Superstition

La conscience est un phénomène double d’un genre unique, à la fois action et savoir de cette action. Elle s’applique à des phénomènes si complexes et compliqués qu’elle ne peut que devenir superstition.
Elle dépend tellement d’une mémoire défaillante, elle est tellement dépassée par la multiplicité du monde qu’elle s’accroche à des détails qu’elle croit significatifs alors qu’ils sont pratiquement dépourvus de sens. Souvent elle tombe sur eux par hasard.
Elle peut se perdre dans ces détails dont certains deviennent religieux, comble du superstitieux. Aucune religion n’est digne du Dieu unique parce qu’il lui faut à tout prix le ritualiser, le symboliser. Faiblesse humaine certes, mais universelle.
Le plus platonicien des esprits sait que l’idée de cercle existe en dehors de tout cercle réel, mais il ne réfléchira que sur des cercles concrétisés matériellement. Souvent le symbole l’emporte sur la réalité. Les Aztèques connaissaient le cercle et ignoraient la roue.
L’être humain est un animal superstitieux. Sa vie est un combat sans fin contre tout, pour-contre-dans la superstition. Vive la superstition, Bon Dieu !, à condition de la limiter, encore et encore ! La vie est un combat sans fin.