Dhoquois G.

Certains voient tout en un, les juifs et les musulmans
Certains voient tout en deux, les manichéens
Les derniers voient tout en trois, les chrétiens
C’est le droit de chacun
Mais que faire des sceptiques ?
Ou des fanatiques du multiple ?
Dieu comme multiple ???
Et pourquoi pas ?
Mon principal thème d’intérêt a été l’histoire universelle
Non pas pour l’écrire la décrire
Mais pour en proposer une analyse structurale
Principalement en termes de modes de production
Et de formes politiques
Comme je disais à cette brillante époque
Il y a quarante ans
« je suis un anti-structuraliste d’analyse structurale »
Anti-structuraliste voulant dire essentiellement anti-althussérien
Au delà de ce que je pouvais dire
Commençait immédiatement le règne des spécialistes
Spécialistes du concret les historiens

Florian ( 45 )

Une guenon assise gravement
Tenait sur ses genoux
La tête de celui qui courbait l’échine
Tendait sa paume pour recevoir les coups
On jouait à la main chaude
Le singe ne devinait pas qui le frappait
C’étaient alors des rires des sauts
Des gambades des cris
Un jeune léopard se mêla à la fête
En prenant un air débonnaire
« Je sais que tous les animaux sont égaux »
Les singes enchantés crurent à ce discours
Comme on y croira toujours
La troupe joviale se remet à jouer
Le léopard frappe le sang se met à couler
Le singe a deviné qui l’a frappé
Il s’en va sans le dire
Ses compagnons font semblant de rire
Bientôt chacun s’excuse et s’échappe à la hâte
Le léopard marri se dit :
« Il ne faut pas jouer avec autre que soi »

Florian ( 44 )

Le shah de perse un certain jour
Chassait avec sa cour
Il avait soif
Il passait devant un grand verger
Rempli de raisins de cédrats d’oranges
« A dieu ne plaise que j’en mange !
Mes vizirs mangeraient le verger »

Florian ( 43 )

Un linot aimé par sa mère
Se prenait pour un phénix
Elle l’envoie à sa grande joie
Voyager dans les bois
Il se moque de la voix de fausset d’un pivert
Celui-ci lui plume le haut de la tête
Puis c’est une pie qui le dégoûte du métier de railleur
Ensuite un rossignol, une fauvette
A eux deux le guérissent de l’erreur
De se croire un excellent chanteur
Le linot retourne chez sa mère
Doux poli modeste charmant
L’adversité avait fait en deux journées
Mieux que l’école en quelques années
Pour enlever au linot sa tête de linotte

Florian ( 42 )

Un chat n’attrapait pas les moineaux
Qui consciencieusement pillaient
Un champ de millet
Il eut l’idée d’un tour
Il trempe sa patte gauche
Dans l’eau pour qu’elle fasse éponge
Il la plonge dans un sac de millet
Il se couche sur le dos dans le champ
La patte en l’air qui ressemble à l’épi le plus gros
Il attrape ainsi une vingtaine de moineaux
Un moineau s’aperçoit du piège scélérat
Prévient ses confrères
Qui ne mangent plus de gros épis
L’art supplée la nature
Mais il ne peut pas tout faire

Florian ( 41 )

Un homme vivait seul dans une résidence paisible
Loin du monde et de ses embarras
On l’entendait rire tout seul
Et parfois aux éclats
Il inquiétait les commères
Deux gendarmes lui rendirent visite
« Tu vis seul, comment peux-tu rire ? »
« C’est parce que je ris de moi »

Hétéro dit chiche

Moi aussi je veux faire un fatras
Ce n’est pas réservé aux gens du Moyen-Age
Commençons par zénith
Je ne sais trop quoi dire
Ce n’est pas évident d’avoir de l’esprit
Suis-je le lieu du combat éternel du jour et de la nuit ?
Pourrais-je dire un jour comme Victor :
Vous êtes l’ombre et je suis la lumière
Billevesées que tout cela !
J’ai envie de me blâmer moi-même
Il parait que cela ne se fait pas
Parce que ça empêche les autres de le faire
Il y a une seule science, celle du bien et du mal
Malheureusement je ne sais pas où la trouver
Ce n’est pas mon jour de fête
Le fatras ce sera pour une autre fois
A moins que j’en sois plus proche que je ne le crois

Florian ( 40 )

Notre pauvre raison
Est un pâle flambeau
Qui ne jette autour de nous
Qu’une faible et triste lumière
Par delà c’est la nuit
Dans la Perse de jadis
Deux frères adoraient le soleil
Suivant la loi antique
L’un d’eux chancelant dans sa foi
Cherchait à l’approfondir
En regardant sans cesse
L’astre sacré
Le philosophe y perdit ses deux yeux
Dès lors il nia l’existence du soleil
L’autre bigot et crédule
Redoutait l’extravagance de l’esprit
Il mit tous ses efforts
A devenir un sot
Le pauvre solitaire
Avait peu de chemin à faire
De peur d’offenser l’astre qui nous éclaire
Il se fit un trou sous la terre
Pour ne le voir jamais
Entre les extrêmes tenons-nous à carreau
La raison éclaire peu
Elle éclaire quand même

Florian ( 39 )

Un jeune poulette
En trottant caquetant grattant
Se trouva fort loin du poulailler
Berceau de son enfance
Un renard se présente
« Hélas mademoiselle votre frayeur
Ne m’étonne pas
La faute en revient à mes confrères
Gens de sac et de corde
Ravisseurs infâmes
Je ne puis les changer
Mais par mes conseils je préserve
l’innocente et faible volaille
Un renard aussi méchant qu’habile
Va attaquer cette nuit
Je vais à votre asile
Avertir vos soeurs »
La crédule innocente
le conduit au poulailler
Il tue étrangle égorge
Il croque tout
Méfiez-vous toujours des méchants hypocrites

Florian ( 38 )

Sur la corde tendue un jeune voltigeur
Apprenait à danser
Déjà son adresse ses tours de force et de souplesse
Faisaient venir maint spectateur
Sur son chemin si étroit
Le balancier en main l’air libre le corps droit
Hardi léger adroit
Il s’élève descend va vient s’élance
Retombe et remonte en cadence
Notre jeune danseur tout fier de son talent
Eut un jour assez de son balancier
« Si je dansais sans lui j’aurais bien plus
De grâce de force et de légèreté »
Aussitôt dit aussitôt fait
Le balancier est jeté
Notre danseur chancelle étend en vain les bras
Tombe et tout le monde de rire
Vertu raison lois autorité
Sont le balancier qui gêne
Les désirs fougueux
Mais qui assure la sûreté