Les ânes et le vieux veau

L’année 2014 pour moi commence demain lundi 6 janvier avec une rentrée générale. Je vous la souhaite bonne et heureuse, pleine de joie et de travail. Pour vous j’ai imaginé une fable :

Une ânesse exaspérée disait à son âne :
« Tu ne m’écoutes jamais »
Lui : « Mais j’ai droit à ma propre pensée »
Elle : « Laisse-moi au moins exprimer la mienne »
Lui : « Je te laisse, je te laisse »
Elle : « Tu es impoli, même si j’ai tort, j’ai peut-être raison »
Un veau un peu âgé passait par là
Un veau qui n’a pas grandi
Et qu’on a épargné par pitié :
« Mes enfants vous avez tous les deux raison
Parlez chacun votre tour parlez tout votre saoul  »
L’ânesse dit : « J’avais donc raison
C’est normal avec le travail que je fais
Avec les services que je rends »
L’âne et le vieux veau sont partis
Pour brouter un peu
Interviewé par notre équipe
L’âne a déclaré : « J’aime ma femme
Elle a toujours raison »

Florian ( 18 )

Vous n’allez pas me croire
Une nuit j’ai vu des lapins
Jouer à colin-maillard
Une feuille en bandeau sur les yeux
L’un d’eux se tenait au milieu
Les autres alentour sautaient dansaient
S’éloignaient puis venaient tour à tour
Lui tirer la queue ou les oreilles
Une taupe sous terre
Fut attirée par la liesse
Elle sort vous pensez bien
Qu’étant aveugle elle fut vite prise
Elle réclama le bandeau
« J’y vois… J’y vois encore »
Chacun d’entre nous connait ses défauts
En convenir c’est autre chose

Florian ( 17 )

Un jeune ambitieux demandait à son père comment réussir
Le vieillard répondit qu’un chemin glorieux
Est de se rendre utile
« Trop fatigant trop absorbant Je voudrais un moyen moins brillant »
« Le plus sûr c’est l’intrigue »
« Tu n’as pas compris Je souhaite m’enrichir sans vice et sans travail »
« Eh bien, sois un simple crétin, tu commences bien  »

Hommage à Papillon

Marc Papillon de Lasphrise fut un guerrier au XVI° siècle :

Cousinons la cousine elle est si jolie
Elle aime à cousiner et cousine si bien
Pendant que papa s’en est allé aux champs
Aime moi donc maman puisqu’il n’y a personne
La langue frétillante va s’entremouillant
J’aime me regarder dans tes beaux yeux luisants
Soudain ma menotte lache ton joli tétin
Je chatouille ta mignonnette de mignonne
Je te le dis cousine le langage de l’amour
Est enfançon
Qu’il est plaisant le jeu d’aimer
Gai riant naturel sans malice
Si c’est cela qu’on appelle le vice
Qu’est-ce donc que la vertu ?

Florian ( 16 )

Un chat grand chasseur devant l’Eternel
Tomba par hasard sur un petit tuyau noir
Nanti d’une glace à chaque bout
Le chat d’abord le considère
Le touche de sa griffe
Le fait à petits coups rouler sur le côté
Court après s’en saisit l’agite
Il s’avise soudain d’appliquer à son oeil
Le petit bout
Que voit-il ? Un lapin broutant du thym
Etonné et ravi il regarde par le gros bout
Et voit au loin un chien son mortel ennemi
Effaré incertain il ne sait quoi faire
Il échappe de justesse à la dent du molosse
Chacun de nous a une lunette
Pour regarder par les deux bouts
L’un pour mettre loin ce qui déplait
L’autre pour mettre près ce qui convient

Florian ( 15 )

Le lierre disait un jour au thym :
« Je te plains de toujours ramper par terre
Ta tête dépasse à peine du sol
Alors que la mienne grâce au chêne
S’élance dans la nue »
« Certes » répondit le thym
« Je ne vais pas là-dessus disputer avec toi
Je te ferais juste remarquer
Que je n’ai d’autre tuteur que la terre
Notre mère à tous
A part ça je me soutiens par moi-même »

Hommage à Alfred de Musset

Ta voix fraiche et sonore nous consolait
Tu avais la voix du coeur qui seule au coeur arrive
Dans sa grandeur naïve
Ton beau corps plia comme un roseau
Ta muse implacable dans ses bras de feu
T’a portée au tombeau
Connaissais-tu si peu l’ingratitude humaine ?
Quel rêve as-tu fait pour te tuer pour eux ?
Que ne te contentais-tu de bien porter ta lyre ?
Ne savais-tu pas que c’est tenter le pire
Que d’aimer la douleur ?
Tu savais que dans cette vie
Rien n’est bon que d’aimer
Rien n’est vrai que de souffrir
Dans ton corps brisé tu concentrais ton génie
Ta mort est douce ta tâche est remplie
Ce qu’on appelle génie c’est le besoin d’aimer
Hors de là tout est vain
L’amour humain s’oublie
Heureux ceux qui comme toi ont expiré
Pour un amour divin

Florian ( 14 )

Un éléphant blanc
Au royaume du Siam
S’étonnait de recevoir tant d’honneurs
Son cornac répondit :  » La chose est sûre
Tous nos talapoins l’ont dit
Les âmes de nos héros disparus habitent pour un temps
Le corps des éléphants blancs »
« Mon ami » dit l’éléphant « Vous êtes victimes d’une imposture
Nous sommes fiers et pourtant caressants
Modestes quoique tout-puissants
Nous ne faisons pas injure et surtout pas à plus faible que nous
L’amour dans notre coeur reçoit les lois de la pudeur
Les honneurs n’ont jamais altéré nos vertus
Comment pouvez-vous nous prendre pour des hommes ? »

Hommage à Bourbon

Nicolas Bourbon est peu connu en dehors du XVI° siècle. Humaniste critique, il s’exila longtemps en Angleterre. Il écrivait en latin :

Te dis-tu bon lecteur en lisant ce poème
Que celui qui l’a fait n’avait rien à faire ?
Que dire de toi qui est là à le lire !

Passez outre pédants je n’écris pas pour vous
Il n’est rien ici qui se lise le front ridé
Certes le goût formé pendant notre jeunesse
Nous plait bien trop pour être déraciné
Voici les vers rieurs de ma verte jeunesse
Lisez-les, sinon faites-en d’autres
La belle culture donne beaucoup
Un dard vertueux pour le jeune
Un confort réconfortant pour le vieillard
Un refuge luxueux pour le miséreux
Un surcroit de prestige pour le riche

Florian ( 13 )

Chloé jeune jolie
Et surtout fort coquette
Chaque matin se mettait au travail
J’entends à sa toilette
Une abeille étourdie
Arrive en bourdonnant
La belle appelle au secours
Le monstre ailé se pose
Aux lèvres de Chloé
Celle-ci s’évanouit
La servante en fureur
Se dispose à écraser d’une tapette
Le monstre sur les lèvres de Chloé
 » Hélas », s’écrie l’abeille, « j’ai pris cette jolie bouche
Pour une rose… »
A ce seul mot Chloé reprend ses sens :
« Faites-lui grâce, elle n’est pas méchante »
Que ne fait-on passer avec un peu d’encens ?