A la suite des mises en examen de militants de l’Association Ultime Liberté, quatre féministes des années 70 (Régine Dhoquois,Jacqueline Feldman, Liliane Kandel et Annie Sugier), ont rédigé le texte qui suit.
Pour le moment, il n’a pas été publié.
Nous sommes dans un moment de l’histoire où des milliers de personnes sont mortes dans des conditions indignes à cause de la COVID, dans les EHPAD ou faute de soins appropriés. Un moment où le Portugal est le 6ième pays d’Europe à autoriser l’euthanasie ou le suicide assisté. En France, où l’opinion est massivement favorable à une telle loi, c’est la répression qui prime.
En effet, c’est dans ce moment que nous apprenons la mise en examen de douze membres de l’Association ULTIME LIBERTE pour avoir permis à des personnes malades ou très âgées de décider librement du moment où la vie ne leur serait plus supportable. Ils les auraient informées sur la manière de se procurer du phénobarbital, substance utilisée notamment en Suisse ou en Belgique pour des suicides assistés. Pour cela, ils risquent jusqu’à trois ans de prison et 45000 euros d’amende.
Certaines d’entre nous sont membres de cette association, d’autres non, mais nous militons toutes pour une fin de vie digne, sans souffrances inutiles et sans dépendance.
L’ADMD et LE CHOIX ont choisi de se battre pour une nouvelle loi. Les militants d’ULTIME LIBERTE ont voulu aller plus loin et souhaité aider concrètement des personnes qui ne désirent pas continuer à vivre dans des conditions inhumaines.
Pour ce faire, ils ont enfreint la loi.
Dans les années 70, des militantes féministes, parmi lesquelles nombre d’entre nous, avaient également transgressé la loi. Les unes avaient publié le Manifeste des 343 femmes ayant avorté (Nouvel Observateur, 05/04/1971), d’autres (ou parfois les mêmes) ont accompagné des femmes désirant se faire avorter à l’étranger, certaines encore ont pratiqué des avortements clandestins, jusqu’à l’adoption de la loi Veil en 1975.
Dans les texte : » Choisir sa vie, Choisir sa mort » publié dans Libération le 1er novembre 2019, nous nous disions prêtes à enfreindre la loi pour finir notre vie dignement. Serons-nous, si rien ne change, acculées à le faire.
Le texte paru en 2019 avait été signé par 200 femmes, celui-ci a été signé pour le moment par une centaine de femmes.