Rire jaune à dormir debout
Cueillir la belle étoile
Loger dans les nuages
Tomber du deuxième ciel
Etre l’escampette sur sa branche
Le temps court par quatre chemins
Saisir l’oeil au bond
Jouer triple jeu
La pierre se fend sur un coup de tête
L’anguille sort de la roche
Filer l’amour
S’ennuyer de plaisir
Hommage à Fombeure
Maurice Fombeure eut quelque chose de médiéval au XX° siècle :
Mafflu, pansu, rose
Même sa rapière est chose
Quand il va au combat
Paul-William-Henri, chevalier de Passac
Est perdu sous la lune
Dépourvue d’attraits
Comme un cheval de trait
Qui ne tire plus rien
Dans la paix des villages
Rien n’est sage
Tout se déconcerte
Sur la terre à demi-morte
PWH sait qu’il doit marcher
Vers la mer grise
Aux rives de sel
Mais il est bien perdu
Poésie médiévale
La poésie médiévale est malheureusement très difficile à lire pour un Français moderne. Il ne reste qu’à la traduire, ce qui lui enlève beaucoup de sa verve. Voici un poème de Philippe de Beaumanoir, « jurisconsulte » du XIII° siècle. Le poème est fantaisiste, ma translation l’est tout autant :
Poèmes oiseux :
J’ai vu la mer entière
Se rassembler sur terre
Pour assister à un tournoi
Qui déclara le roi
Maître du monde
De Saint-Omer
A la Saint-Eloi
Le grand Hareng-Saur
S’empara du port
Pendant que deux hommes morts
Portaient une porte
De Boulogne en Beauvaisis
Une vieille toute tordue
Déclara tout foutu
A Cateau-Cambrésis
Il se leva tôt le poulet
De Saint-Paul de la Lotte
Pour devenir le coquelet
Qui dévora la Normandie
De Caen il a fait une gibelotte
Assaisonnée de pommes pourries
Nul n’en mange qu’il ne rie
Le syndrome
Le syndrome qui me préoccupe en ce moment est celui du refus de la parole de l’autre, des idées, de la pensée d’autrui.
Les exemples sont très nombreux. J’ai l’embarras du choix. Un sociologue, qui faisait partie de l’ultra-gauche, m’a dit : « Tu essaies de sauver Marx ». Je lui ai dit : « Marx n’a pas besoin de moi ». En fait Marx fait peur à nombre de gens qui confondent sa pensée avec les horreurs du marxisme. Encore aujourd’hui il est difficile d’être un marxiste indépendant, un « marxien ».
Un syndrome, que j’associe au premier, est la volonté d’égalité à tout prix. Certains n’acceptent pas qu’un collègue, qu’un ami puisse leur être supérieur sur une dimension ou deux.
Les deux syndromes se rejoignent dans leur refus de la différence. Or rien n’est plus important que de reconnaître que nous vivons dans un monde divers, différencié et qui l’est chaque jour davantage.
Conservatisme
Beaucoup de nos gens de gauche répudient avec bonne conscience tout soupçon de conservatisme. Il ne faut pas gratter beaucoup leur progressisme pour trouver un socle traditionnel, parfois odieux comme la condamnation, aux débuts des années soixante-dix, par le leader communiste Jacques Duclos de l’homosexualité et, dans le même temps, du droit à l’avortement par l’organisation officielle des femmes communistes françaises.
Il convient de se souvenir avec Spinoza qu’il est d’abord nécessaire de persévérer dans son être, avec Friedrich Engels que le mouvement de progrès contient des aspects conservateurs de façon dialectique.
Une illustration de conservatisme progressiste est donnée par l’histoire des Etats-Unis, leur constitution, les principes de celle-ci et, particulièrement, par l’action et la pensée du président Abraham Lincoln qui s’appuyait, plus que quiconque, sur l’esprit de la constitution américaine.
Rappelons que les Etats-Unis sont la nation dont l’histoire est fondée sur sa constitution. Il est vrai que cette constitution était en soi une révolution.
Persévérance
La plupart d’entre nous sont persévérants dans l’erreur. Pourtant la persévérance est elle aussi une grande vertu. La persévérance est alors la continuité dans la vérité, la recherche de la vérité, le combat pour la vérité. Le président Barack Obama a avec justesse attribué cette qualité à Nelson Mandela.
Diplomate
Ma mère me répétait : »Sois diplomate, mon fils ! ». Je ne l’ai guère été sinon de façon passive et souriante. J’admire cependant les subtilités de la politique comme dans le beau film de Spielberg : « Lincoln ».
Ma mère me répétait aussi : « J’ai horreur de ces gens qui ne parlent que d’eux ». Là je l’ai écoutée. J’ai du mal à parler de moi. Il me manque donc le carburant essentiel de nos conversations. J’ai ainsi nui à ma réputation.
Décidément je ne suis guère diplomate. Je ne retiens pas les bonnes histoires, ni les recettes de cocktail. Je voudrais parler de l’essentiel, mais l’essentiel pour la plupart des gens, c’est eux. En parlant de soi, on les autorise à parler d’eux.
J’aurais voulu des conversations sérieuses, de franches discussions. J’admire le bavardage féminin qui est à la longue porteur de beaucoup d’informations, pas seulement concrètes.
Altruisme
L’altruisme est une grande vertu. Elle est malheureusement rare. Généralement on a affaire à l’altruétime, ce qui signifie que sous le souci d’autrui se dissimule la défense de ses propres intérêts.
L’altruétisme est certes très humain.
Rappelons brièvement la position d’Aristote : Il faut trouver la juste voie entre l’égoïsme qui ne pense qu’à lui-même et l’abnégation qui signifie ici la négation de soi-même. il faut en quelque sorte trouver une voie moyenne.
Il reste que l’altruisme est une grande vertu que certains catholiques, certains protestants et d’autres représentent encore aujourd’hui en France.
Modes ridicules
Parmi les modes ridicules que j’ai citées, dont le refus de Blaise Pascal, l’appellation de Venise : « ville morte », la condamnation du concept de « révolution industrielle », le barbarisme « gente féminine » au lieu de « gent féminine », je voudrais ajouter le refus de voir en Magritte un bon peintre.
N.B. : Voir l’article « ridicule( s) » du 8/9/2013 et celui sur Pascal le 21/9/2013.
Patries
L’incroyable Hétéro Clite récidive comme prévu :
La terre nous donne son lait
La terre mère
La terre ne meurt jamais
La terre est la première patrie
On devrait dire « matrie », de « mater », la mère en latin,
« motherland » en anglais
Patrie vient de « pater », le père en latin
« vaterland » en allemand
Les enfants de la terre sont nombreux
Parmi eux les hommes
La terre les enfants le foyer
Voici notre humble et sublime nécessité
Beaucoup d’enfants sur le même sol
Cela donne une patrie
Cela forme un peuple
Le peuple grandit travaille s’instruit
Le peuple grandit encore
Il est divisé mobile parfois versatile
La loi apparait
Le peuple prend conscience de lui-même
Il devient nation
Intérieurs et extérieurs ses ennemis sont nombreux
La nation est armée elle se dote d’un Etat
L’Etat est un
L’Etat est armé pour maintenir l’ordre
Au nom du peuple et de la nation
Au nom de la loi et des lois qu’il confectionne et dont il assure l’application
Cette brève histoire qu’on raconte aux enfants
N’oublie que la lutte des classes
L’Etat est au service de la classe dominante
Il est parfois la classe dominante