Logiques et légitimités

Comme des gamins, vous êtres perdus dans une forêt de légitimités. Quelques exemples :

L’être humain est un animal drogué. Depuis des millénaires, il a pratiqué avec talent la culture de la drogue. A chaque culture, sa drogue ou ses drogues. La Chine ancienne a eu l’opium, l’Occident européen a inventé au Moyen-Age l’alcool. Les Incas appréciaient le Koka. Si l’on veut étudier scientifiquement une société humaine, il faut aussi étudier ses drogues. Parmi lesquelles il convient de ne pas oublier ni Dieu et ses copains, les dieux, ni notre pharmacopée.

Ce n’est pas la sagesse des nations qui aide tellement. Elle propose aussi bien « Tel père, tel fils » que: « A père avare, fils prodigue », « Un bon tiens vaut mieux que deux tu l’auras » que « Tout vient à point à qui sait attendre », sans compter l’ambigu  » Pierre qui roule n’amasse pas mousse ». Elle ordonne : « Sois belle et tais-toi ». Elle ne dit pas : « Sois beau et parle ». Une variante issue de l’humour juif : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? ». Toi, tu sais bien que souvent tu préfères la simplicité, surtout quand on te presse.

Et Platon dans tout ça ? Le plus beau des philosophes ?! Peut-on être à la fois matérialiste et platonicien? N’oublions jamais que le matérialisme n’est qu’une idée qui ne nous dit rien de ce qu’est la matière. Paradoxalement le matérialisme est idéaliste.

Qu’y-a-t-il de commun entre le concept de cafetière et celui d’âme? Le premier concerne une réalité très concrète, le second une hypothèse éthérée, mais parfois nécessaire au détour d’un raisonnement complexe. Le premier est plutôt de type aristotélicien, le second de type platonicien.

Je me prends parfois pour un esprit volant au dessus des flots. Je suis alors platonicien.

N’hésite même pas à être platonique, ne fonce pas tête baissée dans la matière, dans la chair, garde un minimum de place à l’idée et à l’idéal. N’oublie jamais que tout passe par le cerveau, tout, y compris ta sexualité.

Ne nie aucune de tes appartenances. Tu es toi. Du moins tu le crois. Tu as une famille, probablement. Tu appartiens peut-être à un clan, voire à une tribu. Tu as une nationalité. Fais en sorte d’harmoniser toutes les instances qui constituent ton intéressante personnalité, y compris l’Humanité.

Pour dire les choses autrement, nous sommes pris, à l’instar de Pascal, entre trois niveaux de réalité. Le premier est celui des grandeurs d’établissement, de la vie sociale normale, de la concurrence et de la hiérarchie. Tu  y participes nécessairement.  Souvent, tu t’y laisses absorber. Le deuxième, rare, est celui de la Raison. Le troisième est celui du Coeur  qui commence là où s’arrête apparemment le rationnel. Dans ton for intérieur, tu y as peut-être accès.

L’Humanité  te donne accès à quelques principes universels du genre : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il te fasse », mais aussi : « Fais à autrui ce que tu veux qu’il te fasse ».

Notre liberté est un sac de noeuds. Les uns sont dénouables, d’autres tranchables comme le noeud gordien, les derniers sont inextricables.