Vin de colère

L’ami Hétéro Clite m’envoie ce texte heureusement court :

Bois-sans-soif, l’une des injures du capitaine Haddock
Et si c’était le propre de l’homme de boire sans soif ?
Il en est certes d’autres comme faire l’amour en tout temps ou discourir inconsidérément
Quand on boit on risque d’être ivre
Quand on est ivre on se met aisément en colère
La colère est mauvaise conseillère
Elle détruit même la beauté
Il est hélas de bonnes colères
Des colères à conseiller
Contre l’injustice
Contre les laideurs du monde
Elles sont généralement impuissantes
Certains alors se mettent à boire

Cité et Etat

Les historiens ne disposent généralement que de notions et pas de concepts. Cette carence n’a pas d’importance tant qu’ils se cantonnent dans le concret qui est leur spécialité. Mais, même sans qu’ils s’en aperçoivent, des glissements sont possibles.
Il est de bon ton aujourd’hui de parler systématiquement de Cités-Etats. Mais qu’y-a-t-il de commun a priori entre la Phénicie, disons, du IX° siècle avant le Christ, les Mayas du III° siècle après J.C., les Grecs du V° siècle avant J.C. ? Les Cités certes, mais de quel type ?
On peut faire l’hypothèse que les cités phéniciennes se fondaient sur le commerce pour créer un Etat de type encore archaïque, que les cités mayas se basaient sur l’agriculture pour fonder de mini-asiatismes dans mon vocabulaire. La grande originalité est celle des cités grecques qui ont beaucoup travaillé la question institutionnelle de type aristocratique ou démocratique. Dans les deux premiers cas, il faudrait parler d’Etats-Cités, c’est dans le dernier qu’il faudrait parler de Cités-Etats.
Une preuve, pour autant qu’on puisse parler de preuve dans ce domaine complexe, est donnée par l’histoire de Carthage. Cette colonie phénicienne située en Afrique a suffisamment évolué pour se doter d’une constitution, la seule non-grecque qu’Aristote ait étudiée au même titre que les constitutions helléniques. Garthage était devenue incontestablement une Cité-Etat.

N.B. : La dernière fois que j’ai abordé le thème des modes de production, en association avec celui des formations sociales, c’était le 22/10/2013. Pour les modes de production eux-mêmes voir le 10/10/2013.

Hommage à Théophile Gautier

Théophile Gautier, romantique et classique, fut un véritable artiste :

Avril rit malgré les averses
Et le retour soudain de l’hiver
L’été l’emporte à la fin
Paris devient un désert
Où il fait plus soif que faim

Je connais le triste amour du laid
La vérité, rien que la vérité
Telle est ma devise
Même quand je me rends à Venise
Ville morte
Qui redonne leur beauté
Aux monstres abjects
Misère douleur vieillesse

De retour à Paris j’aperçois
Les pauvres filles de joie
Victimes des proxénètes sournois

La chance me sourit enfin
Je me recueille comme un pingouin
Sur son écueil
Je me raconte avec bonne foi

Hommage à Bernard de Ventadour

Le troubadour Bernard de Ventadour fut peut-être, au XII° siècle, le plus courtois des poètes courtois :

Il est mort
Qui n’a dans le coeur
La saveur douce de l’amour

Le temps va vient et vire
Mon désir est toujours le même
Etre aimé de celle que j’aime

Depuis toujours
Il est perdu l’amour
Qui se donne à l’insensible
Elle n’oublie pas de rire
Quand je crois mourir

J’étale la joie sur mon visage
Quand mon coeur n’est que tristesse
Elle étale du fard sur ses joues
Elle rejoue les princesses

Moi j’ai mon malheur
Pour seul bagage

Hommage à Toulet

Le « fantaisiste  » Paul-Jean Toulet fut un grand poète, en particulier dans sa courte poésie « En Arles ». Je la respecte trop pour y toucher, mais il y en a d’autres :

A Alger j’ai connu Bella
Moins lointaine
Que son amie Lola
Bella je t’ai vue si belle
Dans ton bain
Tu avais un chat gentil
En dépit se son âge
Et de son poids
Le sirocco brûlait les yeux
L’azur était immense
Belle Bella tu es
La dame imaginaire
Dont tout homme a besoin
Tes yeux sont-ils toujours
Couleur du temps ?

