante nuit du beau mois de mai
Un berger contemplait du haut d’une colline
La lune sa lumière argentine l’étoile du berger
Isolée au milieu d’un ciel pur d’étoiles parsemé
Tilleul lilas aubépine odorant le printemps
Le rossignol chantait dans ce calme enchanteur
L’écho répétait ses accents les plus doux
Tout à coup le rossignol s’arrête
Le berger le supplie de poursuivre
Le rossignol parle d’une voix résignée :
« N’entends-tu pas les grenouilles du marais
Leurs mille voix coassantes ?
Elles insultent mes chants »
« Quand tu te tais je ne les écoute pas
Que dire quand tu chantes ?
Te taire est le seul moyen pour qu’on les entende mieux »
Florian ( 87 )
Un coq sans rien d’extraordinaire
Jouissait on ne sait comment
D’une certaine renommée
Cela se voit dit-on dans la gent emplumée
Notre coq insolent
Traita mal un jeune coq de mérite
La jeunesse aisément s’irrite
Le jeune coq le cou gonflé se précipite
Le coq fanfaron est battu déplumé
Débarrassé du poulet le coq dit avec emphase :
« Cet enfant a montré du courage
Je l’ai beaucoup ménagé
Je suis content de lui »
La vanité dans la défaite
Trouve encor le moyen
D’être satisfaite
Florian ( 86 )
Partir avant le jour
A tâtons sans voir goutte
Sans penser un instant
A demander sa route
Aller de chute en chute
Recevoir la pluie
Se ralentir dans des sables mouvants
Courir sous les orages
Vers un but incertain
Que l’on n’atteint pas
A peine détrompé vers le soir
Trouver une mauvaise retraite
Où s’endormir haletant
Est ce une image de la vie ?
Naître vivre mourir ?
Peut-être
Le cirque de la Lune
Nous n’avions pas de nouvelles du cirque de la Lune. C’est qu’il a failli disparaître du fait des manoeuvres du Mafioso aidé par Kuku et Babine. La clique a refusé l’aide de Mrs.Poopooh jugée trop bête et trop méchante !? Amaryllis a préféré se consacrer à son défunt mari. La douce Pépère a rétabli la situation aidée par Madame et Bon-à-Sec, mais surtout par l’ensemble des artistes de cirque, en premier lieu les jongleurs et les trapézistes. La cirque va bientôt reprendre ses activités, mais son budget est limité. il compte rester dans l’ombre du brillant Cirque du Soleil québécois et continuer à associer cirque traditionnel et théâtre.
N.B. :Le mini-cycle sur cette belle entreprise française qu’est le Cirque de la Lune a commencé avec l’article sur Kuku ( à ne pas confondre avec le noble Kukuk ) le 18/12/2013.
Florian ( 85 )
Là je dois avouer que je m’éloigne beaucoup de Florian :
Contraint de renoncer à la chevalerie
Don Quichotte voulut mener
Une plus douce vie
Quoi de plus noble et de plus simple
De mieux établi
Que l’état de berger ?
Avec ses maigres sous
Il achète une houlette
Un petit chapeau rond
Garni d’un ruban vert
Deux moutons qu’il sauve du boucher
Un roquet quelque peu galeux
Une musette dont il tire
Des sons rauques à souhait
Dans cet équipage on le voit dans la plaine
Au milieu de la neige
Célébrer le printemps
Vint à passer une grosse vachère
Notre héros pris d’un amoureux désir
Tombe à ses pieds :
« Oh ! Belle demoiselle
Cruel objet de ma flamme secrète
Abandonne un moment le soin
De tes vaches chéries
Je voudrais te donner trois tourtereaux que j’ai trouvés
Ils sont blancs comme toi et… »
« Halte là scélérat je ne suis pas demoiselle
Mais une dame établie
Je vais t’envoyer mon mari
Je ne suis pas blanche mais brune de peau
Et j’en suis fière
Je devine ton méchant projet tu seras puni »
Là dessus avec son grand bâton
Elle entreprend de rosser le pauvre sire
Le mari se joint à la partie
Don Quichotte s’écrie :
« Nobles bergers il n’y a pas lieu à une bataille
Autre que pacifique et musicale
Je vais chanter pour vous »
Les deux redoublent de coups
Notre pauvre héros ne doit son salut
Qu’à une course éperdue
A quoi bon changer de statut
Si c’est pour rester aussi fou ?
Florian ( 84 )
Deux paysans regardaient un gros nuage noir
Le premier déclara :
« Ou je ne suis qu’un sot
Ou ce nuage porte la grêle
Qui va tout abîmer
Vigne avoine froment
La récolte nouvelle sera anéantie en un moment
Le village en ruine dans trois mois aura la famine
Puis ce sera la peste
Puis nous périrons tous »
» La peste ! » dit le second
« Comme vous y allez !
S’il vous plait calmez-vous
Ce nuage c’est de la pluie
La terre est sèche depuis longtemps
Cette pluie lui fera beaucoup de bien
Si cela se trouve nous aurons
Le triple de foin
Rien ne nous fera besoin »
« Chacun a ses yeux »
« Attendons la fin de l’affaire
Rira bien qui rira le dernier »
Dans leur furie ils allaient se gourmer
Lorsqu’un souffle de vent
Emporta loin le nuage effrayant
Ils n’eurent ni grêle ni pluie