Les libertariens sont le contraire de libertaires. Dogmatiques de l’extrême-droite américaine, ils poussent quasiment à l’absurde la logique de l’économie politique classique : la liberté ne provient que de la confrontation des libres individus. Le minimum d’Etat est suffisant pour assurer les irréductibles fonctions de police. L’ordre moral, intériorisé par les citoyens, est indispensable.
Cette pensée particulièrement systématique a l’intérêt de montrer les limites d’un système. Elles sont jusqu’au-boutistes d’une liberté confondue avec la bonne-volonté. Dès qu’on se rapproche du réel et de ses contradictions, il convient de mettre de l’eau dans son vin. Les libertariens n’ont jamais rencontré la forte pensée de Lamennais : « Entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».
L’intéressante réflexion des libertariens est plate. Elle ignore nos tragédies historiques, nos conflits de logiques et de légitimités. Beaucoup de philosophies et de théories partagent cette caractéristique essentielle. N’y-aurait-il de pensée véritable que de l’Histoire ?