1790

Lors de la magnifique fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, le roi prêta serment sur la Constitution. Si le compromis politique, proposé par la Fayette, « le héros des deux mondes », l’avait emporté, la France aurait évité la Terreur, « l’ogre corse », une série de convulsions qui ne s’est terminée qu’en 1875, avec la Troisième République qui établissait un régime modéré, proche de l’esprit de 1790.

Dès 1790, des esprits aussi différents que l’anglo-irlandais Burke ou le jeune Robespierre avaient prévu que la poursuite de la Révolution entrainerait l’arrivée au pouvoir d’un général victorieux. Certes la constitution de l’époque reposait sur un scrutin censitaire favorable aux plus aisés, mais un long combat politique aurait suffi pour accéder au suffrage universel.

Alors ? Pas de République ? La monarchie britannique a souvent été plus républicaine que les républiques proclamées.

La politique est l’art du possible. Pour le meilleur ? Généralement pour le moins pire.

Pour Clemenceau la Révolution était un « bloc ». Certes, mais il est permis de nuancer, sinon on tombe dans un fatalisme historiciste.

Pour moi, qui ne suis pas à une contradiction près, je continue à soutenir Robespierre en 1792 et à voter la mort d’un roi que j’aime bien. Je suis tombé dans le même piège que Jean Renoir chargé par une souscription publique de réaliser un film pro-révolutionnaire et qui est tombé amoureux de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

Pour ma défense, je dirai que le mouvement d’une révolution  est impétueux, que chaque jour compte, d’où les fameuses « journées révolutionnaires ». 1792 était à des années lumière de 1789. S’adapter à l’une n’était pas la même chose que s’adapter à l’autre.