Mrs. Poohpooh ( prononcer mississ ), Madame Caca en anglais, petite et ronde, est l’envie incarnée. Elle tient à se balader sur la piste pour bavarder avec le maximum de monde et ensuite en dire un maximum de mal. Sa grande force est qu’elle parait inoffensive, insignifiante. On a même tendance à lui faire confiance. Elle pourrait savoir beaucoup de choses, mais elle abîme tout dans sa volonté de dire du mal. On l’envoie rarement balader. C’est presque curieux. L’une de ses armes favorites est de se réclamer de l’empirisme anglo-saxon, ce qui est vraisemblable vu qu’elle est anglaise. Elle parle volontiers de valeurs, de traditions. Son sens de l’observation est aiguillonné par l’envie, mais celle-ci la trouble dans son jugement. Dès que l’un de ses interlocuteurs annonce quelque chose de bien pour lui, elle tourne le dos et disparait. Généralement ça passe inaperçu. Sauf pour le public averti par monsieur Royal.
Volupté
Jean de la Fontaine est toujours plus profond qu’il n’y parait :
Volupté ! Volupté chérie ! Douce volupté !
Sans toi dès notre enfance
Vivre ou mourir nous serait égal
Tu es l’aimant de chaque animal
Quelque fois avec violence
Nous autres nourrissons
Si nous n’étions caressés par d’agréables sons
Aimerions-nous les chansons ?
Dans la gloire le plaisir des sens
N’est-il pas immense ?
Pourquoi sont faits les cadeaux de Nature
De l’aurore aux forêts
Sources de nos douces rêveries ?
Tous les arts sont tes enfants
Même la rigueur que l’on exerce
Sur son propre désir
Est source de plaisir
Volupté, viens chez moi
Tu y trouveras ton emploi
J’aime presque tout y compris
Le sombre plaisir d’un coeur mélancolique
Je te salue, sainte Volupté !
Hommage à Malherbe
La Belle, vous êtes un océan qui
Me condamne au flux et au reflux
Vos yeux votre poitrine
M’inspirent autant qu’ils me désespèrent
Comprenez-vous enfin qu’il me faut de l’amour
Autant que de la beauté ?
Un peu d’amour me suffirait
Vous vous remettez à l’ouvrage de Pénélope
Qui se fait le matin et se défait le soir !
La Belle, vous m’avez fait quelques promesses
S’il vous en souvient, vous n’avez pas de foi
S’il ne vous en souvient pas, vous manquez de mémoire
Quoi ! Vous niez votre engagement ?
Eh bien ! C’est fini ! Je rejoins ma moitié !
Vous me regretterez, la Belle !
Nirvana païen
Louis Ménard fut un ardent républicain au XIX° siècle. Son inspiration religieuse est rigoureuse, ce n’est pas la mienne :
Le désir a pour proie les vivants
Ils volent comme des phalènes
Pour se brûler les ailes
Heureux qui sans désir sans espoir sans amour
Dédaigneux de la vie et des plaisirs
Pratique le dédain de toute chose
Au nom du néant divin
Las des illusions et des réincarnations
Choisit le sommeil sans rêves
S’absorbe dans la source et la fin des existences
La seule immobilité au sein des apparences
l’Etre-Non-Etre
Mais avec bonté
Bon-à-Sec
Bon-à-Sec est grand sans l’être trop. Il a surtout une voix de stentor qui l’aide bien pour seconder Monsieur Royal. il porte une redingote rouge et un haut-de-forme noir. Il se pique d’une culture universelle qu’il ne maîtrise pas, évidemment, mais qui l’aide bien quand même. Bon-à-Sec aime le genre humain, il déteste les misanthropes ainsi que la modernité. Le cirque de la Lune, de ce point de vue, le ravit car en dépit des innovations il reste attaché aux disciplines traditionnelles, certes renouvelées, revisitées. Bon-à-sec n’a que des amis. En tout cas, c’est ce qu’il dit. A noter que cet homme cultivé, presque érudit, ne dit pas : »Je prends mon pied », mais : » je prends mon panard ».
Se taire à deux
Georges Rodenbach est un poète belge de plus et de talent au XIX° siècle :
Le crépuscule est doux
Comme une bonne mort
L’ombre rampe au plafond
Mine de rien on recule
Pour une bonne petite mort
Paysages de mémoire
Paysages de l’âme
Paysages peints
Il s’en faut de peu qu’on regarde
Tomber la neige noire
Silencieux les amants
Entendent le silence de l’autre
Ils écoutent leurs songes
Ils ne sont plus qu’un
Ils ont le même parfum
ils pensent la même chose
Sans se le dire
Hommage à la satire Ménippée
La satire Ménippée fut un acte de raison en faveur de Henri IV :
A chacun Dame Nature
Donne des pieds
A quoi servent les pieds ?
