Mafazelle

Mafazelle dit le Mafioso est un soi-disant intellectuel qui prétend avoir découvert le concept de nouveau cirque aux dépens de l’expérience du Cirque du Soleil, de Montréal au Québec, mondialement connu, de celle, beaucoup plus modeste de notre cirque de la Lune, et d’autres, aux dépens aussi d’écrits anglo-saxons. Il n’est pas bienvenu dans ces cirques, mais il fait des conférences dans les universités qu’il a réussi à tromper.

Florian ( 37 )

Il était question d’élever un jeune lionceau
Le roi Lion réunit sa cour pour nommer
Le meilleur précepteur
Le tigre se lève : « Sire, les rois ne sont grands que par la guerre
Faites tomber votre choix sur le guerrier le plus terrible après vous »
L’ours est de cet avis, mais y ajoute l’expérience et la prudence
Le renard juge que la guerre est la suite de la politique
Laquelle exige une finesse extrême
Chacun ainsi s’indiquait lui-même
De semblables conseils sont communs à la cour
Vint le tour du chien : « Un bon roi fait la guerre
Mais il ne la fait qu’à regret
Son secret est qu’il aime son peuple »
La cour restant muette, le lion roi choisit le chien
Et lui conseille d’éviter les flatteurs
Pendant de longues années le chien
Reste seul avec le lionceau
Qui l’appelle père
Il lui montre la misère du peuple
Et partout le faible terrassé
« Le roi connait-il ces attentats ? »
« Comment le pourrait-il ?
Seuls les grands approchent du maître
Ceux qui ont été mangés ne parlent pas »
Le lionceau ignorait toujours qu’il fût lion
Un tigre les attaque
Le jeune lion hérisse ses crins rugit de fureur
Bat ses flancs de sa queue bondit
Ses griffes sanglantes dispersent bientôt les entrailles fumantes
« Vous êtes un lion, fils, vous êtes mon roi »
Le plus sage des rois lions est d’abord un guerrier

Florian ( 36 )

Une colombe et une pie
Etaient voisines
La colombe était paisible
Chez la pie ce n’était que
Querelle tapage rumeur
Quand c’en était trop
Chez sa voisine elle venait
Jasait criait se plaignait
Son époux était fier exigeant emporté dur jaloux
« En plus je sais bien qu’il va voir des corneilles »
La tourterelle demande :  » Et vous, êtes-vous sans défauts ? »
« Bien sûr que non ! En propos, en conduite
Je suis assez légère
Coquette, parfois un peu colère
Je me plais souvent à le faire enrager »
« Peut-être pourriez-vous penser
A vous améliorer vous-même … »
« Comment ! Je vous conte mes maux
Et vous m’injuriez ! Je vous trouve plaisante
Adieu ! Petite impertinente »
Nous convenons de nos défauts
Pour que l’on nous démente

Florian ( 35 )

Venu d’Arabie le phénix
Se présenta dans nos bois
Grand bruit chez les oiseaux
Qui peu à peu s’attroupèrent
Pour lui faire la cour
L’envie pour une fois avait cédé
Le rossignol admirait la douceur de la voix
Le paon l’éclat des couleurs
Chacun y allait de ses compliments propres
Seule une tourterelle se tenait à l’écart
Son époux le tourtereau
Lui demanda d’où venait sa tristesse :
« De cet heureux oiseau désires-tu le sort ? »
« Non, mon ami, je le plains fort
Il est seul de son espèce »

Hétéro est en colère

Un style sans idée c’est la banalité
Le style sur l’idée c’est la mayonnaise dans la salade à moins que ce ne soit la taille du diamant
Il ne faut jamais négliger le style
Les pensées ne sortent pas nues
Manquer de style, c’est parfois pire que manquer d’idée
Le bon style est souvent impur
Le meilleur style est pur Il purifie l’idée
Le style a besoin de fini et de poli
Souvent c’est le style qui divulgue l’essentiel
Dans les affaires de style rien n’est pire que la médiocrité
Pour beaucoup un style naturel et simple est le meilleur car il révèle l’humain en même temps que l’idée
Le style, c’est aussi accorder l’idée aux circonstances
Je sens que le succès fout le camp
L’echec est un manque de style

