Hommage à Florian

Florian est le meilleur fabuliste français, après La Fontaine bien sûr :

La Vérité sortit un jour de son puits toute nue
Ses attraits étant quelque peu détruits
Elle faisait fuir le monde à la ronde
Survint la Fable richement vêtue
La Vérité se plaint : « Je me gèle
Personne ne veut me donner une retraite »
La Fable la rassure : « A votre âge, ma soeur,
On ne se montre pas toute nue
Je vous prête quelques vêtements
Chez le sage, grâce à vous, je ne serai pas rebutée
Chez les fous, grâce à moi, vous ne serez pas maltraitée »

Nudités

Nus, les êtres humains restent habillés.
« De minimis non curat praetor ». Le préteur, le plus haut juge romain, ne s’occupe pas des petites choses. La formule a été reprise par Hegel et le général de Gaulle. Voire.
Il ne faut pas se fier aux apparences.
Le problème est qu’il n’y a que des apparences.
A partir de 1980 je suis entré dans l’histoire à reculons. J’avais vieilli, j’avais grossi, mon université avait vieilli de cent ans en dix ans, nous avions changé d’époque.
Ce que je croyais être ma force stratégique s’est révélé erreur tactique.
Il ne faut surtout pas nier son époque.
Il faut éventuellement lutter contre elle.
Les priorités changent. Aujourd’hui il faut sans doute célébrer en priorité les migrations et le métissage.
Faute de mieux prouvons le mouvement en marchant.
Le bonheur rend paresseux.
Frères soeurs camarades, marchons, marchons !
Evitons la désublimation répressive. Sublimons quand il le faut. Ce qui est fréquent.
La sublimation est le propre de l’homme.
Pas de sexualité, pas de sensualité sans idée, sans idéal.
Le sexe donne des idées. Il ne fait pas exprès.
Le peuple est clinquant, brille par son mauvais goût ? D’abord, ce n’est pas vrai. Le bon peuple a découvert Louis de Funès avant les intellos.
Le peuple peut être heureux et intelligent.
Marchons, marchons !

Hommage à Marot ( 3 )

Clément Marot sera toujours délicieux. La dernière fois où je l’ai fêté, c’était le 30/11/2013 :

Au printemps de ma jeunesse folle
J’étais l’hirondelle qui vole
J’allais dans la forêt sans crainte du loup
Parfois pour ne cueillir que le houx
Combien de fois aux arbres j’ai grimpé
Pour jeter des fruits bien murs
Aux copains qui tendaient leurs chapeaux
J’égrenais des notes sur un chalumeau
Plus tard j’entonnais la musette
Maintenant que je suis en l’automne
D’un côté je vois l’aronde
Etrangement voler partout à la ronde
M’avertissant de la froide venue
De l’hiver qui la terre dénue
De l’autre je ressens la bise
Qui déjà m’introduit en hiver
O bonté souveraine ! L’hiver
S’apprête à neiger sur ma tête
Mais j’ai bon refuge et bon feu
Je m’en vais dépendre ma musette
Que j’ai à un chêne pendue
Je vais chanter l’hiver en toute sûreté
Plus haut et plus clair que l’été

Gloire

Gloire d’ Hétéro ? :

Un homme seul avec sa gloire, c’est odieux
Place ta gloire en ton voisin plutôt qu’en toi-même
Que la femme aime la gloire et l’homme la vertu
La gloire est un cercle qui s’élargit jusqu’à disparaitre
La gloire oblige à travailler pour autrui
La gloire débarque et rembarque
La gloire de l’argent, la gloire de la beauté sont périssables, seule dure la gloire du mérite
La gloire tient au hasard et au crime
Sur le marché de la gloire, des prix sont à la hausse, d’autres à la baisse
Il n’a de gloire que posthume
Si nous sommes tous glorieux, il n’y a plus de gloire
La gloire est un rêve qui en éblouit plus d’un
Le temps n’est plus, mais on parlera de la gloire encore bien longtemps
Tout ça n’est pas glorieux
« Sic transit gloria mundi » Ainsi passe la gloire du monde
Où est la gloire de mon père ? Et celle de mes aïeux ?
Vain Dieu de vain Dieu !