A marcher, puis à courir
A sauter, puis à danser
C’est agréable de danser
Bien danser n’est pas un vice
C’est un honnête exercice
Mais le mieux est de courir
Quand tes ennemis te poursuivent
Celui qui fuit de bonne heure
Peut combattre derechef
Il vaut mieux des pieds combattre
Fendant l’air et le vent
Que de se faire occire ou battre
Pour n’avoir pas pris les devants
Comme disait ma belle-soeur
Tout commence par les pieds
Boudin-bis
La réponse ( non souhaitée ) d’Hétéro a été pour une fois immédiate :
Je ne suis pas sûr que Guy soit un boudinista et encore moins un boudiniste
Je suis certain d’être un boudin
Pipi caca est mon latin
Mais je suis pas si scatologique que ça
Je n’aime rien jusqu’au bout, même pas la Soul ( soul music ), de peur d’être emporté par la passion
Je suis pourtant si passionné que j’en deviens passionnel
Osmose et symbiose sont mes mots d’ordre
C’est raté, surtout avec les humains et en particulier avec Guy, « good guy », brave type, au demeurant
J’avoue avoir été passionné par Amy Winehouse
Je n’aime pas trop les amours d’un jour, y compris en musique, mais je les accepte
Le sexe est sans fin et surtout sans finesse
Il ne faut jamais le laisser sortir tout seul
J’adore le sexe passion, mais je dois avouer que c’est très dangereux
C’est un piège à illusions
On n’a pas besoin de ça
Quand même !
J’adore cette expression : « Quand même ! ».
Il y a toujours du laissé-pour-compte, des laissés-pour-compte
J’ai un problème tout à coup : Doit-on dire adaptif ou adaptatif ?
Ce qui est sûr, c’est qu’il faut s’adapter
Il faut faire attention aux changement d’optique et surtout aux illusions d’optique
Du petit au grand, du grand au petit
Qu’est-ce qu’on voit quand on regarde ? Je vous le demande un peu
Mon effort de pensée ne plait guère aux femmes, ni aux Anglo-Saxons. Je ne serais pas assez empirique
Si ces braves gens savaient la quantité d’expérience qui se cache derrière la moindre de mes lignes
Boudinista
J’ai toujours peur d’être un boudinista
Pas un fashionista
Son équivalent en raté
Comme Paolo Conte, je voudrais inspirer santé et sérénité
La vie est sexe, le sexe est vie
Une sorte de symbole sensuel et vital
Ce que je privilégie, c’est le jugement synthétique a priori
Cher à Kant
Penser à la synthèse dans le même temps que l’analyse
Sous le bruit des paroles deviner la musique
Les femmes ont eu le bon goût de ne pas inventer la misandrie, l’équivalent contre les mâles de l’affreuse misogynie
Leur esprit de finesse nuit-il à leur esprit de géométrie ?
Finesse géométrie, distinction que je dois à Blaise Pascal
De toutes manières il n’y a de vérité que d’interprétation, de finesse dans l’interprétation
Dans les choses humaines l’esprit de finesse est essentiel et peut même quasiment se suffire
La finesse ne se définit pas
Le bonheur est-il fallacieux ?
Le sexe est-il sans fin comme dans une mauvaise plaisanterie ?
Le sexe s’épuise vite, son obsession est inépuisable
Un signe d’amour est-il de ne pas parler d’amour ? Mais d’agir en conséquence ?
La personne intelligente ne doit pas chercher à être aimée par les cons ? C’est oublier qu’ils sont largement majoritaires, les cons affirmés comme tels
On ne comprend jamais qu’à demi-mot
Nous sommes savants de notre ignorance
Quand on a toujours raison, c’est qu’on a toujours tort
Hommage à Krysinska
Marie Krysinska fut à la fin du XIX° siècle une poétesse chansonnière :
Le long des boulevards
Les fenêtres étoilent les maisons
Le soleil les épanouit comme des fleurs
Elles évoquent des mondes et d’autres
Rêves frileux Exquises paresses
Confidences muettes Voluptueuses songeries
Fenêtres vides comme des yeux d’aveugles
La dernière fenêtre au bord du toit
Avec son pot de géranium chétif
Parfois le ciel la teint tout en bleu