Florian ( 12 )

Le jeune gardait les vaches de son père
Il s’ennuyait tout seul
Un garde-chasse épuisé sort du bois
Le jeune lui propose gentiment de chasser à sa place
A condition qu’il garde ses vaches
Le garde accepte en s’épongeant le front
Le jeune appelle son chien qui quoique à regret
Le suit dans la forêt
Le chien Sultan bat les buissons va vient sent arrête
Le jeune croit voir un sanglier il tire et blesse son chien
Suivant Sultan qui crie il revient à la prairie
Le garde est endormi les vaches sont parties
Suivant le chien qui gémit
Le jeune rentre chez lui
Son père lui dit :  » A chacun son métier
Les vaches seront bien gardées »

Hommage à Pierre Matthieu

Pierre Matthieu, d’abord ligueur, se rallia à Henri IV :

La vie n’est que comédie
Où la mort seule est tragédie
La galère est la vie
Nous sommes les forçats
Dont la mort est le port
Où se couche la mort
Là se lève la vie
Là où le temps n’est plus
Là est l’éternité
L’homme est au monde
Ainsi qu’au cabaret
La joie abonde
Le temps dure peu
Et puis on paye
Et on s’en va

Florian ( 11 )

Un chien vendu par son maître
Brisa sa chaîne et revint
Au logis qui le vit naître
Le chat ému plaida sa cause
« Qui croyez-vous sera davantage votre chose ? »
Le maître accepta de racheter le chien
Le chat dit à son copain canin :  » Je te vois tout content
Rien qu’au frétillement de ta queue
Tu ne te demandes pas pourquoi on nous aime ? »

N.B. : Une fois de plus je ne suis pas d’accord avec Florian

Shameron

Shameron ( prononcer comme vous voulez ) est un bellâtre qui montre partout son torse nu. Il porte des collants, jaune à gauche, bleu à droite, et au milieu une coquille rouge. On murmure qu’il voudrait bien montrer son zizi. Il est censé faire du trapèze, il se contente de se balancer poussé par son compère, le chétif Ellehaddad ( prononcer comme c’est écrit ). Shameron peut ainsi montrer à tous et à toutes sa coquille rouge.

Florian ( 10 )

Deux frères se partageaient un jardin
Obtenu par héritage
L’un bêchait arrosait semait plantait
Suivant son savoir et suivant les saisons
L’autre bel esprit beau parleur
Restait plongé dans ses bouquins
A la fin de l’année l’un fut obligé de nourrir l’autre
L’un ne pouvant faire bombance
Se plaignit juste un peu
L’autre lui montra quelques recettes agronomiques
Dont des plantes nouvelles
Et même quelques roses
L’année suivante l’un se mit à la lecture
L’autre au bouturage et au bêchage
Ils vendirent sur le marché

N.B.: Ma morale est à l’opposé de celle de Florian

Florian ( 9 )

La mort n’est pas la reine du monde
Mais elle voudrait le croire et le faire croire
Elle convoque sa cour
Pour nommer un bon premier ministre un bon vizir
Les maladies se présentent en groupe innombrable
Elles sont bien accueillies
La guerre s’avance en force et en pompe
Elle prend place fièrement à côté du trône de la mort
Un pauvre couple s’avance modestement
Intempérance et saleté
Soit manque de salubrité
La mort se dresse toute joyeuse :
« Je vais donc avoir deux premiers ministres »

Hommage à Gautier ( 2 )

Théophile Gautier, déjà cité le 2/12/2013, n’est pas de mes poètes préférés et pourtant :

A Venise babille et fourmille le carnaval
Bariolé comme son héros Arlequin dont le masque est noir
Il amuse quand il rosse son acolyte et souffre-douleurs Cassandre
Le blanc Pierrot cligne de l’oeil
Et bat de l’aile avec sa manche
Le Docteur de Bologne rabâche
Polichinelle saute en l’air derrière son grand nez
En emportant sa bosse
Scaramouche se fend d’un baiser qu’il envoie à Colombine
Blanche et pure
Il est bien d’autres personnages dans la commedia dell’arte
Les dominos ne laissent voir qu’une oeillade en coulisse
J’aperçois une mouche au bas d’un menton délicat
C’est elle ! C’est elle !!

Hommage à Arvers

Il a été fait allusion à Félix Arvers le 18/11/2013 .
On ne connait généralement du sonnet d’Arvers, « Mes heures perdues », imité de l’italien, qu’un seul vers, le premier : « Mon âme a son secret, ma vie a son mystère ».
Très tôt le jeune Dhoquois, translateur avant l’heure, avait transcrit : « Mon coeur a son secret, mon âme a son mystère »

Cet amour éternel en un instant conçu
Je l’ai tu
Celle qui l’a aidé à naître
N’en a rien su
Je restais à ses côtés solitaire
N’osant rien demander et ne recevant rien
Elle va son chemin douce, tendre et distraite
Entourée d’un murmure d’amour
Dont le mien qu’elle n’entend pas
Si elle lit ces vers elle dira :
« Quelle est donc cette femme ? »
Elle ne comprendra pas

Florian ( 8 )

Le calife était bon et le vizir méchant ce qui le rendait très utile
Masquant l’entrée du superbe palais califal
Une étroite chaumière, antique et délabrée
Abritait les derniers jours d’un vieillard oublié
Content de son sort chantonnant presque toute la journée
Le vizir propose qu’on abatte la maisonnette
Sans autre forme de procès
Le calife veut que d’abord on l’achète
Le vieux refuse tout net
« Je suis bien ici je n’ai nulle part ailleurs où aller
Je veux mourir ici où je suis né
Et où est mort mon père »
Le vizir voulut punir le téméraire raser sur le champ sa chétive maison
Le calife l’arrête : » Ma gloire et mon pouvoir tiennent à la durée
Je veux que nos descendants en voyant le palais
Disent : « Il fut grand »
En voyant la chaumière restaurée à mes frais
Disent : » Il fut juste »

Hommage à Florian ( 7 )

Une carpe de Seine
Dans l’heureux temps où il y avait encore des carpes en Seine*
Faisait la leçon à ses carpillons qui l’écoutaient à peine
« Suivez le fond de la rivière
Craignez la ligne du pécheur
L’attaque surprise de l’épervier »
C’était au mois d’avril
La fonte des neiges enfle le fleuve
Qui inonde la campagne
Les carpillons s’exclament :
« Qu’en dis-tu, carpe radoteuse ?
Nous voilà citoyens de la mer orageuse »
« Ne croyez pas cela », dit la carpe mère
« Ce qui se fait en un instant
Se détruit en un instant
Suivez toujours le fond de la rivière »
« Bah ! » crient les carpillons
« Tu répètes toujours les mêmes discours
Tu ne vois même pas le déluge universel »
Nos étourdis se répandent dans la campagne inondée
Le flot se retire les poissons furent bientôt pris
Et frits
On se croit toujours plus sage que sa mère

*La Seine, près de sa source, abrite des poissons bien vivants