Travail dominical

Il est primordial que les salariés disposent au moins d’un jour complet de repos par semaine.
Le dimanche est le jour de repos par excellence dans notre pays de tradition chrétienne. Gardons à ce jour son caractère exceptionnel. Que les autorités s’assurent que les salariés qui acceptent de travailler le dimanche le font librement et bénéficient d’avantages substantiels !
L’égalité doit être maintenue entre les activités de même type, par exemple les magasins de bricolage dont on comprend que les clients aient intérêt à leur ouverture le dimanche.
Devant ce genre de problème concret la souplesse est nécessaire. Il est important d’analyser la diversité des intérêts légitimes. Pensons par exemple aux étudiants qui ont bien besoin de ce revenu dominical …
Ne soyons pas hypocrites ! Beaucoup de salariés sont déjà au travail le dimanche, par exemple dans la restauration.

Scepticismes

Il y a bien des façons d’être sceptique. La pire est celle qui nie le scepticisme, autorisant tous les refoulements, autorisant tous les défoulements.
Doute et scepticisme ont les mêmes fantômes, ceux du doute disparaissent. Ils ont les mêmes fondements, ceux-ci subsistent.
Le doute scientifique a des fondations communes avec le doute dépressif.
Les vrais sceptiques ne mettent pas en doute leur scepticisme. Leur scepticisme en prend un coup. Il en devient faux.
Tu n’es misanthrope que si ton histoire le permet, ton histoire solitaire.
Pas de doute sans misanthropie, certains misanthropes ne s’en doutent pas.
L’ontologie est fondée sur le doute. Si tu cherches l’Etre, c’est parce que tu ne crois pas le connaître.
Pas d’ontologie sans symboles. Il y a un discours de l’ontologie.
Même la vertu a ses contradictions. Même et surtout.
Fondée sur la responsabilité, elle doit s’ouvrir à l’imagination.
La vertu ne se décrète pas. Elle n’est pas du domaine de la loi.
L’humanité sait ce qu’elle doit savoir.
Ne prétendons à rien de nouveau sur l’essentiel.
Il est terrifiant le mal que l’humain fait à l’humain.
Qu’est l’humain ?

N.B. : Quiconque n’aime pas ce genre de réflexions peut ne consulter que l’une des autres catégories de mon blog : Ma vie, histoire, poésie, politique. Mon blog, c’est ma vie. Mais seulement sur cinq dimensions et encore !, avec des obligations de discrétion.
Chacune de ces catégories se subdivise, par exemple la poésie en poésie lyrique, satirique, philosophique…
Yes, you can !

Hommage à Jaufre Rudel ( 2 )

Je remercie le résistant et poète Pierre Seghers dont l’anthologie : « Le livre d’or de la poésie française » m’aide beaucoup, surtout pour la période médiévale. J’ai déjà cité Jaufre Rudel le 20/ 11/2013 :

Si bon est mon chant
Comme l’est son champ
Pour le paysan
Que nul ne l’abîme !
Encor moins le massacre !
Même si ce chant
Qui est le mien
Change à toute occasion
En toute saison
Aujourd’hui il s’adresse
A une dame jamais vue
Toute nue
D’elle je n’ai jamais joui
Jamais de moi elle jouira
Le chagrin d’amour
Ne me tue pas
Mon dard est au repos
Je ne pense presque plus
A la dame que je n’ai vue
Qu’en photo

Hommage à François Coppée

François Coppée se voulut proche des petites gens :

Sous le ciel d’hiver
Entre les grands bâtiments de verre
Et de fer
L’allée est droite et longue
Au bout un soleil large et rougeoyant
Se couche
Pas un oiseau
Un vieillard seul
Très maigre habillé de bleu
Se promène à vélo
Sans prêter attention à l’astre
Qui fond comme un lingot

Les oiseaux se cachent pour mourir

Hommage à Sully Prudhomme

Sully Prudhomme représente le Parnasse scientifique et observateur :

Silencieux sur le miroir du lac profond et calme
Le cygne glisse
Il dresse son long col au dessus des roseaux
Il cache son bec noir dans sa gorge blanche
Il rôde près de la source qui pleure l’absente
Il s’éloigne sur l’eau éblouissante
Il y plonge son bec avec autorité
Quand la nuit surgit noire et lactée
Le cygne s’endort
Calme sur l’eau calme
La tête sous l’aile
Entre les firmaments