Hommage à Jules Laforgue

Jules Laforgue fut-il un pierrot lunaire ?

Noel ! Noel ! La tendresse maternelle !
La liesse que l’on hume !
Je ne les retrouve pas sous ma plume

Dans la petite église dont la toiture s’effondre
Ma jeune madone au doux corsage blanc
Donne son sein à son nouveau-né génial
Au vitrail j’avise un coeur de rubis
Qui se meurt et qui revit
Il parait que l’Enfant est né

J’ai le plaisir de vous annoncer :
Je suis falot, elle est falote
Le train stoppe sous un falot
Sera-t-elle un bon pilote ?

Sous le serre-tête en soie noire
Les yeux sont noyés le cou est raide
La bouche est comme empesée
La bouche rouge comme un géranium
S’arrondit à peine
Une petite larme noire perle sur la joue
Le pierrot est toujours blanc
Ca lui fait de la peine
Sectateur du blême
On ne l’oblige pas à s’exhiber
Pour une fois

Le géranium ne passera pas l’hiver
Grâce à cette demoiselle
Le pierrot sera là l’année prochaine
J’adore le solstice d’hiver
Je préfère l’équinoxe de printemps

N.B. : J’ai rarement à ce point ressenti la supériorité du poète d’origine.

Hommage à Jean Cocteau ( 2 )

S’il vous plait, jouez de la batterie
Il faut que je danse, il faut que je rie
Le nègre dont brillent les dents
Est noir dehors et blanc dedans
Je suis blanc dehors et noir dedans
Le désossé ondulait comme les blés
Devant sa baraque la Goulue
S’étale goulument
J’ai chaud c’est qu’il est minuit
A quelque chose le bonheur nuit
Mon ombre ne me suit plus pas à pas
Je suis un clown un toréador
Pourvu que le soleil me dore !
Je suis un nègre bleu qui boxe
Les équinoxes
La nuit me procure l’enfer
Où je m’enferme

Examen

Examen de conscience :
Ce que je dis sur les formes ne sert à rien, strictement à rien, sinon à me faire du bien.
Je doute, dons je suis, je doute, donc je ne suis pas.
Le doute mène à l’Etre.
La plus belle pensée de la terre ne peut rien contre un caillot de sang.
Le chef est bien là où on le met ( idée de type confucéen ! ? ).
Il est très important de ne rien faire ( pendant un temps ) pour retrouver le goût du faire.
Le capitalisme sert tous les aspects de l’humanité ( les pires comme les meilleurs ).
L’ironie est universelle comme le mouvement apparent du soleil.
On ne touche pas à la religion, seulement à ses excès.
Les formes dissolvent l’opacité de la matière ( en idée, seulement en idée ).
A échelle humaine, où la perfection est imparfaite, il faut en garder l’idée comme pour la beauté.
Nous sommes pris entre les mondes et il faut y rester pour être heureux ( formule étrangement épicurienne ).
La traversée des apparences renvoie aux apparences.
Les apparences renvoient aux formes sans que nous le sachions.
Les formes sont inutiles à la différence des idées platoniciennes.
Les formes sont vraies alors que les idées platoniciennes sont fausses.
Nous ne pouvons rien contre les formes alors que nous pouvons critiquer les idées.
Dans l’univers des formes, dans l’enchevêtrement des formes, le temps est une illusion, mais c’est une illusion absolument nécessaire à échelle humaine ( cette idée n’est pas indienne )
Une approximation des formes est donnée par les idéalités mathématiques ( par exemple les fractales ).

N.B. : Le dernier article sur les formes a été publié le 20/11/2013.
N.B.2 : Un petit article sur les fractales a été proposé le 2/11/2013 et un autre le 7/11/2013.

Chanson

L’adage dit qu' »en France tout se termine par des chansons ». Je dirais que tout commence, se poursuit et finit en chansons. En voici une ancienne, mais translatée :

Ah ! J’ai vu, j’ai vu
Compèr’ qu’as-tu vu ?
J’ai vu un cul-d’ jatte
Qui léchait la chatte
De ma bien-aimée
Compèr’ tu rêvais

Ah ! J’ai vu, j’ai vu
Compèr’ qu’as-tu vu ?
J’ai vu l’ brocanteur
Qui parlait d’ malheur
A ma fiancée
Compèr’ tu rêvais

Oh ! J’ai vu, j’ai vu !
Compèr’ qu’as-tu vu ?
J’ai vu une vache
Jouant de la hache
La Saint-Jean d’été
Compèr’ vous mentez

Oh ! j’ai vu, j’ai vu
Compèr’ qu’as-tu vu ?
J’ai vu un’ grenouille
Tenant la quenouille
De votre moitié
Compèr’ vous mentez

Oh ! j’ai vu, j’ai vu
Compèr’ qu’as-tu vu ?
J’ai vu vot’ p’tit loup
Qui faisait coucou
A ma fille ainée
Compèr’ vous mentez

Hommage à Rutebeuf

Léo Ferré a ressuscité quelques vers du grand Rutebeuf, trouvère du XIII° siècle :

