La Belle

Charles van Lerberghe m’a inspiré depuis son XIX° siècle belge :

Un peu de rêve
Un peu d’amour
Autour du front des lys
Une vie fragile et brève
C’est si doux à souffrir
Dans le matin calme
La Belle a clos ses yeux
Au fond de mon esprit
Je l’ai baisée sur la bouche
Elle m’a souri
Avant de s’éveiller
La Belle au bois dormant
La Belle au bois joli

Hommage à Lamartine ( 3 )

J’ai l’audace de toucher au grand homme. Je l’avais déjà fait le 15/12/2013 et le 7/12/2013 :

Mon coeur lassé de tout sauf de l’espérance
N’importunera plus le sort
Ma vie qui doit tant à l’enfance
Crée
En attendant la mort
Dans l’étroit sentier de l’obscure vallée
Les ombres entremêlées
Me couvrent de silence et de paix
J’entends des murmures
Je perds mon nom
Comme un enfant bercé par une chanson monotone
Je m’endors
Je ne vois plus que l’onde des cieux
J’ai trop vu, trop aimé dans ma vie
Non ! Ce n’est pas possible !
On n’aime, on ne voit jamais trop !
D’où me vient ce goût de l’oubli ?
La recherche éperdue d’une félicité fausse ?
Mon coeur est en repos
Mon coeur a fait silence
Le bruit lointain du monde expire
Je vois la vie à travers un nuage
Même mes songes sont du passé
Je secoue la poussière de mes pieds
Je ne repasse jamais par le même chemin
Je ne descend plus le sentier des tombeaux
L’amitié m’a trahi La pitié m’abandonne
Il me reste des amis Je n’ai pas besoin de pitié
Quand tout change pour moi
La nature est identique à elle même
Le même soleil se lève tous les jours
Je fréquente l’ombre
J’en fais une amie
Je vole dans les plaines de l’air
Je glisse sur les rayons dorés
Je chemine sur le sentier caché
Comme le cerf j’attends la saison du rut

Loisir et liberté

La devise « Loisir et liberté » m’a été confiée par le sieur Bonaventure des Periers, valet de chambre de Marguerite de Navarre :

Loisir et liberté :
Devise du poète
L’un ne se passe pas de l’autre
Le loisir sans liberté
Est fainéantise et ignorance
La liberté sans loisir
Est mécanisme et sécheresse
La liberté donne au loisir
La durée et l’esprit
Le loisir donne à la liberté
Sa chair et sa tendresse
Loisir et liberté
Telle est la devise du poète

Le pays magnifique

Ces quelque vers ont été inspirés par André Fontainas d’avant et après 1900 :

Lorsque tu t’en revins du pays magnifique
Tu égrenais tes souvenirs ainsi qu’en un collier
Tu disais l’avril ardent en ces terres oubliées
Au bord des mers heureuses
Hantées par des géants
L’air libre de la nuit épanouie
Ah ! L’air libre !
Ah ! Les joies des avrils parfumés !
Miroir d’astres en la démence des sortilèges
Vive le temps !

Hommage à Gilbert

Le jeune Nicolas Gilbert fut très déçu par les « philosophes » du XVIII° siècle. Certains voulurent y voir un « poète maudit » pour son spiritualisme :

J’ai révélé mon coeur à l’innocence
Ma conscience s’est armée de constance
Je souhaite que la haine que me vouent quelques-uns
Me serve de tremplin
Je n’en veux pas à ceux qui ont été trompés
Dans leur simplicité
Je désire pardonner
A tous ceux qui sont faibles dans le malheur
Je voudrais ranimer la pitié, la justice
Et surtout la foi dans l’incorruptible avenir
Je souhaite revoir tous ceux qui m’ont fait leurs adieux

Kakou

Kakou est grosse, très ronde, de visage aussi. Sa face blanche est rehaussée par des fards violents. Elle porte des vêtements bariolés.
Elle se pique de psychanalyse. Elle en parle tout le temps. Elle caquète intensément. Elle circule sur la piste pour parler à qui veut l’entendre. Ces derniers temps elle répète qu’il faut verbaliser pour dire qu’il faut s’exprimer, se confier.
Quand le spectacle bat son plein, on lui adjoint deux ou trois nains dont le seul travail est de tourner autour d’elle en faisant sembler de l’écouter. Mais les nains se font rares et coûtent cher. Pendant un temps elle a été suivie comme son ombre par une dame pâle qui a disparu sans laisser d’adresse.

Hommage à Bouilhet

Louis Bouilhet fut l’ami de Gustave Flaubert :

L’Europe fut une nymphe
Emportée sur un taureau
Pour découvrir les rives
De son futur continent
La mer baisa ses pieds rebelles
Le vent effleura ses cheveux
Un autre taureau cruel
La livra aux tempêtes
La plongea dans les vagues
Elle tint bon les mains crispées
Sur les cornes d’airain
Elle attend aujourd’hui
La retour du taureau dépassé
Signal pour un nouvel avenir

Hommage à Ponchon

Raoul Ponchon fut, autour de 1900, un poète journaleux :

J’adore l’absinthe
La boire, c’est humer l’âme des bois
En leur verte saison
C’est entr’ouvrir la porte des cieux
Son paradis est certes vain
Mais il me fait supporter la vie
Qu’importe qu’il m’apporte la mort

Péchés

Ce texte est de moi seul. En aucune manière Hétéro Clite n’y a participé :

Péché véniel péché mortel
La moindre peccadille est péché mortel
Il n’y a que des péchés mortels
Péchés mortels contre la logique
La logique notre suprême pensée
Car elle légitime et justifie toutes les pensées
Mais nous sommes superficiels
Surtout quand nous nous croyons profonds
La logique et nous ça fait deux
Surtout quand il s’agit de nos émotions, de nos sentiments, et encore plus de nos passions
On ne peut pas tout dire, on ne peut pas tout se dire
On parle souvent à faux
Parfois on parle pour ne rien dire
C’est la fonction « phatique » du langage
Parler pour parler
Parler, c’est traduire
Traduire des réalités par ailleurs inexprimables
Autres que le langage
Traduire ou translater ?
Traduire un peu et imaginer beaucoup
Il faut bien sans cesse s’adapter et adapter
C’est ce qu’est censé faire un intellectuel normal, c’est-à-dire un con qui a peut-être quelque chose à dire
Notre situation est souvent paradoxale
Un comble de philosophie ressemble fort à une absence de philosophie, c’est-à-dire la sagesse
Un poème traduit, on perd le suc, la musique, pas le sens qui est essence, mais pas l’unique
Il arrive qu’un coin de génie ressemble à un coin de folie
Le comble de présence confine à l’absence

Hommage à Belleau ( 3 )

Nous aimons bien Rémy Belleau. L’article précédent date du 27/11/2013 :

La jolie brune
Courant au clair de lune
Au bord d’une fontaine
Tomba dans l’eau la pauvrette
Ah ! trop cruelle aventure !
Ah ! mort trop fière et trop dure !
Elle a pied fort heureusement
L’eau vive qui ruisselle
Baigne le petit corps
Qui en demande encore et encore
Le chevalier passant par là
Lui tend les bras
Emoustillé par les seins nus
Sous la chemise humide
O chose trop admirable !
Chose vraiment pas croyable !