Ma chère paresse

Je suis né paresseux. Tout se passe comme si j’étais né paresseux. Mon père disait que je suis né avec un poil dans la main.

Actuellement la personne qui souffre de cette paresse est ma femme Régine. Certes je fais le café,  j’achète et je prépare les surgelés… Il reste que Régine est la maîtresse du linge.

Cette paresse s’étend à tous les domaines. Mon père avait cette formule heureuse : « Il comprend vite, mais il faut lui expliquer longtemps ».

Cette caractéristique fondamentale de ma petite personnalité explique que j’aie choisi la rapidité de l’abstraction conceptuelle plutôt que l’admirable travail concret sur la diversité du réel. Par exemple 90% de nos connaissances historiques dépendent du travail des historiens que j’appelle historisants.

Il reste qu’à un moment apparait la nécessité de la théorie, tout aussi scientifique, qui rassemble et unifie, donne sens.

Je voudrais donner un exemple historique. Pendant plus de deux mille ans, les Chinois ont collecté avec patience les données astronomiques. Rien de tel en Occident. Par contre les Occidentaux ont proposé des  hypothèses de plus en plus audacieuses sur la mécanique céleste. Avaient-ils tort ?

Pourquoi la science historique échapperait-elle à la règle générale des sciences : constituer un vaste éventail du concret parfois le plus infime à l’abstrait le plus général ? Pour nuancer, rappelons-nous la formule de Lénine : « remontons vers le concret ».