Tu es une apparence parmi les apparences. Tu as souvent le sentiment de ne pas dominer ton destin. Tu exprimes le souhait légitime de dépasser ces apparences et même de les traverser. Tu te retrouves de l’autre côté. Tu vois l’envers du décor, tu vois aussi des échafaudages, des sacs, des tas, des décombres, des gravats… Tu entends des bruits suspects, tu sens mauvais… Tu crains les fantômes issus de ta méchante mémoire… Auras-tu la force d’aller plus loin, d’aborder les rives d’Héraclite ou d’autres penseurs, issus de nombreuses nations, et de comprendre enfin que les apparences ne sont que ce qu’elles sont et que tu n’as qu’elles ?
Le cosmos est logique, mais toi, l’es-tu ?
Portant après ta traversée des apparences, tu te sens mieux, tu titubes moins, tu peux enfin aimer, tu te donnes peut-être définitivement le droit d’exister.
Tu ne redeviens pas un enfant, tu respectes l’enfance. Tu n’es pas puéril, il est possible que tu sois un homme neuf.
La naïveté n’est pas ce que tu crois de prime abord. Elle signifie état natif, état naissant. Elle retrouve les premiers émois du monde, leur donne sens. La nouvelle naïveté est renaissance, peut-être résurrection. Elle est un nouveau printemps.