PCA 88 DF et fin de DF

En voyage la nuit je pense peut-être
Sur la rive une brise légère
Agite le blé en herbe
Le mat de ma barque vacille
Une étoile file
La plaine se déploie
Les reflets de la lune se brisent
Dans les remous du fleuve
Quand mon oeuvre sera-t-elle reconnue à sa juste valeur ?
Vieux et malade
Je ressemble à une mouette des sables
Qui lutte solitaire
Entre ciel et terre *

* Fin des poèmes de Du Fu ( ou Tou Fou )

PCA 87 DF

Je rentre tard la nuit à la maison
Je ne vois pas de tigre sur le sentier
La montagne est noire
Le village est endormi
Les étoiles se penchent à leur balcon
Dans la cour la chandelle à la main
Je fouille des yeux les arbustes ténébreux
De la gorge dans la montagne
Monte le cri effrayé d’un singe
Je suis un vieux aux cheveux blancs
Appuyé sur ma canne je chante et je danse
Je veille toute la nuit
Et pourquoi pas ?

PCA 86 DF

Sur la rive une brise légère
Agite le blé en herbe
Le mât de ma barque vacille
Un étoile file
La plaine illimitée se déploie
Les reflets de la lune se brisent
Dans les remous du fleuve
Mon oeuvre sera-t-elle reconnue à sa juste valeur ?
Vieux et malade je songe à me retirer
Je ressemble à un couteau ébréché
Balloté toujours je ressemble
A la mouette des sables
Qui solitaire lutte entre ciel et terre *

* Fin prochaine de la mini-série Du Fu ( ou Tou Fou )

PCA 85 DF

Qui est ce jeune humain
Sur un bel étalon
Qui saute à terre
Et se laisse choir
Sur mon dernier fauteuil ?
Il ne se présente pas
Et me demande de lui servir à boire !

PCA 84 DF

Le perroquet est accablé
il est séparé de son clan
Ses plumes vives
Ont un peu pâli
Son bec rouge cache
Trop de connaissances
Tu attends en vain le jour
Où l’on ouvrira ta cage
La branche où tu aimais te percher
A pourri et gît sur le sol
Les gens te gâtent
Et te pourrissent la vie

PCA 83 DF

Partout sur les eaux printanières
Autour de ma chaumière
Je ne vois que des vols de mouettes
Le sentier jonché de fleurs
N’a jamais été balayé
Pour vous j’ouvre la porte de jonc
Le marché est loin
Nous n’aurons pas grand choix à manger
La maison est aussi pauvre en boissons
Elle ne peut qu’offrir ce vin râpeux
Souhaitez-vous que j’invite mon vieux voisin ?
Je l’appelle à travers la haie
Et il nous aide à finir la cruche

PCA 82 DF

Les rayons obliques du soleil
Scintillent sur les perles
Brodées sur les rideaux
Les fleurs de printemps
Sont splendides sur les rives
Un parfum enivrant
Monte des jardins
Le long du fleuve
Les chalands immobiles
Allument les feux
Les moineaux piaillent
Farouchement sur les branches
Une nuée d’insectes nous envahit
Qui a inventé ce vin trouble ?
Un verre suffit à dissiper mes chagrins

PCA 81 DF

La fin du printemps
Me brise le coeur
Appuyé sur ma canne
Je regarde l’île fleurie
Les chatons des saules
Suivent la brise trompeuse
Les pétales des pêchers
Frivoles se posent
Sur les eaux qui fuient

PCA 80 DF

Je flâne seul au bord de la rivière
Je suis enivré par l’avalanche de fleurs
Personne à qui se confier
C’est à devenir fou
je cours chez mon camarade de vin
Mon voisin
Il boit depuis dix jours
Et son lit est vide !

PCA 79 DF

Au début du printemps
Une bonne pluie
Réveille la vie
Furtive dans la nuit
Sur les ailes du vent
Elle arrose discrètement la terre
Les sentiers herbeux se perdent
Dans le gris profond des nuages
Sur le fleuve clignote la seule lueur pâle d’un fanal
A l’aube les fleurs mouillées font la révérence
Devant l’éclat rougeoyant du soleil