Hommage à Jean Cayrol

Cayrol fut un humaniste de son temps, souvent si peu humain, le XX° siècle :

Les ombres me laissent plein de givre dans les yeux
J’attends la revanche du silence sur le cri
Je ranime l’hiver Je souffle sur le feu
J’effraie mes ombres
Je sais poser le bol et le pain
J’accueille le jour qui sait déjà qu’il est né
Mes ombres m’apprennent à me tenir debout
Je suis lourd dans l’amour léger dans les larmes
J’ai été un enfant dans l’enfance des armes

Hommage à Blaise Pascal

L’homme n’est qu’un roseau, mais c’est un roseau pensant.
Un rien l’écrase. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait plus noble que ce qui l’écrase parce qu’il sait qu’il meurt tandis que l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien.
La dignité de l’homme consiste en la pensée.
Elle consiste aussi dans la reconnaissance par une autre pensée.
La dignité de l’homme qui se sait misérable est de savoir qu’il est misérable.
L’homme sans pensée ne serait qu’une pierre ou une brute.
La pensée humaine est grande par sa nature, basse par ses défauts.
Le malheur de l’humanité vient de ce que sa sottise est pensée.
Il faut montrer aux hommes qu’ils sont égaux aux bêtes, mais aussi qu’ils ont leur grandeur qui est la pensée.
Il ne faut pas montrer la grandeur sans la bassesse, ni la bassesse sans la grandeur.
« L’homme n’est ni ange ni bête et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête ».

N.B. : Un premier hommage à Blaise Pascal a été rendu le 21/5/2013

Tacot

Tacot est mince, de taille moyenne. Rien ne semble d’abord le distinguer. Puis il se met à parler. Il parle toujours la bouche pleine. Quand on se rapproche de lui, il faut bien dire qu’on sent comme une odeur de merde. Le résultat est que tout le monde s’écarte de lui sur la piste. Le pire est que Tacot continue à parler. Il est atterré. On ne sait pas pourquoi, de quoi. Tacot est atterré. Les artistes sur la piste dessinent une jolie chorégraphie d’évitement qui est l’un des clous du spectacle.

Hommage à Fénelon

L’évêque Fénelon était un « oppositionnel » face à Louis XIV :

Les dauphins semblaient parés d’or et d’azur
Ils soulevaient les flots et leur écume
Puis venaient les tritons qui sonnaient
Dans des conques recourbées
Ils entouraient le char de la déesse de la mer
Il était trainé par des chevaux marins
Plus blancs que neige les yeux enflammés la gueule fumante
Char et chevaux laissaient un vaste sillage dans les flots
Le char de la fille de l’océan était une immense conque
Plus blanche que l’ivoire Ses roues étaient d’or
Il semblait voler sur la face des eaux paisibles
Derrière lui nageait une troupe de nymphes couronnées de fleurs
Leurs beaux cheveux volaient sur leurs épaules nues
Malheureusement la grande conque était vide
La déesse Amphitrite avait affaire ailleurs

Hommage à Vermersch

Eugène Vermersch fut un révolutionnaire, un « communard » :

Souvenir Mémoire Histoire
Cruel silence qui baillonna Paris pendant des siècles
La France outragée ou vendue
Révolution 1789 1792
Pour flétrir les têtes couronnées
Le vent déchainé sur la mer
Une journée de juillet devant le vieil univers
Montait ton verbe Peuple
La populace épique vit à l’horizon
Plein de rires et de voix
Fuir le passé impérial et royal
C’est là qu’elle affirma la force communale !
Dévouements Gloires Fiertés
Ecroulements Sang du peuple
Paris est mort
Sa conscience abîmée
S’évanouit en fumée
Le peuple n’est pas mort
Sa conscience revivra

Le sein et le chat

Nous empruntons à nouveau à Charles Cros :

Blanc et frais est le sein
Tigré est le chat
Le sein soulève le chat
Le chat griffe le sein
Le bout du sein est rose
Comme le bout du nez du chat
L’aisselle intrigua le chat
Puis il bondit vers d’autres jeux
Laissant le sein nu