Le rôle des forts est largement surestimé, par exemple celui des conquérants. Le rôle des « faibles » est pourtant fondamental. Dans l’Histoire biologique, pré-humaine, citons ce poisson qui, il y a près de quatre cent millions d’années, s’est aventuré sur la terre ferme. C’était pour fuir ses prédateurs. Il est à l’origine de tous les tétrapodes terrestres, y compris les humains. Les grandes émigrations qui ont permis à nos ancêtres hominiens de quitter l’Afrique, il y a quelque centaines de milliers d’années, n’ont pas eu de grand chef. Il était nécessaire de ne pas vivre dans des groupes trop nombreux à un faible niveau technique. Quand vous regardez de vastes paysages créés depuis longtemps par l’homme, vous n’en connaissez pas l’auteur. Il existe des créations collectives. Qui, vers dix mille avant le Christ, a initié l’agriculture au Proche-orient ? Sans doute les femmes, spécialistes de la cueillette dans le monde des chasseurs-cueilleurs. Qui enfin a inventé la roue ?