« Que sont mes amis devenus
Que j’ai de si près tenus ? »
Ils étaient trop clairsemés
Et mal semés
Ils m’ont mal servi
Quand je fus assailli
De tous côtés
L’amour est mort
« Ce sont amis que vent emporte »
La mort a pris son content
Mais aussi l’éloignement
Le déménagement
L’ambition
La promotion
Et surtout la vieillesse
Sans doute ai-je ma part
Je ne m’intéresse pas
A ce qui ne m’importe pas
Je porte un masque
D’intérêt poli
Chaud à l’extérieur
Froid à l’intérieur
Je suis comme un mur
Couvert de fleurs
J’en ai admis quelques uns
Dans mon jardin secret
J’aurais mieux fait de ne rien faire
Je suis victime de moi-même
Mon meilleur ami
Est mort
Voilà vingt ans
Rassurez-vous
Quelques amitiés me restent
Je ne suis pas tant à plaindre
Finalement

Hommage à Marceline ( 2 )

Nous avons déjà célébré cette grande femme le 30/10/2013 :

Quand je ne te vois pas
Le temps m’accable
Mon coeur cherche à me quitter
Je reste immobile
Tel un roseau débile
J’ai froid dans mes cheveux
Je dis à voix haute ton nom
Tu parais enfin
Je me sauve vers toi
En te tendant les bras
Je n’ose te parler
Toi mon frère
Moi ta soeur
En esprit
Et dans le coeur

Hommage à Valéry Larbaud

Poète voyageur, Valéry Larbaud fut également l’introducteur de James Joyce en français :

Prête-moi ton long bruit ta belle allure si douce
Ton glissement matinal à travers le pays qui s’éveille
Entre musique et bruit tout glisse sur tes flancs
Chantonnant je parcours tes nombreuses travées
Je remarque des yeux bleus des yeux gris des yeux vifs
Des yeux marrons des yeux éteints des yeux violets
J’entends tes bruits sourds tes cris de chanterelle
Tu ralentis enfin le pays se précise
Tu multiplies les sifflements
Tu as un soubresaut
Tu t’arrêtes
Ta gare est déserte

Passions et raisons

Dans la mer qu’est-ce qui est important ? Ses abysses, ses courants, ses houles, la dernière vague ? On devine que le point de vue changera suivant ce qu’on a à faire de la mer.
Il en va de même pour l’histoire humaine. Elle a ses profondeurs parfois inexplorées. Que reste-t-il en nous du plus lointain passé ? Elle comporte les derniers événements dont certains seront vite oubliés.
L’histoire humaine se déroule à bien des niveaux différents, parfois qualitativement différents. L’histoire longue ne dépend pas de petits incidents ? mais si, elle peut en dépendre. L’histoire d’un homme peut déterminer celle d’une nation. Par exemple, l’histoire d’un savant, d’un écrivain…
Les êtres humains sont divers et complexes. Leurs histoires sont diverses et complexes. Il est vain de les rabattre sur une seule dimension si estimable, si fondamentale soit-elle.
Les êtres humains sont des êtres de raison, ils sont aussi des êtres de passion. Des êtres de savoir, des êtres d’ignorance…
On ne peut les réduire à leurs intérêts que souvent ils ne comprennent pas, ni à leurs passions qui souvent ne les emportent pas.
Tout dépend du contexte, y compris le travail de l’historien.

Programmes d’histoire

L’enseignement de l’histoire pour les plus petits doit commencer par leur histoire familiale et celle de l’endroit où ils habitent. Il y a peut-être des témoins, il y a des vestiges. une usine, un église, une ferme…
Puis l’histoire doit s’élever à celle de la nation en respectant la diversité de ses provinces.
Il devient important de parler des nations voisines, parfois amies, parfois hostiles. N’oublions pas de petits pays à l’histoire fascinante comme la Suisse, première nation démocratique, comme les Pays-Bas, première révolution bourgeoise…
Le panorama doit encore s’élargir jusqu’à toucher à l’histoire universelle pour les lycéens.
Ma présentation est chronologique. Tic d’historien ? Dans la réalité les dimensions s’entremêlent. Les petits connaissent l’existence des Etats-Unis d’Amérique, les grands ne doivent pas oublier leur terroir.

Coeur

Là je dois dire, Hétéro frappe fort :

Ma chère avez-vous du coeur ?
Le mien ne bat que pour vous
Le tien si mignon et si doux
Si faux
J’ai le coeur sans repos
Il est pur sans rides
Aurez-vous pitié de ce pauvre coeur ?
Je suis pauvre C’est la preuve
Que j’ai beaucoup de coeur
La mer l’a lavé
Il conserve des souillures
Il est trop humain pour ne pas être impur
Il s’est beaucoup trompé
J’aurais tant désiré que nous soyons deux
Avec un seul coeur
Vous jugez que je m’étale ?
Votre coeur est dur Votre coeur est cruel
Pourtant lui aussi tremble comme un oiseau
Je le sais je le connais bien
Votre coeur est timide
Ou serait-il lâche ?
Me pardonnerez vous jamais mes peccadilles ?
Je suis tenté de vous haïr
Votre coeur est-il inaccessible ?
Faut-il que je nous laisse aller au gré de la rivière ?
Je déroule mon coeur comme un tapis pour vos pas
Je crains pour vos pieds les épines dont vous le transpercez
Ainsi s’exprimait le poète Hafez que vous ne connaissez pas
C’en est assez ! Je ne parlerai plus de mon coeur, ni du tien
C’est inutile et tu le sais bien
Madame vous êtes et resterez mon étoile lointaine
Laissant mon pauvre coeur accablé de chagrin