Sable et mer

Rythmes morts lenteurs lourdes
Vertiges écrasés

Au son aigre des flutes
Le sable danse
Tournoyante blancheur
La mer se regarde immobile

La vie est criminelle au coeur de mon été
Les corps pourris se désespèrent

Noire splendeur tu consumes
La vertu verte des prairies
Où s’écroulent des mondes infimes
Affolés d’or par le soleil

Où sont les grottes perlières ?
Le baiser des statues de sel ?
Les caresses de la mer ?

Floraison des abîmes
Epanouie comme une femme
Vertiges lents sourdes frayeurs
La mort rode dans l’eau d’azur

Ramure morte
Au lointain défilent
Les mirages les doux et mortels mirages

Palmyre morte sous les sables
A-t-elle des arbres de la pluie ?

Je voudrais te tuer sombre vertu
Hélas les prairies de mon enfance ont disparu

La couleur de la mort

La mort grise ce soir m’a salué
Je suis bien contente de vous rencontrer
J’ai rougi mais j’ai osé
Pense à ta gloire fille d’été
Le gris sied-t-il à ton genre de beauté
L’autre m’a ri au nez
Je ne suis pas que moissonneuse
Je suis aussi la brouillardeuse
Je suis un rire et un rictus
Un pleur l’hiver une fleur l’été
Tu ne sais rien mon tout beau
J’ignore le préjugé loquace
Je suis tellement libre
Que j’en suis nécessaire
Je n’ai pas d’orgueil
Je me fous des gens
De ce qu’ils disent derrière mon dos
Devant moi ils font une si pauvre gueule
Sous mes falbalas
En toute saison je suis pareille
Chut c’est un mystère
Je suis telle qu’on me voit
Qu’on me préfère
Viens et sois heureux
la mort est bleue
J’ai sorti mon coeur pur palpitant
La mort était bleue
Elle m’a accueilli en ami
Je buvais tranquillement
Le lait de la mort
Les yeux d’or d’une fille
Me font tirer ma révérence
La mort pleura en me quittant
Elle m’avait cru si longtemps
Amant fidèle
Mais maintenant je vois
Elle n’a couleur de rien

Histoire / Philosophie

L’histoire est la philosophie d’aujourd’hui. Elle est la seule discipline scientifique à offrir un champ aussi large des expériences humaines, aidée de plus par l’éventail des sciences humaines, voire les sciences de la nature car l’histoire, c’est aussi celle des sciences. Certes peu d’historiens sont à la hauteur de l’Histoire, de sa diversité, de sa complexité.
La philosophie classique se fonde sur les sciences. La philosophie est la réflexion universelle sur le monde humain, une réflexion naturelle à tous les niveaux de l’expérience. Des expériences fructueuses ont été menées en maternelle. Tout petits encore, les enfants se posent des questions sur ce qu’ils font, sur ce qu’ils sont. La philosophie actuelle est davantage fondée sur l’expérience quotidienne.
Les grandes philosophies dogmatiques du passé sont toujours enseignées, elles ne sont plus à la mode. Du reste, l’histoire de la philosophie est une science qui établit avec précision les textes.
L’évasion philosophique court le risque d’être davantage fondée sur notre ignorance que sur notre savoir. La philosophie encourt le risque d’être en quelque sorte interstitielle. Certains des philosophes actuels sont des pitres ou des facétieux. C’est leur droit puisque la philosophie n’a pas de limites. Au sens le plus commun du terme bien peu de philosophes sont philosophes de même que bien peu de psychologues sont psychologues. L’histoire est l’héritière de la philosophie 🙂

Houdin

Encore môme, je lisais le journal « Tintin ». J’y ai découvert la biographie de Robert Houdin, le génial illusionniste du XIX° siècle, dont le nom a donné celui de Houdini, son disciple américain. Une réflexion de Houdin m’a frappé : les personnes de qualité se laissent séduire par la magie des tours. Les autres veulent à tout prix comprendre comment ça marche.
Je ne lui donne pas nécessairement raison.

Humanisme

L’une des fausses querelles suscitées par Louis Althusser a été celle de l’humanisme. Il fallait s’élever contre l’humanisme suspect d’idéalisme petit-bourgeois. On a même vu le comité central du parti communiste, réuni en séance plénière, condamner solennellement cette thèse althussérienne.
En fait notre problème est d’être humain parmi les humains. Voilà l’origine de tout humanisme, susceptible ensuite de prendre bien des formes différentes…

Hobbes

Je ne pense pas que l’être humain soit méchant par essence. Je le vois plutôt malléable, capable du meilleur comme du pire comme le proposait Jacques Chirac devant François Mitterrand au cours de la campagne électorale de 1988. Insistons cependant sur la méchanceté humaine, « l’homme un loup pour l’homme ». Que se passe-t-il alors ? Les caïds, les leaders de la méchanceté vont-ils s’entretuer ? Ils commencent par là, mais s’aperçoivent vite du danger. Ils concluent alors des accords de coexistence qui deviennent éventuellement de co-responsabilité. Nous avons là l’origine du Contrat Social selon Hobbes, le grand théoricien anglais du XVII° siècle.

