Hommage à la comtesse

La comtesse de Die au XII° siècle a exprimé une belle sensualité féminine. Il me semble normal de lui rendre hommage à ma façon que j’espère proche d’elle :

Belle ou vilaine peu importe
Il m’arrive d’être en folie
Au lit comme toute vêtue
C’est ainsi que je fus
Pour un chevalier que j’ai eu
Comme je voudrais tenir
Mon chevalier dans mes bras nus
Je ferais coussin de mes hanches
Qu’il le sache et qu’il promette
De faire tout ce que je voudrais

La tasse de café

« Apporte moi une tasse de café ». Cette simple phrase prend une sinistre tournure quand une petite personne, pourvue d’un peu de pouvoir, l’exhibe aux dépens d’une secrétaire ou d’un jeune collègue. Elle dénote une certaine bassesse dans la conception même du pouvoir. De Gaulle avait une haute idée du pouvoir et de son propre rôle, il avait le droit de demander une tasse de café, de plus avec politesse. Il parait qu’un membre du cabinet de Hollande a osé demander à un policier en service de lui apporter un petit pain au chocolat. Il n’a pas été désavoué. Bassesse toujours !

Hommes

Pour moi les femmes sont des hommes comme les autres. Certes avec de jolies spécificités. Néanmoins les femmes sont des hommes. Je leur demande donc les mêmes qualités, d’autant plus qu’elles les ont déjà. Ténacité et intelligence. Beaucoup de femmes m’ont déçu. Beaucoup d’hommes de sexe masculin aussi. J’ai gardé ma position. Je ne suis pas opposé à l’ultra-féminité, je ne l’ai guère pratiquée. Une partie de ma culture vient, aujourd’hui encore, de la presse féminine. Petit, c’était « le petit écho de la mode », grâce à ma mère, actuellement c’est « Elle », grâce à ma femme. Je suis très attiré par les femmes, particulièrement au cinéma. Elles doivent bien avoir quelque chose de spécial, leur personnalité, mais aussi leur beauté. Les hommes de sexe féminin sont plus beaux que les hommes de sexe masculin. Ces derniers peuvent toujours bomber le torse, rien ne vaut des seins. Pour moi l’humanité est faite d’un seul sexe divisé en deux. Je ne sais pas trop ce que cela veut dire. Toujours est-il que je suis très attiré par la partie que je ne suis pas. Ceci dit, je maintiens ma position. Les femmes sont des hommes comme les autres 🙂

Haine

Tu as la haine ? Conserve la précieusement. Crée un coffre-fort spécial pour y enfermer tes haines, tes motifs de haine. Visite le quand tu veux. Ne ressasse pas trop cependant. La haine est facilement mauvaise conseillère. Es tu bien sûr au moins d’avoir raison de haïr ? Peut-être vaudrait-il mieux que tu te raisonnes un peu. Méfie-toi particulièrement de la haine méprisante.
Pour Héraclite et Empédocle la haine est essentielle dans l’univers. Je traduis : elle est belle, nécessaire, sacrée. Entretiens ce qui te reste de haine, de haine factuelle, transforme la en un diamant noir que tu conserves précieusement dans ton coffre-fort spécial. Il vaut mieux que tu ne la montres pas, que ce soit ton secret. Domine la. Ne te laisse jamais dominer par la haine, si justifiée soit-elle.
La haine est un bon plat qui se mange très bien froid. La vengeance est généralement inutile, voire nuisible. Elle est indigeste. Le mieux le plus souvent est de chérir tranquillement sa haine dans son coin, à l’abri des regards indiscrets.
La haine n’est pas haïssable. La vengeance est le plus souvent à proscrire. Selon une sagesse séculaire, vengeance n’est pas justice.

