Progrès

A l’issue de l’an 2000, une enquête d’opinion montrait que les intellectuels dans leur ensemble ne croient pas au Progrès, sauf un, Yves Coppens qui, en tant que paléontologue, était bien obligé de constater de gigantesques « progrès » depuis la petite Lucy, du haut de ses 110 centimètres, il y a plus de trois millions d’années. La bipédie s’est affirmée, le cerveau s’est beaucoup développé, les mains ont manipulé de plus en plus d’outils jusqu’à l’invention de l’ordinateur portable.
Mais on ne peut confondre les progrès avec le Progrès. Depuis quand y-a-t il eu un Progrès indéniable ? Avec l’invention des l’écriture, des villes, de l’Etat ? Dans certaines régions, à la fin du IV° millénaire avant le Christ et surtout au III°, en Egypte, en Mésopotamie, en Chine ? Oui, mais ensuite ?
Avec l’esclavage grec et romain, avec le servage occidental et japonais ? Peut-être. Plus sûrement avec le capitalisme, devenu mondial vers la fin du XIX° siècle sous la forme de l’impérialisme qui dure encore et de plus en plus. Après les formes d’exploitation pré-capitalistes ( la « servitude généralisée » de type « asiatique », l’esclavage, le servage), le salariat s’est imposé et généralisé.
La force extrême du capitalisme est qu’il utilise au nom de l’argent, des rapports monétaires, de l’enrichissement, l’ensemble des qualités humaines, les meilleures et les pires, l’esprit et le vice. Il fait feu de tout bois.
Pour l’instant le capitalisme est notre système. Il est impossible d’en sortir vers le haut, vers une société meilleure. Même les crises en série, les effondrements divers ne nous feraient pas sortir du système. Nos mafias sont capitalistes de façon violente, archaïque, clanique, patriarcale et pourtant innovante.
Sortir vers le haut du système capitaliste signifierait le socialisme, société humaine fondée sur les vertus humaines et non un mélange inextricable de vices et de vertus, de positif et de négatif. Pour le moment le socialisme est impossible. Lui seul serait le Progrès.