Ishtar

J’adore les déesses-mères dont je n’ignore pas le côté terrible, particulièrement visible chez Kali, la parèdre* de Shiva en Inde. La déesse-mère n’est pas seulement la déesse de la vie, elle l’est aussi de la mort. Celle que je préfère, c’est Ishtar, la déesse native de la Mésopotamie antique. Mon ami Walter Skhéma a retrouvé autrefois ce poème qui serait d’Ishtar elle-même :

Viens mon amant
J’étais ruisseau
J’étais rivière
Tu fais de moi la mer
Qui te submerge
Viens mon amant
Je suis le feu de la terre
Je suis la pluie et le soleil
Je suis désir de ton soleil
Je suis attente de ta pluie
Viens mon amant
Je suis Ishtar retrouvée
Ma fertilité est nôtre
Je suis ta terre et tes moissons
Viens l’amant
Je suis la vie
Je suis offerte à ton sexe semeur
Je suis déjà tes enfants
Viens viens
Remue bien tes reins et ton sexe
Je remuerai bien les miens
Dansons l’amour
Notre danse nuptiale
Réjouira les dieux
Viens mon amant viens

* Parèdre désigne la parenté entre dieux

Le siècle des femmes

Le XXI° siècle sera le siècle des femmes. Leurs grandes capacités seront reconnues dans tous les pays. Elles seront enfin les égales des hommes dans tous les domaines. Elles seront plus universelles que jamais tout en gardant leurs qualités spécifiques de sensibilité et d’attention. Les hommes de sexe masculin pourront enfin profiter de tous les avantages qu’offrent beaucoup de femmes, beauté, sensualité, intelligence, ténacité. Ils seront enfin des hommes dignes de ce nom.
En dépit de tout ce qu’elles ont subi et subissent de la part des hommes de sexe masculin, la grande majorité des femmes les aiment. Elles ont pris garde de ne pas inventer la misandrie, l’équivalent contre les mâles de la misogynie. Qu’est-ce que ce sera quand les hommes seront enfin eux-mêmes ?
Les hommes n’ont rien à craindre du règne des femmes. Ils pourront enfin bavarder, c’est à dire parler des choses de la vie et pas seulement du football. Ils apprendront la démocratie et pas seulement à l’échelle familiale. Certes ils devront renoncer à leur lâcheté et à leur paresse, ne parlons pas de leur machisme, de leur misogynie. Leur lâcheté fréquente devant leurs responsabilités vitales, leur paresse devant les petits travaux de la vie.
Bien sûr, chacun gardera son droit à la différence, droit fondamental, trop rarement reconnu, que les femmes ont souvent réclamé pour elles-mêmes.
Pourrons-nous enfin voir la vie en rose ? Je compte sur les êtres humains pour tout compliquer.
N.B. : D’ores et déjà certaines me reprochent d’être trop optimiste pour les femmes de certains pays émergents.

Hétéro Clite est un idiot

Hétéro est censé être la partie consciente de mon subconscient. C’est déjà bizarre. Mais en plus il me vanne. Comme si ce n’était pas suffisant, il m’impose ce qu’il appelle ses proverbes. Le dernier à date : « Honni soit qui bien y pense ». J’ai envie de le baffer. Parfois, rarement, il flirte avec le non-sens. Par exemple : « Je me couche avec les poulpes, je me lève avec les poux ». Comme je lui fais remarquer que cela ne veut rien dire, il me répond que je suis un crétin, qui ne comprend rien à rien. Aujourd’hui il me répète à satiété : « Sans blague, tu blogues ? ». Excédé, je vais prendre un café au bistro d’à côté. Il me rejoint et me glisse un papier. Je lis : « Je suis pas sûr, je suis sur ». Je ne vous l’avais pas dit, Hétéro est un lettré. Il fait même des plaisanteries en latin. Exemple : « Bis repetita non placent ». Et il rit, et il rigole. Je vous traduis : « Les choses répétées deux fois ne plaisent pas », alors que l’adage latin originel dit que les choses répétées deux fois plaisent ! Hétéro, lui, il se répète cent fois, mille fois ! C’est l’esprit de répétition incarné. Je rentre chez moi. Hétéro me suit comme mon ombre. Il me susurre : « Tu es ce que tu manges ». Cette fois j’en ai marre. Je réussis à lui claquer la porte au nez. Je l’entends s’exclamer en éternuant : « Tous les fleuves vont à la mer… parce que la définition des fleuves est… : « Cours d’eau qui se jettent dans la mer ».

Passé Présent

Une grande partie de notre passé est morte pour toujours. Ni les études, ni le tourisme ne le ressuscitent vraiment. Le passé est généralement de l’ordre du révolu d’autant plus qu’il convient de se méfier des illusions rétrospectives. Nos ancêtres ne sont pas les Gaulois.
Une bonne part de notre passé est plus vivante que jamais. Nous continuons à marcher, à courir, certains font même du cheval. Notre espèce continue à chasser, à cueillir, à labourer, à élever des animaux divers. Qui en France n’a pas cueilli des mures sur le bord du chemin ? La France est le pays où l’on élève le plus de bêtes par tête d’habitant, en particulier les animaux dits de compagnie.
Le progrès consiste à nous ajouter des activités nouvelles. On va dans l’espace, quelques-uns du moins. Mais je parle pour l’espèce. Des millions se déplacent en jet. On continue à marcher.
N.B. : Certains pensent que, si les Français aiment tant les animaux, c’est qu’ils se détestent.