Hommage à Lamartine ( 2 )

Je me permets, tout en l’admirant, de prendre le contrepied de l’éminent poète :

A l’ombre du vieux chêne au coucher du soleil
Je regarde souvent la plaine
Ici le fleuve écumant s’enfonce dans l’obscurité du lointain
Là le lac dort sous l’étoile du soir qui brille dans l’azur
je joue l’indifférent
Mais quelque chose m’émeut infiniment
Serait-ce le bonheur ?

Hommage à La Boétie

Il était difficile de ne pas saluer l’ami de Montaigne :

La chaleur altérée du soleil a jauni les prairies
Il se retire enfin
Ma jeune épousée et moi tout aussi juvénile
Sous la fraicheur d’une douce soirée
Nous nous égarons dans la forêt
Epaisse solitaire sauvage
Sous la lune insolente la verdure sombre
Couvre de l’amour le parfum de notre âge

Hétéro parano

Je me demande si Hétéro Clite n’est pas paranoïaque. Serait-ce moi qu’il prend pour son vainqueur ?

Le nom de mon vainqueur ne restera pas dans l’Histoire
Alors qu’il m’a foulé aux pieds
Il étale sa vanité alors qu’il n’a réussi presque rien
Pourtant je n’ai fait le mal ni en public ni dans mon secret
Ce n’était pas parce que j’aurais craint le couple terrifiant
De la douleur et de la souffrance
Je n’étais ni glouton ni avare
Je ne manquais pas de goût fût-il vestimentaire
Mon goût bien au contraire allait jusqu’à l’amer
Je pensais sans grand mal accéder au paradis
Des hommes vaillants et vertueux
Et voilà que je suis ramené brutalement
A mon humble condition de pauvre miséreux
Sans esprit et sans âme

Hommage à Marceline ( 3 )

Marceline Desbordes-Valmore fut bouleversée par la répression de la révolte lyonnaise des canuts en 1832. Notre premier hommage à la grande poétesse en témoignait déjà le 30/10/2013 :

Les femmes des canuts sont désormais des veuves
Elles n’ont pas d’argent pour enterrer leurs morts
Les prêtres fixent le prix des funérailles
Les corps étendus troués par les mitrailles
Attendent un linceul une croix un remords
Le meurtre est roi Le vainqueur sifflote et passe
Il est pressé de toucher la prime du crime
Nous, les femmes en noir, pleurons les larmes du sang
On nous a défendu d’emporter nos martyrs
Leurs pauvres débris sont là en monceau
Ils étaient tous sans armes

Dormir

Philippe Desportes, poète officiel au XVI° siècle, m’a inspiré quelques vers :

Sommeil, fils de la nuit solitaire
Père nourricier de tous les animaux
Oubli salutaire de nos maux
Enchanteur faiseur de rêves
Guérisseur des blessures de l’esprit
Rien ne vaut le sommeil nocturne
Les chevaux noirs de Saturne
Gracieux et malicieux montent au ciel
Témoigner que le doux sommeil
N’est pas image de mort mais de miel
Même les cauchemars nous réveillent
Pour s’oublier aussitôt
En ses horreurs glacées l’insomnie
Est le farouche adversaire
Du sommeil qui nous est nécessaire
Une vie paisible et douce assombrit l’ennemie

Hommage à Deubel

Léon Deubel avant 1914 vécut et mourut pauvre :

Je n’ai rien Je ne suis rien
Pas moins que rien rien
Je suis désargenté je n’ai pas de logis
Je suis pâle et je pleure
Je ne suis pas coupable responsable
C’est de mon fait si je n’ai pas été aimé
Pas ma faute non mon fait
Je n’ai même plus de rêves
J’ai faim et j’ai faim de baisers
Les fantômes de celles qui auraient pu m’aimer
Se succèdent à la queue-leu-leu
J’ai mal à la tête Même l’alcool ne me fait plus de bien
La vie continue la vie recommence
Hélas !

L’esprit libre

L’imprimeur du XVI° siècle Christophe Plantin m’a inspiré quelques vers :

Plutôt que de ressasser mes ratages
Je préfère avoir une maison commode et propre
Des bibliothèques, une télévision, un ordinateur,
Un congélateur où entreposer mes surgelés, ma canne
Un chat une femme fidèle en esprit
Une femme ayant sa raison maîtresse de ma maison
Une fille avenante, des amis aux quatre coins
J’ai choisi de brûler ma vie à feu lent
Avec franchise sans ambition
Ayant dompté mes pires passions
Conservant un bon jugement je l’espère
Ecrivant quelques pensers de préférence en vers
En un mot un esprit libre autant qu’il m’est possible

Hommage à Klingsor

Tristan Klingsor fut « ménestrel » vers 1900 :

Monsieur le professeur
Porte gibus et redingote
Sur son maigre derrière
Il s’assied sur un banc vert
Du square municipal
Il se tourne les pouces
Noircis d’encre violette
Ou les cache sous son gilet
Jaune à fleurs bleues
Monsieur le professeur
A des lunettes cerclées d’or
Sur un nez long d’une aune
Ses cheveux furent blonds
Monsieur le professeur
Pose son front las
Dans le creux de sa main
Monsieur le professeur
Rêve à des vers

Question précieuse

J’ai deux soleils
Les yeux d’Iris
Ils embrassent l’horizon
Ils illuminent le monde
Miracle à nul autre pareil
J’ai deux soleils
Mais l’inconstance d’Iris
Me pose problème
Et si ses yeux étaient des lunes ?
J’aurais deux lunes
Mais quel est le soleil
Qui illumine ces lunes ?
Iris dans un accès de bonne foi
Me dit que c’est moi
Je ne la crois pas
J’y regarde de plus près
Au dessus des lèvres de corail
Des joues pourprines
Du petit nez ivoirin
Les yeux font un effet surprenant
Grâce à une coquetterie
L’un va porte de Vincennes
L’autre porte de Bagnolet
Et si l’un était soleil et l’autre lune ?
Entre gris et vert
Iris me dit qu’ils sont pers
Je m’y perd je me recule je suis vermeil
J’ai retrouvé mes deux soleils

Considérations hétérogènes

Le paradis est là où je suis
le marxisme est mort, vive Marx !
Tout est complexe et contradictoire
Le sens commun est des plus utile dans la vie quotidienne
Nous méritons notre sort
Vivent les bouffées de bonheur !
Vivre, c’est accepter ses échecs
Rien ne t’est du, tout est acquis
Pas de liberté pour les négateurs de la liberté
La liberté controle la liberté
Pas d’espoir sans désespoir
L’espoir est le désespoir de l’instant présent
Rien d’humain ne m’est étranger, sauf ?…
Tout ce qui est grand est rare
On embaume le passé
N’enbaumons pas l’histoire
Ne durent que les pensées dogmatiques ou l’aspect dogmatique de nos pensées les plus critiques
Ne soyons pas bêtement indépendants
L’univers est là où je suis
Il y a une infinité d’autres univers
L’univers est toujours là où je suis
Rien n’est plus important que de s’accepter soi-même ne serait-ce que pour accepter les autres
Il n’est pas terminé le temps de la bêtise
Les forces qui nous animent sont hétérogènes, pour ne pas dire hétéroclites
Aucune ne mérite qu’on se consacre à elle seule ( sauf de façon anecdotique )