Bonheur

Le bonheur est pour moi comme la nappe phréatique de nos vies, comme la basse en musique, comme le bruit fondamental de l’univers … Le bonheur pour moi n’est pas du tout végétatif. Il est très vivant, c’est dire qu’il est parcouru de multiples contradictions. A la fin de la Tempête de Shakespeare, c’est à ce sort que j’ai condamné son héroïne, Miranda, dans mon ouvrage, « Histoire de la Pensée historique », un bonheur traversé de mille ennuis. Ils sont si nombreux, surgis de la vie quotidienne, que le bonheur devient invisible. Il ne réapparait parfois qu’à l’occasion d’une catastrophe.
Le bonheur ne va pas de soi, il n’est pas donné, il faut le vouloir, le construire, en avoir une idée. Toute grande philosophie me parait être une école du bonheur, un eudémonisme. Si elle ne l’est pas, ce n’est pas une grande philosophie.
Il est bon d’aider le bonheur. Les menus plaisirs sont bien utiles. Mais chacun a droit à sa conception personnelle du bonheur et surtout à sa pratique. Pour moi le plaisir est important à condition de ne pas s’opposer aux disciplines nécessaires, dont celles du plaisir lui-même. Le plaisir, c’est peut-être surtout le sourire et le rire. :)=:-)
La joie est ce qu’il y a de plus mystérieux, de plus excitant. Elle est dans l’instant comme le plaisir, mais elle a la profondeur du bonheur. On la ressent parfois après l’amour. Elle surgit quelquefois de nulle part pour disparaître bien vite. Cette intuition ne se commande pas. Elle est toutefois impossible sans le sens du bonheur.