Le fabuliste méconnu ( 107 )

Quand Gutenberg ouvrit
De ses mains brusquement tremblantes
Le premier livre imprimé grâce à lui une bible
Il eut un moment triomphal
Il imagina pour l’humanité un avenir radieux
Sans ignorance sans superstition
« Verité et vertu ne sont plus de vains mots »
Il avait pensé à haute voix
Un ouvrier l’a entendu
Qu’il n’avait pas jusqu’alors remarqué :
« Ta remarquable invention ne change rien à la nature humaine
Ce serait du reste impie
Sottise vanité passions crédulité
Continueront de régner
Et envahiront tes livres
Esprit de servitude et mépris du devoir
Despotisme et licence
Ignorance et faux savoir
Feront du livre la puissance et l’attrait
Ta bible elle-même sera bientôt
Contestée divisée »
Gutenberg ébranlé se retira
Pour méditer avec une chope de bière
Il finit par conclure :
« Dans tout ce que fait l’homme
Il y a du bon et du mauvais
Inextricablement mêlés
Il n’empêche mon invention
Aidera au progrès des connaissances humaines »