Hommage à Lautréamont

Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, je te salue avec ce texte modeste :

Je vous propose cette strophe sérieuse et froide :
Vieil océan aux vagues de cristal
A la sphère mollement étendue
Tu es toujours le même
Tu es le symbole de l’identité
Je te salue, vieil océan !
Tu es modeste
Tu nourris des milliers d’espèces de poissons
Elles n’ont pas juré fraternité
La grande familles universelle est une utopie
Pour les humains comme pour les poissons
Vieil océan rien ne vaut ta masse
La grenouille humaine n’est rien à côté de toi
Même multipliée à des milliards d’exemplaires
Vieil océan tes eaux sont amères
Tes abysses dépassent l’intelligence humaine
Pour laquelle tu n’as pas beaucoup d’estime
Les amoureux se séparent bien pour un rien
Vieil océan tu es si puissant que même les hommes te respectent
Vieux célibataire à la lenteur majestueuse
Les hommes vagues vivantes meurent
Mais sans bruit d’écume
L’oiseau de passage ne se repose pas sur eux
Déroule tes vagues épouvantables O Océan hideux
Pousse des profondeurs de ta poitrine
Le mugissement perpétuel que les humains redoutent
Tremblants sur le rivage
Tu ne veux pas de moi comme ton égal
Je ne peux pas t’aimer Je te déteste
Tu ne me diras pas le secret des tempêtes
Qui soulèvent tes eaux salées jusqu’aux nuages
Tu es l’enfer le plus proche de l’homme
Avant de te fuir
Je te salue vieil océan !

Florian ( 34 )

Deux frères vivaient en bonne entente
Dans une famille aimante
L’ainé lisait , le cadet jouait
Un jour l’ainé sur un livre d’histoire
Se demandait quels sont les conquérants
Quels sont les fondateurs
Le cadet tout content
Terminait un château de cartes
L’ainé d’un revers de main
Détruit l’ouvrage
Le cadet pleure
L’ainé lui dit :
« On ne fonde rien sur un château de cartes »

Florian ( 33 )

Un petit grillon caché dans l’herbe
Regardait un papillon voltiger
L’azur le pourpre l’or éclataient sur ses ailes
Il courait de fleur en fleur
Prenant et quittant les plus belles
Le pauvre grillon se plaignit amer :
« Il a tout je n’ai rien
Je n’ai ni talent ni figure
Nul ne prend garde à moi
Autant vaudrait ne pas exister »
Arrive une bande d’enfants et de jeunes gens
Les enfants sont plus ardents
Ils ont tous envie du papillon
Chapeaux mouchoirs bonnets
Tout sert à l’attraper
Il est bientôt mort tout déchiré
Toujours caché le grillon a vu la scène :
« Il en coûte trop cher de briller dans le monde
J’aime désormais ma retraite profonde
Pour vivre heureux vivons caché »

Hommage à Mellin de Saint-Gelais

Mellin de Saint-Gellais fut un aimable humaniste du XVI° siècle :

Vous vous émerveillez d’un feu de bois
Voyez mon coeur qui brûle
Vous me dites que je vais retourner à la cendre
Allez dire à la belle qui
Sans me consommer me consume
Que les âges iront démolissant
Son visage encor florissant
Qu’elle et moi fassions un enfant
Qui dans longtemps
Ira nous bénissant !

Hommage à Viélé-Griffin

Francis Viélé-Griffin fut un symboliste optimiste avant et après 1900 :

J’ai couru d’abord
Et puis je me suis assis
Le jour était doux
Tes lèvres étaient tièdes
J’ai marché
L’ombre a surgi soudain
J’ai ri de ton épouvante
Moi aussi j’avais un peu peur
Tes pieds blancs étaient
Comme un défi au vice
Une rosée de roses
Ouvre tes mains fermées
Montre ta tendresse voilée
Je souhaite moissonner tes roses
Que l’heure vienne
Idéale et réelle
Où la rose ressemble au pain !