Rythme

La musique, c’est du rythme sur du bruit. Peu à peu les rythmes se sont compliqué et les bruits encore plus. La base du rythme est fournie par nos battements cardiaques, sympathiques, mais monotones. Très peu de rythmes musicaux, même très primitifs, restent quasiment identiques au rythme cardiaque. On y ajoute une scansion supplémentaire, artificielle et pourtant naturelle. Je remercie un musicien du XIX°siècle. Vincent d’Indy, un peu oublié aujourd’hui, d’avoir mis le rythme au coeur de sa musicologie. Le jazz, musique fondamentale, a réhabilité le rythme, ajoutant même parfois le piano à sa section rythmique. Depuis les années soixante du XX° siècle, grâce en partie à Jacques Loussier, on a retrouvé le rythme chez Bach. Actuellement, à notre époque pseudo-primitive, le rythme est plus que jamais à l’honneur. Il faut dire que le rythme, c’est la danse.

Hobby

Mon vieux, il faut absolument que tu aies un hobby ! Toi, aussi ma vieille ! Un hobby, c’est un passe-temps en franglais, notre nouvelle langue. Un hobby, c’est une passion qui t’occupe parfois tout le temps, tout le temps que tu as de libre. Il arrive que tu ne penses plus qu’à ton hobby. Il faut dire qu’il peut être n’importe quoi. Du bricolage à l’écriture, du poker à l’entraide sociale, de la charité bien ordonnée à l’humanitaire. Le hobby t’empêche de souffrir de ton vieillissement, de tes échecs. Moi, mon hobby, c’est mon blog, depuis huit mois déjà !
N.B. : Mon vieux, ma vieille, ce n’est pas une question d’âge !

Oligocratie

L’oligocratie serait un système politique dans lequel les dominants sont liés par un pacte d’égalité entre eux. Le meilleur exemple serait la Sparte antique. Les citoyens de Sparte s’appelaient eux-mêmes « Homoioi », c’est à dire les semblables. La traduction reçue est les Egaux, ce qui témoigne bien de ce que nous appelons oligocratie. Les citoyens unis faisaient peser sur les Hilotes, qui pourtant étaient des Grecs, une sorte de servage collectif.
Si l’oligocratie est si rare, c’est que les principes de rivalité et de cupidité de la grande majorité des dominants gagnent leur domination elle même, la transformant en oligarchie.
Un avatar du rêve oligocratique est la « démocratie militaire ». L’armée, les guerriers, prêts au combat, exercent une pression qu’on peut appeler démocratique. Bien sûr les principes de hiérarchie et de discipline, propres au militaire, s’y opposent. L’armée romaine, pendant l’empire, a parfois manifesté une démocratie paradoxale, vite détournée en faveur d’un général victorieux.
A la fin de l’Union Soviétique, la fameuse « nomenklatura » était une oligarchie sous le couvert de la propriété collective des moyens de production, en aucun cas une oligocratie. Le passage pacifique au capitalisme a donné le pouvoir, avec une rapidité foudroyante, aux « oligarques », déjà installés au coeur du système. C’est ainsi que les citoyens russes ont échangé le droit au travail contre le droit au chômage. Il est vrai que le système bureaucratique du capitalisme d’Etat était devenu insupportable, surtout face aux prouesses du capitalisme monopoliste d’Etat, le nôtre.

Mémoire

Ta mémoire t’appartient en propre. Elle est ce que tu as de plus précieux à condition de la travailler, de la rendre intelligente. Laissée à elle même la mémoire se souvient du pire et difficilement du meilleur. « Les histoires d’amour se terminent mal en général », chantait le groupe Rita Mitsouko. Livrée à elle même ta mémoire ne se souvient que de la fin. Fais un effort pour te rappeler la séduction, la rencontre, les bons moments. Tu vieilliras moins vite.

Javert

Javert est, dans les « Misérables » de Hugo, le policier obsessionnel qui ne peut croire qu’un délinquant puisse s’amender. Bergson pensait que notre passé nous accompagne tout entier. Javert avait tort, mais nous avons Javert en nous sous la forme d’une mémoire organique. Ce que nous faisons retentit dans notre corps pour ne jamais s’effacer.
A chaque fois que tu fais le mal, ce que tu juges tel, ce que le sens commun considère ainsi, ta mémoire organique, en dessous du subconscient, le retient. Tu n’as pas intérêt à faire des bêtises.

Translations

« Tradutore, traditore ». Le traducteur est un traître. Dans mes « hommages » je pratique plus la trahison que la traduction. Je suis seul responsable de mes textes. On ne peut en aucune manière incriminer les innocents poètes du passé. On remarque de plus que je n’ose pas toucher aux plus grands. Qu’on n’y voie aucun manque de respect !
Je pratique une forme de commentaire. Le texte primitif me donne l’occasion de rêver à mon tour. Je translate avec beaucoup de plaisir. Le résultat reste parfois proche de l’original, parfois s’en éloigne de beaucoup. La translation est un genre libre. Je le conseille à tous les amoureux de la poésie, particulièrement aux écoliers.
N.B. : On peut se rapporter à l’article du 5/09/2013

Hommage à Eulalie

Hommage à la cantilène de sainte Eulalie ( IX° siècle ) qui est conservée à Valenciennes, premier témoignage d’une langue française qui était encore un créole :

Belle pucelle fut Eulalie ( Buona pulcella fut Eulalia )
Beau corps elle avait ( Bel avret corps… )
Plus belle âme encore ( … bellezour anima )
Les ennemis de Dieu
Voulurent la vaincre
Lui faire servir le diable
Aucune menace
Aucune promesse
Ne la firent trembler

Hommage à Nouveau

Puis-je avouer que Germain Nouveau ( vers 1900 ) m’attendrit ? :

J’aime mes mains
Il est dommage qu’elles ne servent à rien
A part taper sur un ordi’
Ouvrir un micro-ondes
Certes je n’ai pas les mains blanches
Les mains maquillées
Du voisin d’à côté
Je n’aime pas les mains noires
Les mains crevassées
Du voisin de l’autre côté
Nos mains sont fécondes
Elles sont le signe de l’humain
Aimez vos mains
Pour que vos mains soient belles