Hommage à Mac-Nab

On entendit Maurice Mac-Nab, « chansonnier », au « Chat Noir » :

J’adore les enfants quand ils sont tout petits
Dans le ventre de leur maman
Leurs crânes immenses d’extra-terrestres
Leurs fronts démesurés
Leur attitude rêveuse
Leurs yeux perpétuellement clos à travers lesquels ils regardent
Leurs mains ah! leurs mains ! si délicates, si fines
Une dentelle immobile
Les embryons ne bougent guère
Sauf parfois pour donner un coup de pied à leur mère
Certains joignent leurs pouces
Certains lèvent les yeux en l’air
Ils ont la bouche entrouverte
Enfants de riches ou de pauvres ils se ressemblent
Ils passent leur temps à boire
Une morale approximative pour finir :
Les foetus sont bien foutus

Hommage à Delille

Jacques Delille, à la fin du XVIII° siècle eut le mérite d’être poète en un siècle critique :

Observez du vert les infinies nuances
Plus sombres ou plus gaies
Surtout à l’automne
Au bord de se flétrir
D’autres couleurs apparaissent
Le pourpre l’orange l’incarnat l’opale
Cet éclat marque la décadence
Bientôt les aquilons jonchent les bois
Des feuilles dépouillées
Elles volent un instant
Pour le plaisir du promeneur solitaire
J’aime mêler mon deuil au deuil de la nature
Le mien s’estompe déjà
Mes yeux ne s’humectent plus de larmes délicates
Le deuil de la nature attendra bien le retour des beaux jours
J’adore la tendre mélancolie de l’automne

Education nationale 3

Trois commandements possibles :
1) mettre en valeur la diversité
2) entretenir la joie des enfants
3) mettre le numérique au centre
Deux autres :
1) Privilégier l’anglais ( après le français )*
2) Former les formateurs.
Les activités dites péri-scolaires sont appelées à devenir fondamentales, en particulier les sports et les arts. D’où l’importance des formateurs dans ces disciplines.
J’entends les « arts » au sens ancien, y compris les arts mécaniques. Il n’y a pas pour moi de travail uniquement manuel. L’apprentissage est bien entendu fondamental.

*Pour que les langues soient vivantes, il faut qu’elles soient parlées

N.B. : Le deuxième article sur l’éducation nationale a été publié le 1/12/2013

Hommage à Guillaume de Lorris

Guillaume de Lorris fut « courtois » et même « précieux » au début du XIII° siècle :

A une rivière je m’adresse
Jolie gaie et pleine de liesse
D’un tertre ombragé
Descend l’eau à grands flots
Elle est claire et froide
Je me rafraichis le visage
De l’onde si sage
Je vois le fond
Couvert de gravier
A la surface j’aperçois une prairie
C’est le pré qui s’étend jusqu’au bord de l’eau
La matinée était claire et sereine
Il faisait beau temps
Je m’en allais parmi le pré
En remontant l’eau vers sa source
En flânant sur le rivage

Humain

Mon désir est d’être humain parmi les humains
Est-ce à dire que je souhaite être con parmi les cons, nos chers connards ?
Le spectre de Javert me poursuit
Et si notre passé restait un passif ?
Sans prescription, sans pardon ? !
Amour, foi, espoir ! une trinité chrétienne, d’un autre genre que la Sainte Trinité, Dieu, le Fils, le Saint-Esprit
Amour et espoir, oui ! Mais la foi ? La foi en l’humain ?
Etre humain demande tellement de qualités. A moins qu’être humain, ce soit justement manquer de qualités, de qualité ?
L’idéal serait de prendre le meilleur de chacun et d’abord de soi
L’égalité en droit, oui, comme l’a imposé Abraham Lincoln
L’égalité devant le mystère de l’Etre, de l’être de chacun, encore oui
Mais de fait, en qualité, non
Il apparait inhumain que nous soyons tous, non seulement semblables, mais égaux dans nos caractéristiques, nos capacités
Nous sommes pris dans une nécessité aveugle, il convient de ne pas lui donner sens. Et pourtant ?
Socrate ne peut pas avoir toujours raison. Ce serait inhumain. Du reste il rencontre beaucoup d’apories
Ulysse a montré que la parole est aussi mensonge, que l’intelligence est aussi ruse
La politesse est la vertu des apparences, c’est donc la vertu cardinale car il n’y a que des apparences
Nous sommes des apparences et d’abord pour nous-mêmes

Hommage à Jean Follain

Jean Follain aimait la place des Vosges à Paris en plein XX° siècle :

Vis écrous tourne-vis marteaux
Je vous ai adorés gamin
Je vous aime encore
Vous libérez le monde
Tout peut s’écrouler
Tant que vous serez là
Il sera possible de reconstruire
Mais il suffit de vous toucher
Pour sentir le monde inéluctable
N’importe
Je salue les grands clous qui fulgurent

Hommage à De Magny

Olivier de Magny était actif vers 1550 :

N’aurons-nous pas la paix ?
Sur notre terre règne toujours la guerre
Tumulte tonnerre rage sang
Une vie ravie est perdue à jamais
Nos princes entendront-ils
La simplicité de mon cri ?
Non, évidemment
Ils n’ont qu’une seule excuse
Il y a pire qu’eux

Hétéro Clite répond

Hétéro-Clite a fait valoir un soi-disant droit de réponse :

J’ai fait confiance au chef Je m’en excuse
J’ai parfois des sentiments violents je m’en excuse
Il faut de tout pour faire un monde mon monde
Je sais ce que je veux : Qu’on me foute la paix !
Je suis ce que je suis et c’est très bien comme ça
J’aime faire la causette on ne m’enlèvera pas ça
Le bonheur c’est être bien se sentir bien
Il est vrai que je ne fuis plus la tristesse dans la volupté
Je l’ai échangée pour le loisir et quelques plaisirs simples
Mon seul regret : ne pas transmettre ce sentiment à autrui
Tout bonheur est lointain sauf le mien
Les copains ont même renoncé à être heureux
Je sais que s’ils ne l’ont jamais connu ils en sont moins tristes
Un obstacle de taille est qu’ils souhaitaient trop être heureux
L’excès de bonheur est hostile au bonheur
En attendant le suis un arc-en-ciel
J’admets qu’à des moments je suis tout fiel
Qu’à d’autres je suis tout miel

Hommage à Valéry

Paul Valéry est enterré à Sète :

J’aime les colonnes grecques je n’aime pas les romaines
Les Grecs ont maitrisé l’illusion pour que leurs colonnes fassent droites
Les Romains comme souvent sont restés sommaires
Colonnes égales radieuses grâces studieuses
Hymnes candides vous chantez pour les yeux
Sourires sans figure antiques jeunesses
Vos finesses naissent par les nombres
Je regarde le stylite muet faire de vous une église