Fleurs

Combien de fleurs de l’amitié j’ai vues se faner en quelques heures, en quelques journées, moi qui suis plutôt un homme de constance, de continuité ? On ne peut certes retenir le monde entier. J’étais déjà sur l’autre rive de la destinée. D’autres rencontres ont tué les anciennes pour durer aussi peu qu’elles. Je garde la nostalgie des amitiés perdues, gaspillées à jamais. La vie continue un peu solitaire, moins ouverte, bonne à vivre tout de même. Que sont mes amis devenus ? La plupart sont morts, sont H.S., sont ailleurs. Mais était-ce de véritables amitiés ? Je n’en sais rien, j’en doute un peu. Comme disait La Fontaine : « Un véritable ami est une chose rare ». Mais qu’elles sont belles les fleurs de l’amitié ! J’ai choisi l’amitié, c’est l’amitié qui me semble être le coeur de l’amour. Les plus belles fleurs pour moi durent une vie entière. Une condition cependant : il faut les arroser régulièrement. Il faut les soigner d’autant plus que ce sont des fleurs en pot, des fleurs de ville.

Hommage à Théodore de Banville

Théodore de Banville, XIX° siècle :

L’eau dormante des lacs bleus
Est le miroir des cieux
J’aime mieux les yeux de ma mie

Pour que l’ombre sourie
Un oiseau chante au bois
J’aime mieux la voix de ma mie

La rosée rompt le temps
La rose est un baiser
J’aime mieux les baisers de ma mie
O Gué
J’aime mieux les baisers de ma mie

Hommage à Maurice Maeterlinck

Maurice Maeterlinck ( extrême fin du XIX° siècle ) :

Mes vagues douleurs abolies
Donnent leur feuillage au coeur
Saules pleureurs
Nénuphars mornes
Mousses froides
Lianes molles
Un lys débile est rigide
Parmi les palmes lentes de mes désirs
En plus il est mystique

Hommage à Jehan Rictus

Jehan Rictus ( né Randon de Saint-Amand ), vers 1900 :

Du coup malgré leur chair de poule
Y s’jett’nt sur la porte en hurlant
A bas le mec équivoque
Ce pouilleux en loques
Qu’est c’quy fabriq’ les flics
Bibi y s’taill’en silence
Où vonty’ chercher
Egalité fraternité
Je pige que dalle
C’est le vin de l’esprit
M’a dit un bon pot’
Bof l’homme est un muffl’ par nature
Et la natur’ ell’ chang’jamais
Quand on a lu l’histoire
D’ceuss’ qu’ont voulu
Changer l’genr’humain
Carrément on les trait’ de poires
N’y a rien à foutre
C’est la vie
C’est l’existence
Bientôt la mort
N’y a p’us qu’à pleurer
Tout’les larm’de son corps

Jeu d’échecs

Je connais un curieux jeu d’échecs. En dehors de ses soixante quatre cases et de ses pièces officielles, le roi, qui doit vivre à tout prix, la reine, pièce la plus puissante, les deux tours, les deux fous ou évéques, les deux chevaux ou cavaliers ou éléphants, les pions disciplinés, ce jeu comporte une pièce fantôme, qui ressemble de loin à un caillou difforme. Quand elle apparait les deux adversaires font front pour la chasser. Elle disparait pour revenir un jour. Elle ressemble en fait à n’importe quoi, elle joue n’importe comment, elle n’a pas de nom. A cause d’elle, c’est tout le jeu qui devient fantomatique.

Gladys

Chère Gladys, tu sais que je t’aime beaucoup depuis notre enfance commune. Tu sais que j’apprécie ton franc parler, la façon presque abrupte dont tu abordes certains problèmes. Mais quelque chose que je déteste chez toi, quand la conversation s’anime un peu trop, c’est ta façon de renvoyer la balle quand tu dis : « Et toi ? ». Je t’interpelle directement sur toi, ta seule réponse est : »Et toi ? ». Ma pauvre réponse est qu’il ne s’agit pas de moi, mais seulement de toi. La conversation est généralement terminée.